12 mars 2012
Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (2) Drrrring !
« Instructions : Tourner dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à 60.
Tourner en sens inverse jusqu’au numéro correspondant aux minutes que l’on désire.
Une sonnerie avise que la période programmée est écoulée. »
Qui a dit que les modes d’emploi traduits étaient un véritable charabia ? Elle est presque littéraire, la notice d’instructions de ma minuterie toute neuve ! Et très claire. La preuve : j’ai tout compris. Il est vrai que ses congénères m’ont échappé des mains en assez grand nombre pour que j’aie observé, à force de les remplacer, qu’elles fonctionnaient toutes selon le même principe hautement technologique.
Reconnaissons qu’elle est même un peu trop littéraire, la notice. Un francophone l’aurait tournée autrement (la notice, pas la minuterie, Lecteur dont ces objets échappent sûrement aussi des mains, si tu les tournes à l’envers et si tu ne comprends pas mieux que ce billet leur mode d'emploi, pourtant enfantin).
N’empêche, pour une fois, le français est mieux que l’anglais qui, lui, se termine ainsi : « A bell will ring when al the minutes habe elapsed. »
Petit jeu distrayant : devine laquelle de ces deux minuteries est HS ?
Et laquelle n’est pas encore allée se fracasser contre le carrelage de la cuisine ?
Autre petit jeu distrayant : Lecteur, aide-moi à traquer les coquilles parsemées
dans ce misérable blog. Je pense qu'elles se font un malin plaisir d'apparaître
au fur et à mesure que je me relis. Merci !
22:47 Publié dans Je traduis, tu traduis... | Commentaires (0) | Lien permanent
02 mars 2012
Billet dégoulinant (suite)
Depuis la publication de ce billet, qui faisait l’éloge d’humains curieusement appliqués à épargner l’existence de bestioles et même de misérables végétaux, j’ai croisé deux textes, qui viennent admirablement le compléter.
L’autre jour, c’était Audrey Pulvar, sur France Inter, qui, dans une chronique intitulée Louise et le philosophe, évoquait une conversation imaginaire (parue dans la revue Rivages – j’y débarque, je ne connaissais pas !) entre Georges Marbeck et Louise Michel. Celui-ci interrogeait la communarde sur son amour des animaux et, en particulier, des albatros martyrisés par les marins sur le bateau qui l’emmenait en exil. La réponse de Louise Michel est véritablement issue d’un des ses écrits :
« Après les avoir pêchés à l’hameçon, on les suspendait par les pieds pour qu’ils meurent sans tacher la blancheur de leurs plumes… Tristement, longtemps, ils soulevaient la tête, arrondissant le plus qu’ils pouvaient leur cou de cygne afin de prolonger la misérable agonie qu’on lisait dans l’épouvante de leurs yeux aux cils noirs… On m’a souvent accusée de plus de sollicitude pour les bêtes que pour les gens. C’est que tout va ensemble, depuis l’oiseau dont on écrase la couvée jusqu’aux nids humains décimés par la guerre… Le cœur de la bête est comme le cœur humain, son cerveau est comme le cerveau humain, susceptible de sentir et de comprendre… Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes. C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux. »
Et puis, je viens de terminer Les Racines du ciel, de Romain Gary (Folio). Dans ce prix Goncourt 1956 qu’on croirait écrit hier tellement il reste d’actualité, notamment sur la situation politique en Afrique, le héros, Morel, lutte pour la sauvegarde des éléphants (encore un peu, j’écrivais « défense » à la place de « sauvegarde »). Auparavant, il a lutté pour sa propre survie en camp de concentration :
« Soudain, Morel avait senti quelque chose heurter sa joue et tomber à ses pieds ; il baissa les yeux prudemment, essayant de ne pas perdre l’équilibre : c’était un hanneton.
Il était tombé sur le dos et remuait les pattes. Il s’efforçait en vain de se retourner. Morel s’était arrêté et regardait fixement l’insecte à ses pieds. A ce moment-là, cela faisait un an qu’il était au camp et, depuis trois semaines, il portait les sacs de ciment huit heure par jour, le ventre vide.
