Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09 juillet 2014

Mots appris (33) - Plein

Ces temps-ci, entre explorations et lectures, j'ai fait le plein de mots nouveaux :

- Salicaire (n. f.)
Jolie plante sauvage à fleurs rose-mauve, un brin envahissante.

- Adventice (adj.)
Adjectif poli servant à traiter la salicaire et autres jolies plantes de mauvaises herbes (notion pas encore bien acquise chez la malherbophile de service).

- Lampas (n. m.)
Belle étoffe de soie caractérisée par un fil de chaîne supplémentaire (je simplifie pour ne pas vous embrouiller).

- Lat (n. m.)
Inconnu au bataillon des dictionnaires, sauf dans le vieux Larousse maternel, mais avec une définition trop sibylline pour moi. J'ai fini par le repérer aussi dans ce lexique : « Une des trames composant la passée. Un tissu est dit à deux lats lorsque deux trames, de fonction différente, participent alternativement à son exécution. »

- Burgau (n. m.)
Nacre issue d'une catégorie de coquillages du même nom.

Amis conservateurs de musées ou commissaires d'expositions, pourquoi, malgré tout le plaisir et l'intérêt qu'on trouve par ailleurs à vous rendre visite, se sent-on si souvent plus ignare en sortant de chez vous qu'en y entrant ?
Un simple panneau dans un coin de salle, avec dix lignes de glossaire définissant les termes les plus techniques employés sur vos cartels, serait-ce trop demander ? Ou faut-il parcourir vos expos le nez collé-dégooglelisant sur un smartphone ?

- Scutigère (n. f.)
La voici ! (Merci, R.-M., pour avoir mis un nom sur la bestiole dont j'implore la grâce à chaque coup de balai.)

2014-06-08 scutigère DSCN7203_2186 (Small) (2).JPG

- Cacosmie (n. f.)
« Propension à halluciner des odeurs ignobles. » C'est dans Oliver Sacks, L'Odeur du si bémol – L'univers des hallucinations, traduit de l'anglais (États-Unis) par Christian Cler, Seuil, 2012 (p. 67).

- Chaussons de lisière
Depuis le temps que je croisais leur chemin aux pieds d'humbles gens dans les romans du XIXe siècle et ne comprenais pas en quoi ils consistaient... Je l'ai enfin appris grâce à l'excellent animateur qui mène la visite de la maison natale de Louis Braille. Avec découverte du braille et d'autres écritures tactiles, assortie d'exercices à la tablette et au poinçon. Passionnant. Merci à lui.

Explication en contexte : en plus des maths et autres disciplines scolaires, les élèves de l'Institut des jeunes aveugles, à l'époque où Louis Braille perdit lui-même la vue, apprenaient un métier : sparterie, vannerie ou imprimerie de livres en relief pour les enfants qui leur succéderaient dans l'établissement. Et aussi, la confection de ces fameux chaussons en bandes de tissu entrecroisées (ces mêmes lisières qui bordent les draps).

- Marmenteaux (adj. et n. m.)
Mon préféré, car il s'agit de beaux et grands arbres qu'on n'a pas le droit de couper. Et ce n'est pas Idéfix qui japerait le contraire.

Alors, le selfie, tu te distords de jalousie (tu en deviendrais presque moins moche) parce que tu es exclu de ce palmarès ? Mais même si j'étais extraterrestre fraîchement débarquée, je n'aurais besoin ni de dico, ni de word of the year, ni de mot de l'année pour savoir qui tu es !

Coïncidence : même genre de petite ruade dans les brancards de la mode terminologique, L'Émeute des mots, billet d'humeur signé Nicole Mordelet. À lire dans le tout nouveau numéro de Traduire, la revue de la SFT, qui a pour thème À la croisée du texte et de l'image.

01 novembre 2013

Mots appris (30) - Chaume

« Collègue ignare à l'esprit tellement bétonné que tu crois avoir besoin d'un rappel anti-tétanique et de bottes anti-bouses de vache dès que ton métro passe sous le Périf, ne sais-tu donc pas ce qu'est le chaume, dont on couvre le toit de charmantes bicoques pourtant visibles à moins de deux heures de ton cher Paris ou, sans aller plus loin, dans n'importe quelle revue de déco ? », vous entends-je proférer d'ici avec un ton de commisération teintée d'une légère condescendance, tout ça parce qu'il vous est arrivé de passer un week-end à la campagne. 

Ou bien, si vous vous rapprochez sans le savoir de la vérité : « Ton orthographe défaillante ne ferait-elle pas une association d'idées avec une de ces périodes où la traductrice indépendante ne voit que l'oisiveté qui poudroie à l'horizon – chaumedû, du verbe chaumer, bien connu par les temps qui courent –, alors que le mois précédent, elle devait refuser du boulot car tout lui tombait dessus en même temps ? »

Vous n'y êtes point, amis Lecteurs dont on se demande ce qu'ils font devant leur ordi au lieu de célébrer tous les saints.

