13 novembre 2012
Marie, mon ciel ! (17) Cloud maîtrisé
Je n’ai pas l’air, comme ça, mais de là où je perche, je suis l’actualité, surtout quand j’entends citer mon nom de famille à tout bout de champ. En ce moment, entre les pubs, la presse et les lettres d’info de groupements professionnels qui feraient bien de se mêler de sujets plus terre-à-terre, ça n’arrête pas : « l’informatique dans les nuages » (1), « votre nuage perso de stockage » (2),« indexation live à travers le Cloud pour catchup TV et VOD en fonction de la diffusion live » (3), « la nuagique » (4)… Et le pompon : « le cloud maîtrisé » ! (5)
Pouvez toujours essayer de me maîtriser. Je suis un éthéré, moi, un vrai.
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(Soupir) L’Autre Jour décline une fois de plus toute responsabilité quant à l’invasion de ce blog par des formations atmosphériques, qui s'emparent de cette tribune sans y être invitées. Qu’elles préfèrent suivre un mouvement rétrograde plutôt que l'air du temps est sans doute imputable à de capricieux vents d’automne.
(1) : Lettre d’information de la Sofia (Société française des intérêts des auteurs de l’écrit), juin 2012, « Connaissez-vous le cloud computing ? »
Cloud computing = l’informatique dans les nuages : « Concept qui consiste à déporter sur des serveurs distants le stockage de documents ou de traitements informatiques, traditionnellement localisés sur des serveurs locaux ou sur les ordinateurs des particuliers. »
(2) + (3) + (5) : pubs
(4) : Tradzine (Bulletin d’information de la SFT, Société française des traducteurs), novembre 2012, article d’Annie Lestrade
20:15 Publié dans La chronique de Vocale Hubert, Marie, mon ciel !, Mots de travers | Commentaires (3) | Lien permanent
12 novembre 2012
Livres en boîte
Serait-ce cela, la « littérature de gare » ? En tout cas, c'est le Club des Cinq et Don Camillo qui vont être contents, en retrouvant peut-être une deuxième jeunesse, en même temps que de nouveaux lecteurs.
Une bien meilleure idée, à mon goût, que d'abandonner un malheureux livre n'importe où, exposé aux intempéries et au risque de se retrouver à la poubelle, selon le principe du « bookcrossing ». Rien que de lui donner ce nom, à celui-là, c'était en faire une mode, garantie sans charme. Le contraire de la poésie des bouteilles à la mer.
Bravo Méry-sur-Oise et la SNCF ! J'ai toujours un bouquin avec moi et heureusement, vu le nombre de fois où je suis en villégiature forcée sur votre quai de gare comme sur bien d'autres, pour cause de train de banlieue annulé au dernier moment. À cuire ou à me geler, car vos gares ferment le dimanche. Là, au moins, je sais que je pourrai finir mon livre et en commencer un autre, en attendant le prochain train. Faudrait pas que ça t'incite à en annuler encore plus souvent, ami Transilien...
09 novembre 2012
Toile d'araignée à la proue d'un bateau sur la Seine (de nuit)
Impec, la hampe de drapeau à la proue d'un bateau, pour tisser sa toile. Pas trop dérangée par le plumeau et la serpillière de ces maniaques de la propreté et ennemis du genre arachnéen que sont les marins (enfin, ici, c'est moins manifeste qu'ailleurs), on y attend tranquillement le casse-croûte.
Quand je pense que d'autres se bagarrent sur l'étymologie du mot « bateau-mouche ». Elle est pourtant évidente !
Signé : l'Araignée de bord
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L'Autre Jour décline toute responsabilité quant aux assertions pseudo-linguistiques de créatures à huit pattes introduites en ces lieux et plus particulièrement en leur plafond.
Faut que je fasse le ménage dans ce blog, moi.