Mais il y avait ici quelque chose qu’il n’était pas possible de laisser échapper. Il plia le genou, les sacs en équilibre sur l’épaule, et d’un mouvement de l’index, il remit l’insecte sur ses pattes. »
Les autres prisonniers l’imitent, portant eux aussi secours aux hannetons. Le sergent qui les surveille arrive.
« Il avait reconnu l’ennemi. On se trouvait devant une manifestation scandaleuse, une profession de foi, une proclamation de dignité, inadmissible chez des hommes réduits à zéro. »
Le sergent se rue d’abord sur les hommes puis, comprenant que cela les touchera plus gravement, s’en prend aux hannetons, qu’il piétine. « … mais ce qu’il visait était complètement hors d’atteinte, hors de portée et ne pouvait être tué. (…) Il eût fallu tuer tous les hommes jusqu’au dernier et sur toute la terre et encore il était probable qu’une trace allait demeurer derrière eux, comme un sourire invincible de la nature. »
Merci à S., qui m'a prêté le livre.
À quoi bon tenir des blogs patauds, lorsque tout a déjà été écrit,
et si bien ?
23:55 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique littéraire | Commentaires (0) | Lien permanent
25 février 2012
Marie, mon ciel ! (8) Lune couchée
Ce soir à Paris, la lune était couchée sur le dos !
Comme dans le bandeau de ce blog.
Et elle avait entrepris de transformer le Sacré-Coeur en mosquée.
Comment ça « Pfeuh c'est tout flou achète-toi un matos digne de ce nom » ?
On voit pourtant bien qu'encore un peu, elle se posait sur le haut du dôme.
Et puis, j'aime bien certaines photos dites « ratées ».
Comme celle-ci, où la lune devient feuille.
22:39 Publié dans Marie, mon ciel ! | Commentaires (0) | Lien permanent
24 février 2012
Un grand frère est né
Oui, c'est paradoxal. Il n'empêche, ce grand petit frère vient de naître, là.
Son nom ? Le blog de l'ATLF, Association des traducteurs littéraires de France. Préparez-vous à vous régaler.
Le lendemain...
J'ai buggué lors de la publication du faire-part. Le lien, maintenant corrigé, renvoit bien vers le blog de l'ATLF et non plus vers la couverture de À l'ombre des filles en fleurs. La bourde n'était même pas volontaire, juste due à une erreur d'aiguillage ! J'aurais pu faire pire.
Merci à Vanessa d'être passée par là pour me remettre sur les rails.
Digression :
Un blog, c'est plus beau quand le texte est aligné à gauche, ou justifié ? Dans le doute, je vais étudier la question au cas par cas. Le présent billet me paraît mieux aligné à gauche.
11:05 Publié dans Je traduis, tu traduis..., Ronronnements de satisfaction | Commentaires (0) | Lien permanent
21 février 2012
Billet dégoulinant d'écologie niaise
Autres suggestions de titre :
Massette ! ou : Nom d'un chiroptère !
Dans moun païs (non, pas le grand qui vivote à l’abri de son périf, le petit qui est par là ↓), il y a un bulletin municipal. Et aussi, une presse régionale. Dans l’actu en ce moment : le point sur le piège à gravier du torrent B., pharaonique chantier (320 000 m3) destiné à éviter que soit inondée en cas de grosse crue la ville située en aval. Et – enfin ! – la réparation du pont sur le même torrent, revêtu depuis des années d’un seyant tablier en dentelle. Au point que je me demandais comment personne n’était encore passé au travers (à moins que j’aie loupé une édition de la presse régionale).
Motif de ce billet et d’une mienne réjouissance que je tenais à partager avec vous : les mesures de sauvegarde environnementale adoptées dans le cadre de ces deux chantiers. Je cite en abrégeant :
À propos du pont :
- Les travaux ne devront pas provoquer de pollution dans le torrent B.
- Les travaux en rivière ne pourront avoir lieu entre le 15 novembre et le 15 mars pour la protection des espèces de poisson présentes (dont 177 aprons — vous connaissiez cette espèce en voie de disparition ?).
- La déconstruction du pont ne devra pas avoir lieu pendant que les chauves-souris sont présentes, c’est-à-dire de mai à septembre. (Lecteur doté d’un mauvais esprit, je te sens déjà ricaner à l’idée des quelques jours qui restent dans l’année pour faire avancer les travaux.)
