22 mars 2012
Le traducteur traduit (1) - « En bibli »
Ce billet débute un petit précis de traduction du langage du traducteur. En effet, même si son jargon reste plus limité (en fait, je n’ai pas beaucoup d'autres idées d'articles sur ce thème) et plus accessible que celui d'autres professions, il peut dérouter. En outre, le traducteur, maître en détection des implicites, en sème parfois dans son propre verbiage. Pure déformation professionnelle.
Exemple :
Après une brève absence, le traducteur rappelle un donneur d'ouvrage, qui l’a cherché en vain par mail (ou au téléphone, dans le cas où le traducteur est l’ultime spécimen de la profession à ne pas avoir de portable, c’est-à-dire moi).
Texte source :
« Ah, scuse-moi [oui, certains donneurs d’ouvrage et traducteurs se tutoient, surtout sur ce blog], j’étais en bibli. »
Implicite, que le donneur d’ouvrage est censé percevoir, avec lourd sentiment de culpabilité à la clé :
« …En bibli, et pas la petite municipale du coin, non, une spécialisée, à l’autre bout de la ville. Je faisais des recherches pointues pour vérifier une citation de Proust, utilisée avec un remarquable à-propos par le gourou du management auteur de ton bouquin, mais qui s’est révélée apocryphe une fois que j’ai tout relu la Pléiade/un terme inexistant, inventé par l’analphabète qui a réalisé la transcription de ton docu sur la version philippine tribale du base-ball/une formule chimique complexe à base d’oxygène et d’hydrogène, pour m’assurer du choix pertinent d’un ingrédient liquide entrant dans ton livre de recettes. »
Autre implicite culpabilisant :
« À force de consulter des bouquins, j’ai un torticolis et je n’ai plus les yeux en face des trous. »
Autre implicite, à la fois culpabilisant et auto-promoteur :
« Comme tu vois, je ne me contente pas d’une superficielle farfouille en Wikipadie pour surmonter les multiples difficultés posées par ton bouquin/ton docu. Je suis un(e) vrai(e) pro, moi. »
Autre implicite, simplement auto-promoteur :
« La plupart des collègues n’en feraient pas autant. Tu ignores ta chance et les contresens monstrueux auxquels tu échappes en faisant appel à mes services. »
Traduire :
« J’étais à la bibli (du coin), parce que ma came, c’est les livres. J’en ai un besoin vital non seulement pour le boulot, mais aussi pour moi. J’en profite pour emprunter également CD et DVD. Et très accessoirement, je dévalisais les commerces de bouche de mon quartier, parce qu’il faut bien renouveler sa force de travail et que j’ai pas de cantine, moa. »
Chers Collègues, sans dévoiler tous nos infâmes secrets ni nous griller auprès de ceux qui nous nourrissent, n’hésitez pas à déposer ici quelques autres exemples de langage typiquement traducteur.
Avec leur traduction, bien sûr.
19:43 Publié dans Le traducteur traduit | Commentaires (0) | Lien permanent
19 mars 2012
Mots appris (6) - Agelaste
« Agelaste », c’est un mot de Rabelais désignant quelqu’un qui ne sait pas rire.
De Rabelais, j’avais bien retenu « rataconniculer », mais pas « agelaste ». Est-ce « agelaste » ou « agélaste » ? Où se trouve-t-il dans l'œuvre ? Sais pas. Il faudrait que je farfouille. Si un Lecteur peut nous renseigner, merci à lui ! J'espère que ce n'est pas une fausseté de plus en circulation sur le Net, qui attribue tout et n'importe quoi aux grands auteurs, et notamment des citations apocryphes, sans indiquer la source exacte, bien entendu.*
Je viens d’apprendre « agelaste » grâce à de jeunes comédiens qui font des lectures au bistrot du coin. Cette fois, le sujet était casse-gueule : le rire. Il s’en sont très bien sortis, avec le soutien actif de Charlie Chaplin et de Boby Lapointe, entre autres comparses.
Sont chouettes, ces soirées lectures, qui ne coûtent qu'une conso et quelques pièces (ou plus si grande affinité). J’y avais entendu des passages joliment interprétés du magnifique Soie, d’Alessandro Baricco (Gallimard, traduit de l'italien par Françoise Brun). La quatrième saison s'achève bientôt, mais je parie qu'il y en aura une cinquième (et plus si...).
Je sais, Multitudes de Lecteurs, vous êtes disséminés dans l’immensité intergalactique et la Pelouse, c’est pas la porte à côté. Pas d'excuse : un coup de téléportation devrait suffire à vous faire débarquer un lundi soir, là.