22:53 Publié dans Vadrouilles intra-Périf | Commentaires (0) | Lien permanent
07 novembre 2012
On recherche
- La traduction des proverbes (français-arabe)
- Le traducteur en tant que médiateur culturel. L'exemple de Rifâ'a Tahtawi.
- La traduction de l'essai littéraire
- La cotraduction
- La métaphore en traduction
- Traduire la philosophie, quelque part dans l'inachevé : Descartes et ses objecteurs traduits en langue espagnole.
- Le processus de l'interprétation en langue des signes
- Traduction et musique : la comédie musicale
Voilà. Quelques sujets de thèses, parmi d'autres. Où ça, où ça ?! À l'ÉSIT (École supérieure d'interprètes et de traducteurs, Paris III-Sorbonne Nouvelle). Eh oui, on y fait aussi de la recherche.
23:58 Publié dans À travers mots, Je traduis, tu traduis... | Commentaires (0) | Lien permanent
06 novembre 2012
Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (6) - Copier-coller avec pertinence
Cher petit, loupiot, lardon, nouveau-né Jeune Collègue Inexpérimenté,
Je souhaite aujourd’hui te mettre en garde contre une solution de facilité bien tentante. On te donne un texte où certains mots – des noms géographiques, par exemple –, reviennent fréquemment. « Qu’à cela ne tienne, te dis-tu, toujours prêt à l’astuce et à l’initiative qui te permettront de gagner du temps... Utiliserai-je mon logiciel de TAO*** favori, sur ce livre ? Peut-être pas. Mon rusé éditeur risquerait de se rendre compte d’un style disons un peu… mécanique. Je m’en vais traduire ces noms, puis je n’aurai plus qu’à les rechercher-remplacer partout dans le texte. Et le tour sera joué. »
Emporté par ton enthousiasme à l’idée de faire monter ta productivité en flèche, et plutôt que d’utiliser ton habile stratagème avec prudence et discernement en dégainant ton Rechercher-Remplacer occurrence par occurrence, tu choisis l’option Rechercher-Remplacer tout.
Exemple (vécu) de conséquences : supposons que ton bouquin fasse souvent allusion à un grand pays ami d’Outre-Atlantique. Tu traduis consciencieusement « USA » – c’est tout à ton honneur –, par « États-Unis ». Hop, trois clics et voilà le grand pays ami recherché-remplacé sur 300 pages. Tu oublies un détail, cher jeune collègue, une petite occurrence de rien du tout, surtout si tu ne te relis pas autant que je t'exhorte à le faire. Dans le meilleur des cas, ce détail va laisser perplexe le correcteur, qui te signalera le bug. Au pire, si le correcteur est distrait ou inexistant, l’erreur passera à l’as. Et alors, comme il est aussi question dans cet ouvrage de divers médiums artistiques (aquarelle, pastel, etc.), l’éditeur vendra un bouquin dans lequel sont décrites des œuvres dessinées au fÉtats-Unisin…
Comment ça, « Quand tu dis “exemple vécu”, ô mon Aînée, faut-il entendre “bourde commise par toi” ? » ? [Oui, il m’appelle respectueusement comme ça et je n’ose lui faire comprendre que « néné » est à la fois d'une familiarité suspecte et un peu trop proche de « mémé », pour mon goût.] Bien sûr que non, jeune insolent.
Tu essaies de rattraper l'offense, tout en lavant ton propre honneur blessé : « Tu me sous-estimes, traductrice vénérée mais chenue au point de friser la sénilité. Comment peux-tu me croire assez sot pour me laisser aller à des bévues pareilles ? » [On notera que je traduis le langage de mon estimé Jeune Collègue, de façon qu’il soit présentable sur ce blog de haute tenue. Sans quoi, ses propos seraient tellement caviardés que le Lecteur aurait du mal à les décrypter.]
Tu as raison, cher Jeune Collègue. Ce n’est pas forcément chez d'humbles débutants qu’on les observe, les Rechercher-Remplacer ravageurs et les dégâts du Traduire par copier-coller.
