Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09 octobre 2012

Mots appris (16) - Putoiser

Celui-là, je viens de tomber dessus à l'instant. Je n'allais pas vous en priver plus longtemps !

Non, « putoiser » ne signifie pas « tapiner en regardant le client de bas en haut tout en répandant une odeur nauséabonde ». Qu'est-ce que vous allez chercher là ?

Ce verbe veut dire « étendre de la peinture de façon homogène sur de la porcelaine ». On parle de « putoisage », d'après ce que je viens de découvrir.

J'ai rencontré le « pinceau à putoiser » en cherchant le nom exact d'un autre type de pinceau***. Et selon le Robert, il s'appelle aussi « putois », car il est fait des poils de cet animal.

-----

Quelques jours plus tard :

En errant au rayon « Loisirs créatifs » d'un grand magasin, je suis tombée devant une « mousse à putoiser ».

--------

*** Brosse à pochoir, brosse pour pochoir... Il n'y a que des traducteurs pour s'exciter sur des trucs pareils.

25 septembre 2012

Mots appris (15) Nomophobie

Entendu à la radio :

« Je ne réponds plus aux toilettes. »

Explication de texte, donnée lors de la même émission de France Inter :

Certains individus tentent de se libérer de leur assuétude au téléphone mobile - l'exemple ci-dessus en est un encourageant début – atteints qu'ils sont de nomophobie, c'est-à-dire d'une inaptitude à se passer de ce moderne outil de communication. Lequel a manifestement su se rendre indispensable, y compris dans les recoins les plus insoupçonnés de notre vie privée...

Origine de ce néologisme : un calque de l'anglais no-mo(bile)-phobia.

Avant l'époque du portable-qui-se-transporte-même-au-fond-du-couloir-à-gauche, ce mot existait déjà, paraît-il, dans un sens et avec une étymologie différents : il désignerait aussi une peur des lois (nomos). Ne le trouvant pas dans les dictionnaires, je ne peux vérifier si un sujet ayant la phobie des règlements s'emploie à les fuir à toutes jambes ou, au contraire, en a une telle trouille qu'il s'y plie au doigt et à l'œil. Allô ?... Un érudit dans la salle ? Comment ça, vous avez désactivé vos portables ?...

 

 

 

15 août 2012

Mot appris (15) - Bravuconería

Je connaissais bravucón – « bravache », en espagnol. Mais je ne me souvenais pas d'avoir rencontré le substantif correspondant, avant de le croiser dans Riña de gatos Madrid 1936, roman d'Eduardo Mendoza déjà cité dans un autre billet.

Bravuconería...
Il dit bien ce qu'il veut dire ( « rodomontade »), n'est-ce pas ?
Je dirais même qu'il est encore plus parlant pour un francophone...

16 juillet 2012

Mots appris (14) Flippage

Le « flippage » est, avec le « floutage », l’une des deux mamelles du masquage de marques à la télé, viens-je d’apprendre. Il consiste tout simplement à inverser l’image, afin qu'on ne puisse pas identifier le nom de la marque ou son logo (et le floutage consiste à rendre l'image floue, mais je pense cette précision superflue).

– Où as-tu appris ça ? me demandes-tu, Lecteur dont la vive curiosité me réjouit.

– Dans Astérisque, la Lettre de la Scam. Plus précisément, dans un article judicieusement intitulé La Nef des flous, consacré à cette nouvelle manie qu’ont les chaînes de télé d’outrepasser les exigences du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) en masquant systématiquement les marques, alors qu’il n’en demande pas tant, dès lors qu’il n’y a pas d’intention de publicité déguisée. Dans un tout autre domaine, l'administration pénitentiaire voudrait qu'on floute le visage de détenus contre leur volonté, dans un documentaire qui leur est consacré, apprendras-tu toi aussi si tu lis cet article décidément bien intitulé (mais hélas, pas signé. Seul l'ours renseigne sur les rédacteurs du numéro.).

lascamkesse ?? La Scam ? Qu’est-ce ? m’interroges-tu, Lecteur dont la curiosité ne saurait se contenter d’un sigle, alors qu’elle s’exprime elle-même de façon plutôt condensée sur ce coup-là.