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* Digression
C'est ainsi qu'on trouve, dans les livres qu'on traduit, de profondes pensées attribuées à Bouddha, Montaigne ou Gandhi, par exemple. En cherchant, on s'aperçoit qu'elles ont été pondues par un obscur gourou (généralement états-unien et contemporain - dans les cas limite, l'auteur du livre en question lui-même). Mais en exergue, son nom ferait quand même moins chic que celui de Bouddha, Montaigne ou Gandhi.
Un peu plus tard...
Tiens, j'en ai encore croisé deux en moins de 10 minutes. Je sens que j'aurai bientôt une compilation suffisante pour consacrer un billet aux citations faussement attribuées.
18 mars 2012
Les hammeçonneurs sont des comiques...
...qui s'ignorent.
L'autre jour, j'ai reçu ce qui suit. Je précise que je suis abonnée AOL et que le message provenait d'une adresse du genre service.alertes.bidon avec extension @gmail. J'ai préservé l'orthographe (les expéditeurs, moins, surtout sur la fin - Faut dire, ces garnements doivent faire ça tard le soir à l'insu de leurs parents au lieu d'aller se coucher, alors ils peuvent bien avoir un petit coup de barre.).
« Cher Membre
En raison des congestions au niveau des utilisateurs des adresses de messagerie. L'équipe Windows Maintenance procède à la suppression de toutes les adresses de messagerie AOL inutilisées pour créer plus d'espace pour les nouvelles adresses. Pour éviter que votre adresse de messagerie fasse partie de la suppression et pour quel soit pirater car nous luttons contre la piraterie de notre clientèles, vous devrez mettre à jour les informations ci-dessous afin de pouvoir répertorier votre adresse de messagerie et pour votre sécurité. Pour se faire, vous devez cliquer sur répondre en retour à ce message, puis vous remplissez les informations ci-dessous. Et surtout ne tenez pas conte du mail car ses la même maison maire. »
Suivait un questionnaire avec demande du mot de passe incorporé, bien entendu. Et cette mention : « NB: Tout refus de coopération sous un délai de 72h verra la suppression systématique de votre adresse de messagerie pour des raisons de sécurité. »
Allez, au pieu, les mômes ! Fini de jouer, y a école demain.
Si toi aussi, Lecteur, tu as de jolis spécimens de phishing, tu peux les copier-coller ici !
10:45 | Commentaires (4) | Lien permanent
17 mars 2012
Mobiles dires (4) - On a les interlocuteurs qu'on mérite ?
Pour rappel, le principe de cette rubrique est là.
L'autre jour, voici ce que entendu dire dans un quartier touristique de Paris, par un jeune type au téléphone, avec l'obligatoire entrée en matière :
— Téoula ?
— [...]
— Mais où ça, « dans l'métro » ?!
Merci à Nathalie, dont les oreilles se sont dressées plus vite que les miennes.
20:29 Publié dans Mobiles dires | Commentaires (0) | Lien permanent
14 mars 2012
Marie, mon ciel ! (9)
Je les ai vus ! Hier soir, ils étaient là, bien alignés dans le ciel parisien. Et je les avais déjà remarqués il y a quelques jours dans un autre ciel*, plus pur. Vénus et Jupiter sont là. Et de l'autre côté, Mars est à son poste aussi. Manque de bol, je n'ai pas le matériel nécessaire pour voir les satellites de Jupiter.
Comment ça, Lecteur sceptique, « Ouais c'est ça garde tes illusions astronomiques » ?
C'est pourtant vrai que l'Étoile du Berger, Jupiter et la planète rouge sont très visibles en ce moment. La preuve : ils l'ont dit à la radio. Et là aussi, par exemple. Si on les voit dans la presse belge, on les voit au-dessus de Paris, non ? Admirez la logique (astronomique).
* Ne comptez pas sur moi pour remplacer « ciel » par « cieux , « firmament » ou
« voûte étoiléeheu » afin d'éviter la répétition du mot principal de ce billet.
11:29 Publié dans Marie, mon ciel ! | Commentaires (0) | Lien permanent
13 mars 2012
Ah, les bonshommes !... (suite)
Un nouveau venu dans la bande née à l'occasion de ce précédent billet :
À force de séjourner sur une terrasse d'altitude, celui-ci semble avoir un peu abusé de la bière aux pousses de sapin et de la tarti/morbiflette.
19:34 Publié dans Ah, les bonshommes ! | Commentaires (0) | Lien permanent