Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02 décembre 2014

Une seule lettre vous manque

« Dès qu'on veut être sympa, drôle ou culte », on la met en haut de l'affiche (et au milieu, et en bas aussi, enfin, partout). Alors que c'est paraît-il une hérésie, tout juste bonne à donner la parole à un clébard informatique ou à annoncer un concours de beauté de yorkshires.

Elle fait pourtant partie des marottes de ce blog, ignorant de ce qui se typote ou pas. Il lui trouve une bonne tête et pis c'est tout.

Cela n'empêche pas d'admirer les autres, qui s'étalent sur le site de France Culture en de jolis petits films. Signée Thomas Sipp et dite par Chiara Mastroianni, la série s'appelle Sacrés Caractères. Je ne vous cache pas un gros faible pour sa lointaine cousine et pour la vidéo qui lui est consacrée :

 

 

Cher bas de casse, Chère minuscule, Cher Jeune Traducteur Inexpérimenté** passant par là,

Tu te demandes en quoi ce billet peut avoir un rapport même lointain avec la raison d'être de ce blog : s'intéresser à de multiples petites choses et s'en imprégner car tôt ou tard, elles imprégneront à leur tour une traduction quand elles ne s'offrent pas le luxe de ne servir à rien d'autre qu'au plaisir de la tenancière.

Sache que oui, la typographie a son rôle dans ton travail. Pour ce qui est du choix de la police et de la taille de caractères, il est vrai que c'est à ton donneur d'ouvrage de te donner des indications ou, mieux, une charte graphique. En leur absence devenue quasi systématique, contente-toi d'éviter l'illisible. Pour le reste, voici un scénario à éviter :

Ton texte accroche l'œil parce que :

–il est truffé d'espaces excédentaires , absentes ou mal placées***( j'en dis pose   ici quelques- unes pour que  tu   voies l' effet que ça   produit

  ;

– tu ignores les règles à respecter en matière de sigles (en principe, tout en majuscules seulement s'ils font au maximum 4 caractères et sinon, capitale seulement pour le premier mot, de même que dans le sigle développé. Ex. : ATAA, ATLF, SFT, Ftdei, alias Front traducteur de défense des espaces insécables) ;

– tu ponctues ! à tort, et, à travers... ? ;

– tu oublies de mettre en italiques les titres d'ouvrages, par exemple ;

et tout à l'avenant.

 

Résultat :

– entre deux tests de traduction, à qualité égale pour le fond, un donneur d'ouvrage – si tant est qu'il possède lui-même les compétences pour en juger – choisira plutôt celui rendu sans erreurs de typographie ;

– si ton éditeur dépose un dossier de demande de subvention pour le livre que tu as traduit, il risque d'être renvoyé à la session suivante, après nettoyage des coquilles, espaces indûment sécables et autres petits détails, sans parler les erreurs d'orthographe ;

– si, plein de bonne volonté, tu rédiges un article pour une revue ou un blog de traducteurs, les collègues qui corrigeront ton papier avant publication penseront que tu te paies leur tête se demanderont si tu rends tes textes à tes donneurs d'ouvrage dans le même état et, en cas de surcharge de travail, hésiteront à aiguiller les leurs vers toi car cela donne à penser que tu ne te relis pas.

 

** Comme tu le verras plus loin dans ce billet, ce blog, en mettant des capitales à tous ces mots, enfreint lui-même les règles typo. Mais son Cher Traducteur Inexpérimenté est un cas (pital) à part. :)

*** Eh oui, quand il est terme de typographie, le mot « espace » est du féminin.

 

26 novembre 2014

Gageure, le retour (tant attendu)

Cela faisait longtemps que ce blog acariâtre ne s'était pas excité sur la prononciation du mot « gageure ».

L'autre jour, un jeune paysan évoquait à la radio ses difficultés pour monter son AMAP. Comme il avait sans doute eu la chance d'entendre, dans son entourage et à l'école, « gageure » prononcé « gageure », il le prononçait naturellement « gageure ». Normal, quoi. (Si ce paragraphe vous laisse perplexe, voyez le commentaire de Marie-Céline et ma réponse, en fin de billet.)

Plus ou moins à la même période, de petits films étaient en lice (et non en « lisse » – heureusement que Marie-Céline a l'œil !)  dans le cadre d'un concours visant à promouvoir la traduction. L'auteur de l'un d'eux, qui se trouvait être lui-même traducteur, utilisait le mot « gageure », prononcé « gajeure ». Plus habitué à la langue écrite que parlée, laissait-il contaminer celle-ci par celle-là ? Trouvait-il qu'après tout, puisque cette prononciation figurait dans le dictionnaire – quoique avec la mention « critiqué » ou « à éviter » –, il était en droit de l'employer ? Sais pas.

Une chose est sûre, c'est que réaliser un film (de même que faire un dessin ou un logo) sur un sujet aussi abstrait que la traduction, c'en est une, de gageure. Une autre chose de sûre : mon chouchou dans la sélection a gagné le concours, comme je l'ai appris par le blog de l'ATLF.

 

Words Travel Worlds
Cristina Savelli et Alessandra Maldina


Concours de vidéos du CEATL,
Conseil européen des associations de traducteurs littéraires
Septembre 2014

 

Bravo, mesdames !

Il est chouette, hein ?

Ces sourires pourraient tout aussi bien naître de la lecture d'un rapport d'activité, d'un brevet ou d'un manuel de bricolage bien traduits. Si, si, je vous assure. :)

 

--------------------

À la suite du pertinent commentaire de Marie-Céline, je résume :

« Gageure » se prononce « gajure » et non « gajeure ».

25 novembre 2014

Marie, mon ciel ! (26)

Ce n'est pas beau, ça ?

