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19 mars 2012

Mots appris (6) - Agelaste

« Agelaste », c’est un mot de Rabelais désignant quelqu’un qui ne sait pas rire.

De Rabelais, j’avais bien retenu « rataconniculer », mais pas « agelaste ». Est-ce « agelaste » ou « agélaste » ? Où se trouve-t-il dans l'œuvre ? Sais pas. Il faudrait que je farfouille. Si un Lecteur peut nous renseigner, merci à lui ! J'espère que ce n'est pas une fausseté de plus en circulation sur le Net, qui attribue tout et n'importe quoi aux grands auteurs, et notamment des citations apocryphes, sans indiquer la source exacte, bien entendu.*

Je viens d’apprendre  « agelaste » grâce à de jeunes comédiens qui font des lectures au bistrot du coin. Cette fois, le sujet était casse-gueule : le rire. Il s’en sont très bien sortis, avec le soutien actif de Charlie Chaplin et de Boby Lapointe, entre autres comparses.

Sont chouettes, ces soirées lectures, qui ne coûtent qu'une conso et quelques pièces (ou plus si grande affinité). J’y avais entendu des passages joliment interprétés du magnifique Soie, d’Alessandro Baricco (Gallimard, traduit de l'italien par Françoise Brun). La quatrième saison s'achève bientôt, mais je parie qu'il y en aura une cinquième (et plus si...).

Je sais, Multitudes de Lecteurs, vous êtes disséminés dans l’immensité intergalactique et la Pelouse, c’est pas la porte à côté. Pas d'excuse : un coup de téléportation devrait suffire à vous faire débarquer un lundi soir, .

 

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* Digression

C'est ainsi qu'on trouve, dans les livres qu'on traduit, de profondes pensées attribuées à Bouddha, Montaigne ou Gandhi, par exemple. En cherchant, on s'aperçoit qu'elles ont été pondues par un obscur gourou (généralement états-unien et contemporain - dans les cas limite, l'auteur du livre en question lui-même). Mais en exergue, son nom ferait quand même moins chic que celui de Bouddha, Montaigne ou Gandhi.

Un peu plus tard...

Tiens, j'en ai encore croisé deux en moins de 10 minutes. Je sens que j'aurai bientôt une compilation suffisante pour consacrer un billet aux citations faussement attribuées.

11 décembre 2011

Mots appris (4) - hiérosolymitain

Lorsque j’ai lu l’adjectif « hiérosolymitain » sous la plume de Pierre Assouline, dans son livre Vies de Job (Gallimard), un carambolage neurono-dyslexico-étymologesque m’a fait sur-le-champ visualiser un tournesol portant des gants sans doigts.

Si tu farfouilles un peu, Lecteur curieux - ou sinon on se demande vraiment ce que tu fais ici -, tu admettras que l’idée de soleil (couchant, en l’occurrence, et non affublé de mitaines) était bel et bien contenue dans l’origine de ce mot.

[Ici, je laisse exprès un paragraphe manquant, que tu complèteras de toi-même pour rendre un semblant de logique à mon discours, Lecteur, quand tu auras trouvé le sens de « hiérosolymitain ». Mais je parie que tu le connaissais déjà ou que tu l’as deviné.]

Car on voyage, dans ce roman (il y a marqué « roman » sur la couverture), à la suite de son auteur. Du Levant au couchant, du nord au sud, en toutes époques et surtout en son histoire et en sa personnalité, du moins pour ce qu’il nous en livre à travers sa quête de Job, qu’il voit partout. Plus jamais je ne considérerai du même oeil ou de la même oreille Bartleby, Joni Mitchell ou les papiers à cigarette, entre autres.

Je vous citerais bien le bouquin en entier. Mais ça ne se fait pas et ce serait d’autant plus malhonnête que je n’ai pas les références pour l’avoir compris en totalité. Sachez que les traducteurs y sont à plusieurs reprises évoqués, et en bien, comme souvent dans les écrits de Pierre Assouline. Mais même ces passages, je vous les laisse découvrir.