À propos du piège à gravier :
- … des pêches de sauvegarde ont notamment permis de récupérer les poissons [d’espèces protégées], qui ont été réintroduits dans une zone hors d’atteinte des travaux…
- … une espèce protégée (tulipe Sylvestre) a été identifiée sur l’ancien camping. Une mesure d’évitement a été mise en place afin d’interdire le cheminement des camions et le stockage des limons sur les parcelles où cette flore est présente…
- Concernant la typha minima (roseau protégé connu aussi sous le nom de petite massette), une zone a été aménagée afin de favoriser son développement.
- … EDF a procédé à la plantation de plus de 300 arbres et arbustes afin de rétablir des corridors boisés pour favoriser la circulation des chauves-souris…
Ça vous paraît dérisoire ? Idiot ? Moi non. Je trouve un encourageant signe de progrès que des humains se donnent autant de mal (et consacrent des sommes colossales, que je passe sous silence car ça vous paraîtrait encore plus dingue) pour quelques bestioles et herbes folles. Ou pour un peu d’air ou d’eau.
« On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».
Gandhi (j’espère que pour une fois, le Net attribue correctement une citation, car j'avoue ne pas être sûre de sa paternité)
Pendant ce temps, dans le grand moun païs ceint de son périf, les panneaux d’affichage incitent, pour cause de pic de pollution, « les enfants et personnes fragiles à privilégier les activités calmes », lis-je en traversant d’un bon pas cet autodrome qu'est la place de Clichy, en direction de mon cours de flamenco.
Rassurant :
même ici, j'en vois souvent voleter
devant mes fenêtres, des chauves-souris, en été.
Non, pas (seulement) des pigeons. Des chauves-souris.
00:30 Publié dans Ronronnements de satisfaction, Volem rien foutre al païs (c) | Commentaires (0) | Lien permanent
14 février 2012
Ceci n’en est pas une
Les traducteurs de chair et d’os adoooorent les traducteurs automatiques. Vous savez, ces programmes qui, sur Internet, vous transforment en un clic d’œil un texte en langue étrangère en texte en… en quoi, au juste ?
Si, si, je vous assure, ils les adorent car ils leur fournissent des occasions en or de se gausser à bon compte. Et de rappeler à qui veut les entendre que rien ne vaut un bon cerveau humain pour une tâche exigeant compétence, goût du fignolage et même un minimum d’empathie avec le lecteur.
N’échappons pas à la règle et partageons avec vous un exemple vécu.
Je profite de l’occasion pour faire un brin de pédagogie à propos de ma belle profession. Vous l’ignorez peut-être, mais celle-ci consiste, pour une grande partie du temps de travail (je dirais un tiers, dans mon cas), à faire des recherches. Non, « faire des recherches » ne signifie pas « trouver bêtement un mot pour un autre dans un lexique ». Ça, c'est à la portée du traducteur automatique. C’est même son boulot. Faire des recherches, cela veut dire se documenter sur le sujet traité, histoire de comprendre de quoi il retourne (y compris en traduction littéraire, les oeuvres de fiction étant parsemées de détails techniques, historiques, etc.). Sinon, on est un clown et on relève d'un autre code NAF.
En l’occurrence, j’avais à traduire un documentaire sur le programme Apollo. Pointu, hein ? D’où farfouille en ligne (avant de sortir la grosse batterie : descente en bibli technique, si nécessaire) pour en apprendre un minimum sur la construction des fusées.
C’est ainsi (et pas autrement, je vous assure) que je tombai sur… ça. Tout ce qu’il y a de plus sic, de même que la mention qui accompagnait le texte : « Traduit par ordinateur dans le Français. »
« Que la longueur de pipe est quelque chose comme une pipe
ainsi elle d'organe a une certaine fréquence de résonance
de ses propres et il s'avère vraiment qu'il oscillera
juste comme une pipe d'organe fait. »
La livraison de ce bout de tuyauterie morceau d’anthologie le jour de la Saint-Valentin est tout à fait fortuite. J'aurais d'ailleurs pu attendre le lendemain, qui tombe sur la Saint-Claude. Hem.
00:05 Publié dans Je traduis, tu traduis... | Commentaires (0) | Lien permanent