La chaume (oui, au féminin), ici (comptez sur ce blog pour s'autogéolocaliser), c'est le moment où les brebis, repues, ruminent et font la sieste (idem pour le berger ou la bergère, avec la rumination en option).

Mot appris ici, à l'occasion d'une conférence sur le loup, les brebis, les patous et les deux-pattes qui s'agitent autour.

 

Leçon de vocalubaire terminée, vous pouvez retourner à vos moutonsss !

21 août 2013

Mots appris (29) - Ékraventuphile et crinoline

J'étais ékraventuphile sans le savoir et ne m'en portais pas plus mal, car on a vu mots à sonorité plus jolie et plus évocatrice de ce qu'ils recouvrent. Un(e) ékraventuphile, c'est quelqu'un qui entasse inconsidérément et sans la moindre utilité collectionne les éventails.

« Que tu ne saches pas ce que tu es et comment se nomment tes stupides et encombrantes manies, c'est déjà assez pathétique. Mais que tu ignores à ton âge ce qu'est une crinoline, comme l'indique le titre de ton billet, c'est avouer la pauvreté de ton vocabulaire. Voilà qui est regrettable, dans ton métier et sur un blog à vocation relativement professionnelle », vous entends-je marmonner d'ici, Lecteurs qui devriez à cette heure profiter de vos derniers instants de plage ou surveiller la ligne bleue de votre embouteillage de retour de vacances, au lieu de lire la chronique de Vocale Hubert sur un aillepode à moitié ensablé.

La crinoline n'est pas un mot entièrement nouveau pour moi. Je me souviens même très bien que la question m'avait turlupinée, étant petite, de savoir si mon arrière-grand-mère en avait porté dans sa jeunesse. Je n'avais pas osé la lui poser, malgré les instances d'une génération intermédiaire et probablement rigolarde à l'idée que j'obtempère à son « T'as qu'à lui d'mander ».

Ce que j'ignorais ou avais oublié jusqu'à récemment, c'était l'étymologie pourtant assez visible de ce terme, car la crinoline, c'était à l'origine « un tissu rigide à chaîne de coton ou de lin et à trame de crin de cheval ».

Vous en saurez plus sur les crinolines et autres artifices – braguettes, faux-culs et j'en passe – utilisés à travers les âges pour transformer nos silhouettes en faisant mentir nos vêtements et sous-vêtements, après avoir visité cette expo et même essayé quelques modèles :

La Mécanique des dessous
Musée des Arts décoratifs, Paris
Jusqu'au 24 novembre 2013

Vous y verrez, entre autres, une robe de cour (vers 1760) ornée d'un

parement à pompon à sourcils de hanneton

Rien que pour de petites découvertes comme ça, ça vaut le coup de se déplacer, non ?

Surtout quand on apprend après coup et grâce au précieux portail lexical du CNRTL que pour désigner le même ornement, on parle aussi de soucis d'hanneton. Encore plus charmant, même si on est bien embêté pour l'hanneton.

Quant aux éventails et autres multiples objets publicitaires qu'affectionnent les obsédés des ramasse-poussière collectionneurs (porte-clés, cendriers, boîtes de Banania... je n'étais pas dépaysée par rapport à mon fatras coutumier), ils sont à l'étage au-dessus, dans des salles des Arts déco dont on se demande qui a sauvagement arraché les boiseries ou revêtements de murs, pour qu'ils aient pareille allure de locaux industriels :

Pub Mania
Ils collectionnent la publicité
Jusqu'au 6 octobre

 

Oui, pour une fois, ce satané blog n'a pas attendu exprès que ces manifestations soient terminées pour vous en informer. Mais c'est bien parce que vous êtes sur la plage et avez mieux à faire que lire la chronique de Vocale Hubert.  :)

07 juin 2013

Mots appris (28) - Échine et Cristobalita

Ces jours-ci, j'ai appris plusieurs mots, dont deux que j'ai gardés au frais pour vous.

L'un d'eux, c'est « échine ». Pas dans le sens de « haricot sur lequel d'aucuns me courent, à l'occasion ». Celui-là, je connaissais déjà et tous ceux qui parmi vous ont des voisins, des collègues ou des clients, bref, des congénères, le connaissaient sans doute aussi. Non, l'échine que j'ai rencontrée, c'est une « moulure saillante placée sous l'abaque du chapiteau dorique », selon le Robert, l'abaque étant « la partie supérieure du chapiteau, en forme de tablette ». L'échine, c'est aussi « l'ove du chapiteau ionique ». Ça vous en bouche un temple grec, hein ? Eh oui, rien que dans un chapiteau, qui n'est jamais qu'un bout de colonne, il y a un tas incroyable de terminologie : corbeille, couronnement, tailloir, etc.