Je reprendrai juste un extrait, où l’auteur cite lui-même une autre œuvre. Et où on en revient au soleil, malgré tout :

« Yossel Rakover s'adresse à Dieu est une énigme. Imaginez un texte d’une quinzaine de pages à peine, venu d’on ne sait où, signé d’un certain Zvi Kolitz, publié pour la première fois le 25 septembre 1946 dans le Yiddishe Zeitung de Buenos Aires à l’occasion du jour du Grand Pardon, qui s’avance précédé d’une épigraphe trouvée sur le mur d’une cave de Cologne où des juifs avaient passé toute la guerre : "Je crois au soleil, même s’il ne brille pas. Je crois à l’amour, même si je ne le connais pas. Je crois en Dieu, même s’il se tait." » (Le texte français est la traduction de Léa Marcou, éditions Calmann-Lévy.)

Buttes coucher soleil.JPG

 

27 novembre 2011

Mot appris (3) - Ringard

Ringard ? Oui, mais dans un sens que je n'avais pas coutume de fréquenter.

Ringard, dans le sens de « tige servant à curer l'intérieur d'une pipe à opium ». En effet, ça s'encrasse, une pipe d'opium. À cause d'une sorte de calamine qui s'appelle le « dross ». Autre mot appris.

Le ringard et le dross sont au Louvre des Antiquaires (Paris) jusqu'à demain, entre autres nombreux mots nouveaux pour les non-fumeurs d'opium, et parmi de curieux et magnifiques objets, dans le cadre d'une expo intitulée "Mémoires d'opium".

Le ringard est aussi dans le Robert sous un sens plus large : «Tige de fer servant à attiser le feu, décrasser les grilles, retirer les scories, etc. » Moralité : on a toujours besoin d'un ringard chez soi.

Mot appris (2) - Attachiant

J'avais une excuse pour l'ignorer : il n'existait pas ! Il vient d'être élu mot nouveau de l'année, à juste titre car il manquait.

 

Attachiant

 

Allez savoir pourquoi, je l'aime bien (quand même)...

11 novembre 2011

Mots appris (1) - bortbyting

L'autre jour, j'ai appris un mot.
Circonstance atténuante à mon ignorance : il est suédois.

Il s'appelle bortbyting, ce qui veut dire, « dans la tradition populaire suédoise, un enfant troll que ses parents déposent dans le berceau d'un enfant humain, après avoir volé celui-ci pour leur propre usage ». Il se prononce bʊrtːbyːtiŋ

Les trolls sont décidément capables du pire.

J'ai rencontré le bortbyting dans ce livre :

Henning Mankell
Les Chaussures italiennes
Editions du Seuil, 2009
Dans une traduction qui semble couler de source, signée Anna Gibson
(à qui on doit la NdT de la page 163 sur le coucou-troll, donc).

 

Tenez, deux extraits pour vous allécher :

Page 26 :

« Jansson est quelqu'un pour qui ma générosité bienveillante va de soi, et c'est sans doute pour ça qu'il me déplaît tant.  C'est difficile d'avoir pour plus proche ami quelqu'un qu'on n'aime pas. »

Page 157 :

« J'ai appris qu'au cours de mes années sur l'île, tout à fait à mon insu, une chose m'avait terriblement manqué, et c'était celle-là : boire un verre de vin avec mes amis. »

Entre temps, la glace a fondu et il y a eu de la rédemption dans l'air.

Il s'agit en effet d'un homme vieillissant qui a entrepris de jouer non pas les loups des steppes mais les ours des îlots perdus. Faut dire qu'il a de bonnes raisons d'avoir voulu disparaître dans son trou de glace. Les circonstances et trois femmes vont lui redonner la vie.

 

Encore un petit passage, pour la route. Voilà que l'homme vieillissant parle de la langue – plus que jamais par l'entremise de la traductrice –, maintenant. Dressage d'oreille et matière à réflexion :

« M'obligera.
Quand avais-je entendu pour la dernière fois quelqu'un utiliser cette expression désuète ? [...] Peut-être la langue survivrait-elle autrement au fond de la forêt que dans les grandes villes, où les mots étaient chassés comme des parias ? »

 

Mankell (Small).jpg

 

Merci à C., qui me l'a offert.

 

Tiens, il est beau, ce ciel sur la couverture.
Il mériterait de figurer dans la rubrique
Marie, mon ciel !