– La Scam (Société civile des auteurs multimédia), c’est une société de répartition de droits. Entre autres multiples actions bénéfiques, elle distribue des sous aux auteurs d’œuvres documentaires audiovisuelles, en fonction des recettes des chaînes de télé, stations de radio et autres médias sur lesquels sont diffusées leurs œuvres. À condition qu’ils aient adhéré à la Scam et qu’ils lui déclarent ces diffusions. Les traducteurs de documentaires bénéficient eux aussi des prestations de la Scam, organisme remarquable par son efficacité.

– … , restes-tu coi, Lecteur qui en découvre de belles. Et qui, si tu traduis toi aussi des documentaires, te dis in petto que tu vas dès aujourd’hui déposer ta demande d’adhésion.

Tu as dis « documentaires » ? Et pour les films de fiction, les traducteurs audiovisuels ne touchent rien ? t’enquières-tu, Lecteur toujours pertinent dans ta réflexion mais inapte à rester coi bien longtemps.

– Si, si. Pour les films de fiction, les traducteurs auteurs de sous-titrage ou de doublage peuvent, de la même manière, adhérer à la Ç@ s'@ime. Oui, la même que celle des vedettes du show-biz, bien que j'en déforme la dénomination. Organisme moins remarquable que la Scam par son efficacité, ai-je cru comprendre d'après les témoignages de collègues.

S'ils trouvent les relevés de la Ç@ s'@ime si peu transparents, c'est peut-être parce qu'elle les floute ?... Quoi qu'il en soit, ne percevant dans certains cas que des droits d'un montant ridicule par rapport au nombre de diffusions de leurs œuvres, les collègues flippent sont tout retournés.

----------

Lecteur, si tu as une ou deux images floutées ou flippées à me communiquer, avec autorisation de publication, pour illustrer et agrémenter cet article, je suis preneuse, merci ! Ces derniers temps, mes billets ne sont guère multimédia :( Ce n'est pas faute de disposer de photos floues, mais elles ne sont jamais passées à la télé.

01 juillet 2012

Mots appris (13) - Weltanschauung

L’autre jour, j’écoutais un ancien numéro d’une de mes émissions-chouchous, Tire ta langue, présentée sur France Culture par Antoine Perraud. Pas récent, le numéro, car il datait du 23 novembre 2004. Ce jour-là, l’émission était intitulée Comment sous-titrer les films ?.

Vers la 37e minute, on entend quelques bribes de dialogue des Ailes du désir. Une vraie musique, et pas seulement à cause de l'accompagnement instrumental. Du miel pour les oreilles, même non germanistes. L’animateur interroge alors Estelle Renard, qui fait partie de ses invités, tous traducteurs audiovisuels : 

– Les Ailes du désir nous mènent à cette espèce de langue comme conception du monde… Je crois me souvenir de mes années de lycée qu’il y a un mot allemand pour définir cela, comment dit-on ?…

Estelle répond sans hésiter : « [un truc qui, pour mes oreilles encore emmiellées mais toujours pas germanistes, ressemble vaguement à "Atchoum", mais en plus long.] »

Estelle n’est pour rien au fait que je n’aie pas compris ce mot. Elle l’a fort bien prononcé. Je dois toutefois enquêter auprès de ma Décrasseuse attitrée pour savoir de quoi il s’agit. 

Réponse de ma Décrasseuse attitrée : « C'est la Weltanschauung, un concept effectivement bien connu des germanistes et des freudo-jung-iens, entre autres. :-) » 

Moi : « … » ←Silence éloquent, vous en conviendrez, indépendamment du fait que notre échange se déroule par mél.

Une brève enquête sur Wiki me permet de combler un peu plus une lacune qui a cependant encore de beaux jours devant elle :

« Weltanschauung est un terme allemand désignant la conception du monde de chacun selon sa sensibilité particulière. Il associe "Welt" (monde) et "Anschauung" (vision, opinion, représentation). La Weltanschauung est au départ une vision du monde d'un point de vue métaphysique, notamment dans l'Allemagne romantique ou moderne. » 

Bref, si je replace ma nouvelle acquisition de vocabulaire dans le contexte du sous-titrage, j’en comprends que ça veut dire, dans mon langage à moi : « Sous-titrer, c’est pas fastoche, ça demande un gros boulot d’adaptation culturelle. » Or, souvent, comme l'indique Sylvain Gourgeon, autre participant à l'entretien, on est obligé de rester dans un entre-deux.

