22 juin 2012
Supplique aux crédules bien intentionnés, avec toute mon affection et avec Hoaxbuster
Chers amis, collègues, cousins (surtout les cousins) qui m'envoyez régulièrement des mails à effet voulu « boule de neige » pour
- me prévenir de l'arrivée d'un virus informatique pourtant éradiqué dès avant l'époque de la Peste noire,
- me demander d'élever mes protestations contre l'écrasement d'une malheureuse bénévole sous un char israélien (il y a x années, hélas), ou contre une sale coutume irakienne consistant à déposer des bagnoles sur des petits enfants (selon une vidéo bidonnée, comme s'il ne s'était pas passé assez d'horreurs dans le pays),
- ou, dernier en date, pour que je réclame à grands cris la sortie en salle d'un film anti-pesticides, alors qu'il est apparu sur les écrans en 2008...
Eh bien, à vous tous, je recommande instamment non pas d'utiliser un peu plus votre jugeote (c'est superflu puisque vous êtes mes amis, mes collègues et surtout, mes cousins, bon sang de bois qui ne saurait mentir), mais d'aller faire un tour sur un site Web indispensable, le pourfendeur de pièges à gogos par excellence :
Ah, et puis, pour ceux qui en ont déjà vaguement entendu parler, arrêtez d'affirmer que hoax, c'est un canular. C'est pas un canular. Un canular, c'est parfois marrant. Un hoax, c'est un gros BOBARD.
Un bobard de ce genre, ça ne fait marrer personne. Ça ne fait que nuire aux justes causes que vous pensez défendre d'un clic.
19:24 Publié dans Coups de bec, Coups de griffe | Commentaires (1) | Lien permanent
Mots de travers (8) - Bip sonore
Un bip, oui, mais un bip... sonore !
Ça ne vous a jamais paru bizarre, à vous, qu'on vous demande de laisser un message « après le bip sonore » ? Ah bon, c'est ce que vous dites vous-mêmes sur votre boîte vocale ? [regard affligé en direction des Lecteurs, assorti d'un soupir]
Faut-il en déduire qu'il y a des bips pas sonores ? Étouffés, dans certains contextes, assurément. Mais des bips pas sonores...
Et que font du bip sonore nos amis traducteurs étrangers, quand ils doivent transférer la chose dans leur propre langue ?
Sans parler des extraterrestres qui, en vacances chez nous, doivent quand même être épatés par notre technologie à hertz (ou à décibels ?) portés au carré. De quoi s'en prendre plein les antennes.
J'ai encore vu l'expression l'autre jour, dans un film sous-titré pour les sourds et malentendants. (Non, chers amis sourds ou malentendants, malgré cet enchaînement, je ne vous assimile pas à des Martiens. Et, oui, ça m'intéresse de regarder les sous-titres qui vous sont destinés, même sans en avoir encore tout à fait besoin.) Cette redondance vous est-elle indispensable ou vous laisse-t-elle perplexe, comme moi ?
Par ailleurs, s'il y a des bips sonores, il y a forcément des drelin-drelin, des ouiiiiiin, des bling cling sonores ? Je me disais bien qu'ils faisaient du bruit.
Lecteur qui n'a vraiment rien de mieux à faire que de me lire et de m'éclairer, ton avis sur ce curieux phénomène acoustico-linguistique m'intéresse. Laisse un message après le... euh, non, je n'ai rien dit. Mais au bout du blog silencieux, tu peux !
18:20 Publié dans La chronique de Vocale Hubert, Mots de travers | Commentaires (2) | Lien permanent
20 juin 2012
Mot appris (11) - Paragrêle + Marie, mon ciel (13)
Salut.
Moi, c'est Supercostaud Cumulus.
Paraît que je dois vous apprendre un mot. Ouais, on est d'accord, c'est n'importe quoi.
D'autant plus que ce mot-là, moi, mon idéal, c'est de le ravager, de le mettre en lambeaux, de le réduire en charpie.