Quant à « cristobalita », je suis tombée dessus en ouvrant le María Moliner (dictionnaire unilingue espagnol). Je vous traduis la définition : « quartz présent dans la montagne de San Cristóbal de Pachuca, Mexique. » C'est mignon comme nom, n'est-ce pas ? En français, c'est de la cristobalite. Ce mot ne pouvait qu'éclater une groupie de l'inénarrable tonton Cristobal, qui n'avait pas, il faut croire, que des pesosss et des  lingosss placés à l'ombre (« placés à l'ombre », parce que sur ce blog décent, je ne peux guère écrire qu'il en avait l'cul cousu, comme dans la chanson, d'où cette astucieuse métaphore, dont on observera qu'elle revient au même).

 

Et puis, ces jours-ci encore, je me suis aperçue que le verbe « clore » n'avait pas de passé simple ! Ni d'imparfait ! Et comment je fais, moi ?! Il me les faut ! Merci à ceux qui me les fabriqueront.

 

02 mai 2013

Mots appris (26) - Rocaillage et rusticage

Les mots « rocaillage » et « rusticage » font partie de la foule de choses qu'on apprend lorsqu'on écoute les jardiniers des parcs parisiens. Car, de temps en temps, ils s'expriment. Leur savoir n'a d'égales que leur passion pour leur métier et la modestie avec laquelle ils en parlent. 

Le rocaillage, vous devez vous douter de ce que c'est. Quant au rusticage,
voici ce qu'il consiste à réaliser :

2013-01-20 Rusticage Buttes DSCN6190_1220 (Small).JPG

Oui, ce truc-là même, qui ne trompe que les tous petits enfants. N'empêche, je le croyais, moi, que c'était du vrai bois.

2013-01-20 Rusticage Buttes DSCN6191_1221 (Small).JPG

Avec la neige, ça fait bûche de Noël saupoudrée de sucre glace, hein ?

rocaillage,rusticage,parcs paris
© Ville de Paris

Eh oui, quand je vous parlais de rocaillage, cela ne consistait pas, dans ce contexte, à disposer des pierres pour créer des arrangements minéraux, mais carrément à fabriquer des rochers articiels ou à les réparer.

Tout, dans ce billet, est garanti authentiquement faux...
euh... vrai... euh... (soupir) je ne sais plus.

01 avril 2013

Mots appris (24) - Pétaflop et Pepparkaka

Ce blog, qui n'aurait pourtant demandé que ça, n'a pas pris le temps de se lâcher pour carnaval. Il est vrai que pour lui, cela pourrait consister à se déguiser en blog sérieux.

Il avait pourtant appris un mot fort opportun en ces alentours de Mardi-Gras, lors d'une exposition consacrée aux carnavals parisiens d'antan, à la maison de Balzac. Une gravure illustrait des danses et autres réjouissances anacréontiques.

« Anacréontique » ?... À première audition, ça fait plutôt austère, pour un mot de carnaval, non ? Ne cherchez pas dans le premier dico venu : « Caratéristique d'Anacréon », vous lâcherait-il sans doute du bout du papier bible, comme si ça suffisait à vous éclairer une lanterne. Renseignements pris et ignaritude très légèrement atténuée, Anacréon s'avère être un poète de la Grèce antique qui chantait la volupté. Tiens, tout d'un coup, vous regrettez de l'avoir loupée, comme d'hab, l'expo ?

Puisque ce blog a manqué (à chacun ses ratages) le grand lâchage du carnaval, il a décidé de se rattraper pour le 1er avril, avec des mots pas très présentables, qu'il gardait sous le coude pour vous.

Tout d'abord, pétaflop, entendu à la radio. Un pétaflop, c'est 10 puissance 15 flops à la minute. Ça vous en bouche un pétacoin, non ? Je vous laisse chercher ce qu'est un flop, au cas où vous n'en auriez jamais rencontré au cours de votre brillante carrière. Comme vous collectionnez sans doute plus couramment les bits que les flops, vous disposez maintenant assez d'éléments pour comprendre ce qu'est un pétaoctet, autre nouvelle recrue dans mon vocabulaire. S'il me met moins en joie que le pétaflop, je le vois toutefois assez bien se placer dans une conversation mondaine.

Pour clore cet affligeant étalage d'acquisitions linguistiques qui, sur un sujet normal, ne produiraient d'effet comique que vers l'âge de 3 ans et demi, voici encore un mot (mal)appris. Il se trouve être suédois et porte le gentil nom de pepparkaka.

Je possède peu de photos exploitables de pétatrucs, mais voici un magnifique échantillon de pepparkaka :

2012-10-13 Pepperkaka DSCN5968_1454 (Small).JPG

On en mangerait, n'est-ce pas ? Et pour cause. Cette maquette de l'hôtel de Marle, alias l'Institut suédois, à Paris (admirez la charpente en forme de carène renversée), est confectionnée en pepparkaka, qui est un biscuit aux épices. Elle est l'œuvre d'un « architecte et artiste culinaire », Rolf Stålberg. J'ignore si, depuis que j'ai pris la photo, les souris ou autres amateurs l'ont grignotée. Non, non, je ne suis pour rien dans la curieuse absence de cheminées sur l'hôtel de pepparkaka.