 

2014-11-25 Nath coucher soleil (Small).jpg

Elle ne fait pas que bien traduire l'italien, Nathalie.
Merci à toi d'alimenter ce blog, qui a plein d'idées de billets
mais pas l'énergie pour les rédiger !
On ne dira pas (d')où la photo est prise. D'ailleurs, on ne le sait pas.

07 novembre 2014

Ils sont venus, ils sont tous là

Quand on sollicite quelque chose auprès de la Scam (Société civile des auteurs multimédia), qu'on lui pose une question tordue, qu'on lui soumet un problème inédit, on obtient satisfaction. Elle va même jusqu'à rendre à ses adhérents des services que les plus vicieux d'entre nous n'oseraient attendre de sa patience et de sa bonne volonté. C'est comme ça. La Scam, elle est gentille et on l'aime.

Cette fois, sans qu'on ne lui demande rien, elle nous a communiqué à tous la liste des traductions de documentaires que nous avons déclarées auprès d'elle. Nos rejetons, en quelque sorte.

Liste Oeuvres TV - Marie-Christine GUYON.pdf

Quand je vous disais qu'ils étaient tous là.

C'est pas beau, ça ? Un train qui arrive non seulement à l'heure mais même en avance car il anticipe nos rêves les plus fous souhaits... Merci, chère Scam.

Et merci à Anthony Panetto qui nous a fait part de l'entrée du train en gare !
Et ce, via le forum de l'ATAA (Association des traducteurs-adaptateurs de l'audiovisuel).
Eh oui, ça sert à quelque chose d'adhérer. :)

 

 

Amis lecteurs également adhérents de la Scam, si ça vous amuse de pavoiser comme moi dans ce billet, envoyez-moi vos listes de documentaires diffusés, je me ferai un plaisir d'insérer les liens ici (si le volume des fichiers et ma technique parfois flageolante le permettent).

 

 

La Scam est une société de répartition des droits de diffusion
d'œuvres audiovisuelles documentaires.

Payés, les interprètes ? Y a pas d'justice !

Vous ne savez pas la meilleure ? Il semblerait que les cousins interprètes prétendent se faire payer pour leur boulot, notamment et y compris quand ils travaillent pour la Justice. Sont gonflés, tout de même. Par chance, le ministère, futé, a trouvé moyen d'échapper à leurs griffes rapaces. Jusqu'à ce qu'il se fasse allumer... par la Justice.

C'est dans un article du Canard enchaîné signé Didier Hassoux (22/11/2014, page 3) et intitulé La justice aligne le ministère de la Justice.

Pas grave, la justice se débrouille par d'autres biais. Cette fois, c'est aidée par la police judiciaire, pas à cours de ressources, humaines plutôt que financières. Et c'est de la fiction mais le polar a l'air plutôt bien documenté :

« Avant de passer à l'échelon local, Olivier et Alice firent le tour des autres services de la PJPP à la recherche de collègues capables d'assurer une conversation téléphonique en arabe, en espagnol, en grec et en italien pour s'adresser directement aux autorités de police locales. La justice avait souvent affaire à des interprètes, mais il faudrait les payer, et Martin leur avait fermement conseillé d'utiliser leurs connexions et de se mettre en quête de bonnes volontés bénévoles.

Pour l'arabe, ils trouvèrent assez facilement une jeune lieutenant des stups, et un des huissiers à l'étage de la direction était d'origine espagnole. Pour le grec et l'italien, ils ne trouvèrent personne, mais Martin leur dit que d'après ses souvenirs, Laurette parlait plutôt bien italien. Pour une fois, ce ne serait pas son expertise psychologique qui serait mise à contribution. Pour le grec, ils allaient devoir faire appel à des compétences extérieures, mais Olivier avait repéré la fille d'un traiteur grec de la rue Saint-André-des-Arts – super jolie en prime – et il n'aurait qu'à traverser la Seine pour se faire assister tout en mangeant des feuilles de vigne farcies et des baklavas. D'une pierre trois coups. »

C'est dans :

Dame d'atout
Alexis Lacaye
Éditions du Masque
2014
p. 285

 

Pour une fois que ce blog monomaniaque
ne voit pas que des traducteurs partout...

 

06 novembre 2014

Bribes ouïes – Dans l'autocar, avec l'accent

Dans l'autocar, la vieille génération entame la conversation. Un rang devant, la jeune génération (= moi, faute de mieux – j'en vois qui rigolent), toutes oreilles dehors, n'en perd pas une miette. Ça se met à causer jardinage et botanique chez les papés and mamés.

– Té, tu dois savoir ça, toi. Un romarin, ça se taille comment ?

– Ça se taille pas. C'est une plante sauvage.

– Celui-là, il est apprivoisé. Mais il devient tellement énorme qu'il me bloque la porte du cabanon.

Et les voilà partis pour des kilomètres, à papoter sauge, hysope, pèbre d'ase (enfin, sarriette, quoi), arquebuse...

« Arquebuse » ? Moi qui ne connaissais que la liqueur. Un nouveau mot à ranger dans ma besace ? Eh oui, une fois rentrée à la niche, je vérifierai et découvrirai que c'est un des noms de l'armoise citron ou aurone mâle.

Et vas-y qu'ils enchaînent sur l'argousier, font un détour par l'arbousier puis bondissent à l'assaut des kakis. Dommage, le car s'arrête, on est arrivés.

Le troisième âge les anciens les seniors les vieux (ben quoi, on dit bien « les jeunes ») peuvent parler comme ça de cueillette de champignons ou de variétés de pommes pendant des après-midi entiers. Je ne me lasse pas de les écouter.