Y mettent ça sur les arbres fruitiers de leurs plantations (ouais, pour les ignares qui ne franchissent jamais le Périf, les plantations, ce n'est pas que sous les tropiques et pas que pour les bananiers). Ça s'appelle « un filet paragrêle ». J'en connais une qui a lu ça dans la presse locale et qui ne s'en remet pas, parce qu'elle croyait qu'on disait plutôt
« antigrêle ». Vous avez vu, le genre de préoccupations ? Observées d'ici, carrément ras-de-terrestres. Et oiseuses, parce qu'on trouve l'un et l'autre. Alors, on va pas tortiller d'la nuée pour pleuvoir droit, hein ?
M'en fous, d'leurs filets. J'adore m'abattre aussi sur leurs jardins en forme de mouchoir de poche, leurs potagers amoureusement cultivés, me faire une razzia de fraises innocentes, une bouillie de framboises en devenir, une purée de tomates à peine rougissantes. Et là, je travaille sans filet. Ah ah, je m'éclate ! Et puis, je bousille un peu leurs bagnoles aussi, les jours de grande forme.
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Comme déjà trop souvent, L'Autre Jour décline toute responsabilité quant au langage et aux propos tenus ici par des créatures animales ou végétales, par des objets, voire par des formations atmosphériques (oui, on aura tout vu - désolée).
Je précise cependant que sauf mention contraire, c'est moi qui les ai pris en photo et qu'il en va de même dans tous les articles de ce blog. Oui, je sais, pas de quoi pavoiser.
22:50 Publié dans La chronique de Vocale Hubert, Mots appris, Volem rien foutre al païs (c) | Commentaires (2) | Lien permanent
Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (2) - Éviter les "lu, écrit, parlé" dans son CV
Jeune Papoose, Brave Padawan, Petit Scarabée,
Jeune Collègue inexpérimenté,
Dans ton CV, en face des langues que tu es censé traduire, n'écris pas
« Lu, écrit, parlé ».
Tu vois un mécano automobile, un toubib ou une avocate indiquer sur leur CV (si tant est qu'ils en aient un - et pas mal de traducteurs ou d'interprètes contestent la nécessité d'en produire un eux-mêmes)
« Fortiche en dépannage de bagnoles », « Excellent niveau en médecine » ou « Connais le droit sur le bout des doigts » ?
Ne mets pas les doigts dans la prise électrique, non plus.
20:54 Publié dans Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté | Commentaires (0) | Lien permanent
09 juin 2012
Mots de travers (7) - Événement
Je m’apprête à rendre la traduction d’un livre. Comme souvent, un certain mot y apparaît à plusieurs reprises, car il est d'emploi très courant. Je sais que le correcteur va en rectifier l’orthographe. Je laisserai faire sans pinailler, car de deux choses l’une. Soit le correcteur fait partie de ceux qui m’apprennent beaucoup à chaque révision d’ouvrage, ce dont je lui suis infiniment reconnaissante, et je préfère discuter avec lui de points plus délicats. Soit il est de ces massacreurs-de-boulot-des-autres, comme il en sévit beaucoup trop parmi les professions qui interviennent après nous, les traducteurs, et j’aurai déjà fort à faire pour lui enseigner les rudiments de la langue française, si sa conception de son métier consiste à ajouter des fôtes là où il n’y en a pas. (Oui, Lecteur profane, certains correcteurs sont une des bêtes noires des traducteurs.)
Il n’empêche… Bien que sachant qu’un correcteur humain ou plus probablement automatique (mais pas pour autant au fait de l’orthographe telle qu’admise dans le dictionnaire) va passer derrière moi et modifier la situation, ou peut-être justement parce que je le sais, je persiste à écrire le mot en question tel qu’il se prononce et tel qu’il figure dans le dictionnaire.
Je sais bien que le français ne s'écrit pas forcément comme il se prononce, loin de là. Et que si on tentait de l'écrire comme il se prononce, on seré caréman ankikiné é dan de bô dra pour pa dir un tantiné dan le kk (ce qui n'a pas l'air de déranger les scripteurs de SMS, mais c'est une autre histoire).