***TAO : traduction assistée par ordinateur
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Ah, et puis, tant que j'y suis : quand tu circules à vélo, te croyant hors de danger parce que tu as sur la tête le casque offert par tes parents à Noël, ne trimbale pas ton antivol dans un sac à dos. En cas de chute, qui autrement pourrait être bénigne, tu risques de graves lésions de la colonne vertébrale et de rester paralysé à vie. Ou mort à mort.
Sauvons les dragons (5)
Et voilà, ses crises de dragonnite aiguë la reprennent.
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Ce blog est un plagiaire et cette rubrique un plagiat (vil, comme il se doit), car tout a déjà été dit, en mieux, sous le même titre :
Sauvons les dragons !
Willis Hall
Traduit de l’anglais par Hervé Zitvogel
Illustré par Fabien Mense
Titre original : Dragon Days
Castor Poche, 2011
Extrait, page 161 :
« Tuons-le d’abord, nous réfléchirons ensuite. »
Quand je vous disais que tout avait déjà été dit.
Ces fines paroles sont celles d’un type en armure, évidemment. Haut placé. Je ne vous en dis pas plus sur son identité. Les représailles pourraient être rudes, même à travers les siècles, et je ne tiens pas à être pourfendue, moi. Car de même qu’on peut remonter le temps, comme le livre le prouve, la brute dont la couronne n'ôte rien à l'épaisseur n’aurait peut-être pas de mal à le descendre, le temps, lance au poing, pour m’occire façon dragon… « Que le diable te patafiole ! », me risqué-je quand même à lui brailler d’ici, avec la témérité qui me caractérise autant que le goût du (vil) plagiat, puisque cette phrase haute en couleur est extraite des dialogues, bien entendu.
Seul un célèbre enchanteur – dont la sagesse a parfois des failles, sans quoi cette histoire n’aurait pas existé – sait à quoi s’en tenir quant aux malheureux cracheurs de feu et brave la royale autorité pour prendre leur défense (page 96) :
« Ils sont bonasses. C’est dans leur nature. »
Ça, c’est pour le fond. Pour la forme, ce roman, bien qu’il s’adresse à un public âgé de seulement 8 ans et plus (enfin, à moi, quoi), ne le prend pas pour un ramassis de décérébrés, contrairement à une tendance plutôt dans l’air du temps. Loin de lui limiter le vocabulaire, il emploie même des mots ou expressions que j’ignorais, malgré mes 11 ans et demi bien tassés : « homme lige », « à votre obéissance, sire », vous connaissiez, vous ?
Et quand, page 25, il est question de fish and chips, il vous sert une ration de frites et poisson, lui. Pas une mixture. On ne lui en voudra cependant pas d’avoir traduit banana split par « banana-split », à ce bon livre à mettre entre toutes les mains des amis de dragons, vu qu’un banana-split, c’est un banana-split. Mes hommages, messire Traducteur.
Et puis, il est joliment illustré. Au point qu’on regrette une fois encore d’être privée d'images, dans la plupart des bouquins pour public âgé de beaucoup plus de 8 ans. Voilà un vieux coup dur dont on ne s’est toujours pas remise, la disparition soudaine des illustrations dans les livres, une fois la dernière Bibliothèque verte refermée. C’est pas mignon, ce détail en bas de page, même si ce n’est pas un dragon ?:
Merci à Rose-Marie Vassallo, toujours plus experte ès dragonneries en tout genre, qui m’a offert Sauvons les dragons ! Inutile de me supplier, Lecteurs jaloux. Pas question que je le prête, celui-là. Comment ça, Rose-Marie, tu me l'as donné pour le petit cousin dévoreur de livres dont je t'ai parlé ? Je t'ai parlé d'un petit cousin, moi ?
01:02 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique littéraire, Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent