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31 janvier 2016

Marie, mon ciel ! (30) – Un ciel en nuances

Un mot « qui exprime de manière poétique que le ciel, tel un matériau, a sa propre couleur, en constante évolution »­ ?

C'est un mot nouveau, inventé par un architecte, Guillaume de Monfreid, dans le cadre d'une exposition que, pour une fois, je n'évoque pas ici après sa date de clôture.

L'expo, c'est Le Marais en héritage, au musée Carnavalet.

Et le mot... Je vous laisse cogiter, peut-être allez-vous le trouver.

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Comme je vois que vous séchez, je vous aide : il pourrait aider un peintre en ciel à peindre le ciel, en lui permettant de choisir les bonnes nuances.

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Toujours rien ?

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Il « associe "nuancier" et "ciel". »

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Ça tombe sous le sens, pourtant.
Je sais, c'est facile quand on a vu l'expo.

 

C'est le « n u a n c i e l » !
Vous pouvez contempler le nuanciel du Marais .

 

 

J'avais mis ce billet en ligne depuis une demi-heure à peine que je lisais cette phrase :

« La lumière n'est jamais la même [...] ; il y a une lumière de pluie, une lumière de soleil, une lumière de nuages. »

Dans Contre la nature, par Tomas Espedal, Actes Sud, traduit du norvégien par Terje Sinding.

 

 

Merci à AL qui m'a offert une invitation pour l'exposition et à TS qui m'a offert le livre.

 

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J'ai mis à jour mon avant-dernier billet, celui des voeux à bulles.

28 octobre 2015

Mots de travers (14) - L'article de trop

La publication de la nouvelle version française d'un livre funeste agite la presse, ces temps-ci.

Plutôt que de se faire l'écho de cet évènement éditorial, ce blog étriqué, pinailleur et corporatiste s'attache comme d'habitude à un de ces détails que seule l'engeance traductrice relève. Encore un peu, celle-ci prétendrait qu'à leur manière, ces détails tuent.

Le détail figure dans l'un des nombreux articles suscités par la sortie de la nouvelle version française du texte en question. Cherchez l'erreur :

« "Aucune législation ne nous interdit de mettre en vente ce livre", précise l'éditeur, qui a demandé au traducteur, le journaliste et biographe Olivier Mannoni, d'établir l'édition française. On lui doit à ce jour plus de 170 traductions... »

Si l'erreur vous saute aux yeux, je parie que vous faites partie d'une bande mesquine d'amateurs corporatistes à tendance pinailleuse. Dans le cas contraire, je vous aide à la trouver en reproduisant un extrait de la page Wikipedia consacrée à Olivier Mannoni (non rédigée par celui-ci, précisons-le). On y remarquera des similitudes avec le premier extrait, au fameux détail près :

« Olivier Mannoni (...) est un traducteur, journaliste et biographe français. (...) Il a traduit à ce jour plus de 170 ouvrages. »

D'aucuns, comme Wikipedia, considèrent que traducteur, c'est un métier, éventuellement exercé à côté et à l'égal d'autres métiers. Pour d'autres, traducteur est une activité accessoire, réalisée en amateur par un membre d'une noble profession – journaliste, biographe, par exemple – qui, à temps perdu, traduit 170 ouvrages. Tout est dans l'article.

Bien entendu, une erreur est possible, dans la hâte du bouclage,
et pas forcément imputable au journaliste.

 

On signalera que parmi les 170 ouvrages accessoirement traduits par Olivier Mannoni figurent ceux d'auteurs tels que Freud, Sloterdijk et Suter. Ajoutons à ce palmarès des titres moins funestes que celui qui alimente actuellement la production d'articles.
Idem, dans le genre non funeste et propre à m'inspirer une verte jalousie, pour certains de ceux traduits par Valérie Le Plouhinec, première à avoir réagi à l'article de trop sur la liste de diffusion de l'ATLF, dans un style autrement plus élégant que celui de ce billet et dans un fil passionnant consacré à la sortie du livre évoqué plus haut. Cher Jeune Traducteur d'édition, si tu étais membre de l'association, tu profiterais sur sa fameuse liste des échanges enrichissants de ces éminents collègues, entre autres, et pourrais même y participer, au lieu de perdre ton temps à lire des blogs pinailleurs.   

28 décembre 2014

28 décembre, jour des Saints-Innocents

Imaginons que vous filiez le train à un faisan.