Par ailleurs, loin de moi l’idée de râler parce que d’autres trouvent un charme, une poésie à écrire ce mot à l’autre manière admise par le dictionnaire. Ils en ont bien le droit. J’aimerais juste (parce que j’ai la flemme d’enquêter par moi-même) qu’ils me disent s’il y a une raison historique ou autre, justifiant cette orthographe qu’ils chérissent, à l’exclusion de celle qui a ma préférence. Je serais même ravie qu’ils éclairent ma lanterne, quitte à me faire changer d'avis s'ils ont des arguments assez séduisants à m'offrir. À moins qu’il n’y ait qu’un méchant élitisme* pour expliquer ce choix, cet élitisme qui vous convainc que vous êtes du bon bord, que vous faites partie de la coterie de ceux qui savent, par rapport à l'infâme plèbe inculte ? Et que vous ayez trop peur qu’à l’écrire tel qu’on l’entend, vous passiez vous-même pour un béotien aux yeux des pisse-froid qui n’ont que trois mots de vocabulaire et trois règles d’orthographe pour croire connaître (et aimer ?) le français, et qui trouvent leur valeur dans la supposée ignorance des autres ?
Je suis sûre que parmi les tenants de l'orthographe prisée de cette élite, beaucoup n'ont seulement jamais eu l'idée de regarder comment ce mot s'écrivait dans le dico. Ben oui, on (des profs ?) leur a dit que ça s'écrivait comme ça, alors forcément, ça s'écrit comme ça.
Quoiqu’il en soit, votre « événement », moi, je n’arrive pas à l’écrire et encore moins à le prononcer, pas plus que les « hormônes » des scientifiques.
Alors, puisque ici, je suis chez moi, dans MON blog, où aucun censeur ne viendra trafiquer mon choix – choix tout ce qui est de plus conforme au dictionnaire, rappelons-le –, eh bien, j’en profite et m'en donne à cœur joie :
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Nananéééééééééééreu. Euh... non, décidément imprononçable.
Nanèèèèèèèèèèèèèèèèreu !!
Ah, on se sent mieux, après ça.
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* Digression :
Vous avez remarqué que les tenants de l'élitisme se placent toujours, quoique de manière non avouée, parmi l'élite ? Pourtant, en cas d'avènement (mais non, je ne l'ai pas fait exprès) de leur idéal, qui dit qu'ils y seraient admis, parmi l'élite ?
22:49 Publié dans Coups de griffe, La chronique de Vocale Hubert, Mots de travers | Commentaires (3) | Lien permanent
07 juin 2012
Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (9) Pour une poignée de caouètes ?
Reçu à l'instant un gentil message d'une agence de traduction située dans l'Union européenne. Depuis des années, elle me relance, comme elle relance de nombreux autres traducteurs, je présume. Notamment pour m'inclure, comme eux, dans ses dossiers de candidature à appels d'offres. L'ennui est que, malgré mes demandes répétées, il n'y a jamais moyen de savoir pour quel tarif elle voudrait travailler avec moi.
Enfin, jusqu'à ce matin. Elle vient de m'écrire pour la nième fois, en me proposant un nième test. Et vlatipa que le test serait (grassement ?) rémunéré !
Un extrait de son message (en noir) et ma réponse immédiate (en bleu, ça va de soi), imbriqués l'un dans l'autre selon mon habitude :
Dear XXX,
adapting your rate to 0.075 Euro/word?
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Pour les non-anglophones ou non-anglicistes :
la dame me propose d'« adapter » mon tarif car selon ses termes,
il est « légèrement » au-dessus de leur prix habituel – tu m'étonnes.
Je refuse en l'aiguillant vers No Peanuts For Translators.
Voili-voilà.
1. J'aime pas les demi-centimes, c'est vulgaire.
2. En fait, j'adore les caouètes. Mais à tel point que ma conso exige une rémunération correcte.
11:17 Publié dans À travers mots, Coups de griffe, Je traduis, tu traduis... | Commentaires (2) | Lien permanent