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03 juin 2012

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (8) Ou ils font autre chose...

C'est beau, le monde virtuel des forums, on s'y fait des amis (enfin pas forcément que des amis, mais bon). Qu'on ne rencontre parfois de visu qu'après des années de correspondance tout aussi virtuelle.

J'aime bien ces relations épistolaires modernes. On connaît ses collègues-amis bien mieux que si on était avec eux dans un bureau toute la journée et seulement sous leur meilleur jour (et – hem – vice versa, surtout). Car on ne se prend jamais de bec*** sous prétexte que l'un a piqué son agrafeuse à l'autre...


Quand ils ne traduisent pas, certains s'adonnent à de curieuses occupations. Écrire, par exemple. Et, par exemple encore, écrire de petits textes qui passent à la radio !

Alors, ça me fait plaisir de vous aiguiller vers ce poème-musique de Nathalie, diffusé sur France Musique dans l'émission de Véronique Sauger, Contes du jour et de la nuit.

 

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*** Digression :

Les dicos, contrariants et ligués contre la logique,
m'interdisent d'écrire « prise de becs » au pluriel.
Contrariants, je vous dis.

Marie, mon ciel ! (12)

 

Pyrénées montagne (Small).jpg

28 mai 2012

Mots (dés)appris (10) - Pied

Longtemps, j'ai cru qu'un vers se composait de pieds.

Or L'Autre Jour, à moins que ce fût l'an dernier,

Entre mille autres choses, les ondes m'apprenaient

Qu'on ne trouve point de pieds dans un vers français,

Mais des syllabes, ce qui me laissa oreilles bées.

« C'est un truc de vieux prof », en substance, qu'elle disait

La radio, à propos de ce qu'on m'inculquait

Si je me souviens bien, à l'école, en effet.

Chez les Grecs, les Latins, le pied, volontiers

Allait se faire voir et même versifier

Mais dans l'alexandrin, faudrait pas y compter.

Sur le pied, la syllabe prend le pas − prend son pied ?

L'Autre Jour décline toute responsabilité quant aux vers de mirliton pondus ci-dessus. C'était le quart d'heure du Poète-Poète, qui ferait bien d'aller versifier ailleurs, maintenant qu'on lui a laissé sa fenêtre d'expression.

Cela dit, toute information complémentaire à son verbiage à propos des pieds et des syllabes piqués aux vers sera la bienvenue, y compris sous forme de rimailleries.

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (7) À méditer (citation)

D'un auteur déjà cité dans cet autre billet, Pablo de Santis :

« El trabajo del traductor está hecho de vacilaciones, igual que el trabajo del escritor. El escritor también traduce y duda y quiere encontrar el término preciso que corresponde a la idea; también sabe, como el traductor, que es su propia lengua la que se convierte en inmanejable jerga extranjera. El escritor se traduce a sí mismo como si fuera otro, el traductor escribe al otro como si fuera él mismo. »

Pablo de Santis
La traducción
Ediciones Destino
Barcelone, 1999
Page 168 (avec les guillemets)

 

Le travail du traducteur est fait d’hésitations, tout comme celui de l’écrivain. L’écrivain lui aussi traduit et doute, et cherche à trouver le terme exact qui correspond à son idée ; et il sait aussi, tout comme le traducteur, que c’est sa propre langue qui se transforme en jargon étranger qu’il ne maîtrise pas. L’écrivain se traduit lui-même, comme s’il s’agissait d’un autre, le traducteur écrit l’autre, comme s’il s’agissait de lui-même.

 La Traduction
Traduit de l’espagnol (Argentine) par René Solis
Métailié, 2000
Page 126 (sans guillemets et en italiques)

27 mai 2012

Le traducteur traduit (5) - « Commanditaire »

Une frange de la profession emploie le mot « commanditaire » pour désigner la personne que les autres traducteurs appellent « donneur d’ordre » ou – mieux, à mon goût ! – « donneur d’ouvrage » (ou encore « client », surtout chez ceux qui exercent en libéral plutôt que sous le statut d’auteur).