À travers ses marais de prédilection, cet oiseau rare vous conduit vers la poésie chinoise, vous aide à en aborder les berges, vous en fait picorer et apprécier quelques beaux morceaux. Pourtant, si vous êtes comme moi, vous ne parlez pas un mot de chinois et l'art poétique chinois vous est inconnu. Il n'empêche que dans le sillage de votre guide à plumes et grâce à ce joli livre qui se met volontiers à la portée des non-érudits, vous comprenez pourquoi il fallait traduire un poème de telle façon plutôt que de telle autre. Sans quoi le faisan n'aurait pu vous délivrer son message, et vous, vous n'auriez pu percevoir en lui un exemple, celui que l'homme « peut égaler s'il est prêt à perfectionner sa propre activité. »

Ce décryptage poétique, qui est aussi un décryptage de l'activité du traducteur, vous le découvrirez dans ce livre à l'élégante couverture (où le faisan s'est transformé en phénix ?) :

Trois essais sur la traduction


Jean-François Billeter

Trois essais sur la traduction
Édition Allia, 2014, Paris

 

Les deux premiers essais s'intitulent Poésie chinoise et réalité et Le Faisan de Zhuangzi. Dans le troisième, La Traduction vue de près, l'auteur analyse sa démarche de traducteur dans le but de faire comprendre, de façon pédagogique, ce que devrait être une bonne traduction. Tout traducteur, du plus blanc-bec au plus faisandé – et même si sa propre méthode diffère un peu de celle de Jean-François Billeter –, y trouvera matière à réflexion et du bon grain à la volée.

Par exemple, l'auteur rappelle l'intérêt de la relecture à haute voix. Et il énonce le « principe de difficulté »: « Mieux vaut être averti de la difficulté d'une tâche et la trouver facile que de la juger facile et d'échouer faute d'en avoir compris les difficultés. »

Il nous invite à ne pas comprendre trop vite, citation d'Henri Michaux à l'appui : « J'ai souvent remarqué, dans les études secondaires, que les élèves "imbéciles" butaient avec une grande sûreté sur le hasardeux, le spéculatif, et le nœud de la théorie proposée. Ils posaient des questions au professeur là-dessus, qui leur réexpliquait la chose. Eux cependant restaient songeurs, aux rires et ricanements de la populace des forts en thème. Dans la suite, j'ai remarqué que ces théories renversées par de successifs savants l'étaient justement par cet endroit où l'imbécile de 15 ans avait mis le doigt. » (Ecuador, Gallimard, 1929)

À méditer, non ?

Et à rapprocher de ce qu'Agnès Desarthe écrivait, quoique pour appuyer un propos différent, dans sa chronique Traduire, dit-elle (Le Monde des livres, 12 décembre) :

« En traduction comme en écriture, un certain degré d'imbécillité, proportionnel à la foi que l'on a dans l'un ou l'autre art, est nécessaire à la pratique. »

 

Puissent les innocents, en ce jour qui tombe sur leur fête, avoir les mains pleines de ce livre, malgré sa modeste taille. Il mérite de leur être offert en cadeau.

23 décembre 2014

Sauvons les dragons (8)

Lecteur accoutumé aux errements de ce blog, tu auras remarqué qu'entre autres chevaux de bataille, il lui arrive d'en enfourcher un ailé, griffu et à langue de feu.

Peut-être as-tu dans ton entourage un jeune dragonophile, à qui tu ne sais qu'offrir en cette période d'étrennes ? S'ils ne l'a pas déjà, tu peux lui livrer en pâture ce document, qui ravira son esprit curieux et passionné de ces créatures extraordinaires :

S.A. Caldwell
Le Monde des Dragons
Traduit de l'anglais par Jean-François Cornu
Gallimard Jeunesse - Albums documentaires
2010

Pour vous mettre en appétit, toi et le jeune dragonophile, voici comment débute le livre :

« Les Dragons sont partout. Ils sont le rugissement du vent, la lueur dans le ciel nocturne, le bruissement de la forêt. Ils sont le miroitement sous le soleil du désert, le frémissement à la surface des eaux calmes, la fureur de l'œil du cyclone. »

Plus loin, on découvrira quelques-uns des persécuteurs de l'espèce : des types en armure et assoiffés de sang du nom de Georges, Sigfried ou Beowulf. Leurs prétextes : l'appétit prétendu de leurs victimes pour de fraîches jeunes femmes et leur tendance à s'asseoir sur des tas d'or (simplement pour les garder, pourtant).

 

On observera au passage que le traducteur de ce savant ouvrage se livre habituellement à des activités autrement plus futiles dont, au demeurant, les résultats peuvent aussi s'offrir en cadeau, y compris à titre entièrement gratuit.

Incohérence et dispersion sont, en effet, le lot Éclectisme des parcours et des centres d'intérêts sont, en effet, deux traits qui caractérisent certains membres de sa profession. J'y reviendrai à l'occasion.

 

16 décembre 2014

Un beau blogzibao sur la traduction...