Quelqu’un veut-il se dévouer pour broder sur le sujet ce cette vision du monde et de ce qu'elle implique en matière de traduction ? Ici, sous forme d'article que je me ferai un plaisir de publier, ou sur un autre blog, qu’il soit personnel ou associatif ? Ce serait dommage de ne pas approfondir, non ?… La Weltanschauung est dans votre camp ! Danke Schön !

 

Les producteurs de Tire ta langue ont bien voulu exhumer cet ancien numéro pour l’ATAA (Association des traducteurs-adaptateurs audiovisuels), à l’occasion de l'enregistrement d’une nouvelle émission, diffusée, celle-ci, le 17 juin 2012. Cette fois, plusieurs traductrices membres de l'ATAA étaient invitées à s'exprimer sur L’art du sous-titrage et du doublage. Je ne peux vous donner de lien vers celle de 2004***, mais celle de 2012 est .

 

*** Quelques heures plus tard :

Si, en fait, je peux vous le donner, le lien vers l'émission de 2004, comme me le rappellent pertinemment Les Piles dans leur commentaire.

 

------------

Digression :

Au cours de l'émission de 2004, j'entends avec satisfaction le chroniqueur Philippe Barthelet prononcer correctement (mais après tout, ça devrait aller de soi), le mot « gageure », si souvent écorché par ailleurs à la radio, ce qui m'a récemment inspiré un coup de griffe dans un autre article publié sur ce blog.

27 juin 2012

Mot appris (12) - Pipoler

Non non non, vous n'y êtes pas du tout. « Pipoler » n'est pas la dernière pseudo-invention des gazettes qui nous recyclent le carnet mondain depuis que le monde est mondain.

« Pipoler » signifie : « Orner, enjoliver, décorer », vous pouvez le vérifier auprès du Centre national de ressources textuelles et lexicales. Je reconnais que finalement, on n'est pas si loin que ça de vos supputations. Par ailleurs, vous serez sûrement réjouis d'apprendre que parmi les variantes de « pipoler », on a le très charmant « pipeloter » !

« Où as-tu dégoté cet ovni, qui n'existe même pas dans les dictionnaires connus, ceux que tout traducteur a sous le coude réel ou virtuel, pas plus que dans celui de l'Académie française ou dans le Littré ? Une chose est quasiment sûre, tu ne l'as pas trouvé dans Paris-Match, on te connaît. », me direz-vous, en vous fourvoyant un peu sur mes lectures.

J'ai découvert qu'on pouvait pipoler au musée des Années 1930 de Boulogne-Billancourt (92), et plus précisément dans sa section Design industriel, qui regroupe une passionnante collection de tous les trucs familiers de quand on – enfin, moi – était petite. Des appareils photo, des cocottes-minute, des machines à coudre... Ils ont tous de l'allure et de la classe, dans leurs vitrines.

Une partie de l'étage est consacrée à une célèbre marque d'argenterie. Un panneau d'information indique : « Pipoler : enjoliver. Terme retenu par Christofle pour désigner le décor "granito" de certaines pièces. »

Dommage, je n'ai aucune image d'objet pipolé ou non, ni même de la moindre cocotte-minute. Mais tout est là, sur de nombreux étages, car ces années 1930 furent d'une richesse incroyable en création non seulement industrielle mais artistique aussi, bien entendu.

Pas d'images des collections permanentes, mais quelques-unes ici, sur l'expo en cours, consacrée à la sculpture animalière, également des années 1930. Je suis sympa, je vous en parle avant qu'elle soit finie. Magnifiques, les animaux. Bien plus beaux et bien plus à l'avant-garde que tous les pipoles réunis.

------------

Un peu plus tard :

Grâce à une très aimable et attentive Lectrice qui a poussé plus loin la farfouille aux bons mots, en rebondissant du CNRTL au dictionnaire Godefroy, nous en saurons davantage maintenant sur « Pipoler » et sur ses emplois anciens. Merci à elle !