Intrigant, non ? Je parie que ce commanditaire vous rend aussi perplexes que moi, sauf si vous faites partie de la frange en question.

Consultons le dictionnaire (j’ajouterai l'ami Robert quand je l’aurai de nouveau sous la main – pour le moment, il est en villégiature). Le Littré dit : « Bailleur de fonds dans une société en commandite. » Rien à voir avec notre homme/notre femme, donc. Le Larousse donne une définition semblable, en précisant qu’il s’agit de vocabulaire juridique : « Associé d’une société en commandite qui apporte des fonds ». Il indique aussi cet autre sens : « Personne qui commandite. » Hop, direction l’entrée « Commanditer » : « Organiser, financer un crime, un délit. »

 

Aaaaaaah ! Je savais bien que ça vous ferait tiquer et que le mot « commanditaire » vous évoquerait d’emblée, à vous aussi, la rubrique « Faits divers » des journaux ou certains films noirs, pourtant rarement consacrés à cette activité mafieuse aussi souterraine que nuisible qu’est la traduction.

 

Un troisième et intéressant sens de « commanditaire » figure dans le dico : « Recommandation officielle pour “sponsor”. » Et, à l'entrée « commanditer » : « Recommandation officielle pour “sponsoriser”. » Dans ce cas, mais seulement dans celui-là, je veux bien me faire commanditer, moi. Parce que, c’est bien connu, le crime la traduction ne paie pas. 

Les collègues ou autres connaisseurs de passage ici voudront peut-être nous expliquer comment « commanditaire » a pu prendre le sens de « généreuse entreprise donnant gentiment du boulot aux travailleurs indépendants ». Je n’ai moi-même pas trouvé cette acception dans les dictionnaires juridiques que j'ai consultés, ni dans la base terminologique IATE de l'Union européenne, ni dans mes contrats avec mes... euh... copains qui me font vivre. Juste ceci, dans une ébauche d'article de Wiki, faisant un peu l'amalgame entre les trois sens indiqués ci-dessus : « Entité demandant une prestation à une autre entité, moyennant rémunération. »

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (1) - Ne pas coller son chewing-gum sur son ordi

Ô toi, jeune traducteur inexpérimenté, sache que dorénavant, les vieux briscards de la traduction − enfin, ceux qui ont débuté depuis au moins 3 mois et peuvent donc te livrer le fruit de leur expérience viendront ici te faire part de leurs astuces et autres petits secrets pour travailler dans les meilleures conditions. J'ouvre cette rubrique pour toi, pour t'éviter quelques déboires. Je compte sur nos collègues chevronnés pour compléter cette mine de conseils car il est possible que mon inspiration et ma mémoire se limitent au contenu du présent billet.

Premier conseil :

Quand, cher jeune traducteur inexpérimenté, tu as fini de mâchouiller ton chewing-gum et que tu as la flemme de tendre le bras jusqu'au-dessus de la poubelle, tu le déposes avec soin sur son papier d'origine dans l'intention de le jeter plus tard, n'est-ce pas ? Ne mets pas le papier contenant ce chewing-gum usagé sur le bord de ton portable. Si tu as pour habitude, une fois ton labeur achevé, de fermer ton ordi, tu risques d'être bien embêté quand tu le rouvriras.

Précieux avis, non ? Je parie qu'à l'école de traduction, on ne t'a pas transmis ce savoir pourtant fondamental.

Fais bien attention, aussi, à ne pas mettre ta main sur la porte, dans le métro. Tu risquerais de te faire pincer très fort.

 

Amis collègues expérimentés, à vous ! Je suis sûre que votre baluchon d'expérience déborde de recommandations tout aussi profitables, dont vous eussiez bien aimé que vos aînés vous fissent bénéficier, lorsque vous débutâtes. (← Je leur parle dans leur dialecte, pour les amadouer.)