... cela se salue, surtout quand on est soi-même un humble blog et qu'on est tout honteux d'avoir ignoré ou oublié l'existence d'un grand frère. Lequel porte un titre joliment trouvé : Tradzibao.

Sous la plume de la journaliste Claire Darfeuille, qui consacre un article au même sujet dans ActuaLitté, Tradzibao commente la remise du prix Pierre-François Caillé. L'ESIT et la SFT ont décerné cette récompense ce samedi à un jeune traducteur : Jean-Christophe Salaün.

Celui-ci a traduit de l'islandais vers le français un roman alléchant, signé Hallgrimur Helgason et intitulé La Femme à 1000°, aux Presses de la Cité.

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La remise du prix a été l'occasion de découvrir quelques-uns des jeux de mots inventés par le traducteur. Ses « anarchastes », entre autres, m'ont mise en joie. Le rappel d'ergotages sur le choix de « à 1000° » ou « aux 1000° », dans le titre, ne pouvait que ravir aussi des oreilles traductrices.

Inutile de me fatiguer à vous en dire davantage : quand tout ou presque a déjà été dit, en mieux, autant faire sobre ! La sphère franco-touito-islandaise s'agite déjà assez comme ça. Revue de presse sur la page d'Actus de la SFT.

 

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Levant le nez de l'un des rares Arnaldur qu'il n'avait pas encore dévorés (Arnaldur Indridason, La Rivière noire, traduit de l'islandais par Eric Boury, éditions Points), ce blog friand d'ambiances chaudes et festives de littérature islandaise ou en provenance d'autres pays scandinaves rappelle qu'il a publié quelques modestes billets évoquant certains auteurs, livres et autres produits des cultures nordiques :

- Le Vieux qui...
- Marcher – Partir ?
- Elle voit des traducteurs partout (6)
- Marie, mon ciel ! (16)
- Paroles d'hommes et de femmes du monde (1)
- Bortbyting
- Pétaflop et Pepparkaka.

Dans ces billets, le lecteur vraiment désœuvré et ne s'étant pas encore procuré
La Femme à 1000°  (re)trouvera, en vrac, Jonas Jonasson, Tomas Espedal, Terje Sinding, Henning Mankell, Kristina Ohlsson, August Strindberg, des bébés trolls et quelques douceurs de fin d'année.

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En citant des noms scandinaves, un blog non polyglotte, diklessixque et enrhumé prend des risques inconsidérés. Merci à ceux qui me signaleront de prévisibles coquilles et écorcheries ; toutes mes excuses anticipées pour celles qui échapperaient à leur œil de lynx serviable.

07 novembre 2014

Payés, les interprètes ? Y a pas d'justice !

Vous ne savez pas la meilleure ? Il semblerait que les cousins interprètes prétendent se faire payer pour leur boulot, notamment et y compris quand ils travaillent pour la Justice. Sont gonflés, tout de même. Par chance, le ministère, futé, a trouvé moyen d'échapper à leurs griffes rapaces. Jusqu'à ce qu'il se fasse allumer... par la Justice.

C'est dans un article du Canard enchaîné signé Didier Hassoux (22/11/2014, page 3) et intitulé La justice aligne le ministère de la Justice.

Pas grave, la justice se débrouille par d'autres biais. Cette fois, c'est aidée par la police judiciaire, pas à cours de ressources, humaines plutôt que financières. Et c'est de la fiction mais le polar a l'air plutôt bien documenté :

« Avant de passer à l'échelon local, Olivier et Alice firent le tour des autres services de la PJPP à la recherche de collègues capables d'assurer une conversation téléphonique en arabe, en espagnol, en grec et en italien pour s'adresser directement aux autorités de police locales. La justice avait souvent affaire à des interprètes, mais il faudrait les payer, et Martin leur avait fermement conseillé d'utiliser leurs connexions et de se mettre en quête de bonnes volontés bénévoles.

Pour l'arabe, ils trouvèrent assez facilement une jeune lieutenant des stups, et un des huissiers à l'étage de la direction était d'origine espagnole. Pour le grec et l'italien, ils ne trouvèrent personne, mais Martin leur dit que d'après ses souvenirs, Laurette parlait plutôt bien italien. Pour une fois, ce ne serait pas son expertise psychologique qui serait mise à contribution. Pour le grec, ils allaient devoir faire appel à des compétences extérieures, mais Olivier avait repéré la fille d'un traiteur grec de la rue Saint-André-des-Arts – super jolie en prime – et il n'aurait qu'à traverser la Seine pour se faire assister tout en mangeant des feuilles de vigne farcies et des baklavas. D'une pierre trois coups. »

C'est dans :

Dame d'atout
Alexis Lacaye
Éditions du Masque
2014
p. 285

 

Pour une fois que ce blog monomaniaque
ne voit pas que des traducteurs partout...