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11 janvier 2013

Mots appris (22) - Idiolecte

Depuis quelque temps, je vois des idiolectes partout.

Ça a commencé par quelques lignes, à propos des provincialismes et autres aspects originaux du langage de Shakespeare, comme par exemple son rare emploi du mot also :

« De telles particularités constituent ce qu’il est convenu d’appeler l’idiolecte de quelqu’un, et celui de Shakespeare ne ressemble évidemment à aucun autre. »

Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le chapitre concernait ce « désir très ardent » qui existe chez beaucoup de gens « de croire que les pièces de William Shakespeare ont été écrites par quelqu’un d’autre que William Shakespeare ».

C’était dans ce livre qui, malgré ou à cause de son sous-titre, vous en apprendra beaucoup sur le Barde et sur son époque :

Shakespeare – Antibiographie
Bill Bryson
Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray
(Laquelle m’a confirmé que dans la version originale, l’auteur avait bien utilisé le mot idiolect. J’ai préféré poser la question. On ne sait jamais. Et une question idiote à propos d'un idiolecte – d'autant plus que ce mot vient de l'anglais, ce que j'allais apprendre plus tard – doit être relativement tolérable.)
Petite Bibliothèque Payot, 2012, p. 214

 

Puis, je suis tombée sur deux nouveaux idiolectes, là :

« Oui, mais encore ? Comment en est-il venu à créer une vraie langue ? Et s’il ne la parle avec personne, n’est-ce pas seulement un idiolecte ?

“Les idiolectes, je n’y crois pas. Chacun (…) parle un dialecte de sa propre langue. Dès que j’ai commencé à me servir du wardwesân, l’idiome s’est enrichi, modifié. Et l’enjeu est devenu le développement d’un véritable objet littéraire : impossible de créer une langue sans créer une littérature dans cette langue.” »

Cette fois, c’était dans :

Le wardwesân sans peine
Article d’Emmanuèle Sandron, dans lequel celle-ci s’entretient autour d'un sandwich arlésien avec Frédéric Werst, créateur de cette langue
Dans Translittérature, la revue de l’ATLF, n° 42, hiver 2012, p. 88

 

Enfin, je succombai sous une avalanche d’idiolectes, dont je ne vous livre que le début :

« Idiolecte : aphorisme et jeux de mots

Lors du transfert, s’attacher à garder la singularité du texte, c’est prendre en compte non seulement le sociolecte (porteur de valeurs socioculturelles) mais aussi l’idiolecte (en cas de présence, bien sûr). En principe, les linguistes, et tout particulièrement les sociolinguistes, affirment qu’il existe toujours des zones de contact entre dialecte, sociolecte et idiolecte. Si le sociolecte est porteur de valeur collectives, l’idiolecte – procédé de codification de premier ordre – est porteur d’une vision individuelle. Chaque idiolecte possède ses formes préférées, sa phraséologie spécifique et même ses propres mots. »

C’était dans :
Traduire la nouvelle génération d’écrivains égyptiens : réussir un puzzle minimaliste
Article de Sahar Samir Youssef
Dans Traduire, la revue de la SFT, n° 226 « Face au miroir », 1er semestre 2012, p. 120

 

Ils sont partout, je vous dis ! C'est à peine si j'ose encore ouvrir un bouquin, moi. Je me sens cernée...

 

« Idiolecte :

Utilisation personnelle d'une langue par un sujet parlant.
Tous les idiolectes sont différents.
»

Petit Robert

 

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Si toi aussi, Lecteur, tu possèdes ton idiolecte,
vas-y, exprime ta singularité linguistique
dans les commentaires.

24 décembre 2012

Les auteurs à la maison

Toute de rouge vêtue, la mère Noël SCAM a inauguré jeudi dernier
sa Maison des auteurs.

Ses invités s'étaient mis au diapason (si je puis dire ?), y compris les Schtroumpfs traducteurs ignorant jusqu’à l’existence d’une autre couleur que le bleu, mais qui avaient fait un effort pour l’occasion, d’autant plus volontiers qu’elle leur a offert une jolie écharpe – rouge.

La Maison des auteurs, ce sont des locaux spécialement destinés à ses membres, réalisateurs de documentaires, journalistes, photographes – et aussi traducteurs-adaptateurs de documentaires. Ils pourront y boire un coup consulter la presse spécialisée, explorer la base professionnelle de l'INA, s’y retrouver avec leurs collègues ou organiser leurs rendez-vous professionnels. Des débats et ateliers seront également organisés dans ce nouvel espace.

La SCAM mettait déjà à la disposition de ses membres ses salles de projection et de réception pour des évènements tels que les soirées annuelles d’information de l’ATAA. Mais désormais, son bel hôtel particulier sera un véritable lieu de villégiature…

 Merci, la SCAM ! Joyeux Noël à toi
et aux Schtroumpfs peints en rouge, pour l'occasion.

20 novembre 2012

Mots appris (19) - Becquets et paperolles

De même que les vicomtes, les fous d’informatique ou les coureurs de fond (etc.) se racontent des histoires de vicomtes, de fous d’informatique ou de coureurs de fond, les traducteurs se racontent des histoires de traducteurs, en papotant sur des forums.

Souvent, le papotage consiste à aider les collègues quand ils sèchent sur un terme. La plupart d’entre eux ne posent une question qu’après avoir épluché, si je puis dire et dans un ordre variable, la Toile, les bouquins qu’ils ont sous la main, leur mémoire, les connaissances de leur entourage, la bibliothèque municipale ou un centre de ressources documentaires plus spécialisé. Question de conscience professionnelle et d’amour-propre. [Idem pour les jeux de mots : vous partageriez, vous, être sainement égoïste, les délices procurées par la recherche de leur équivalent dans la langue cible ? Pas plus que l’écureuil de LÂge de glace *** ne cèderait son gland et seulement dans un cas désespéré ? Nous sommes bien d’accord.]

L’autre jour, c’est l'ami Frédéric qui, après avoir épuisé ses pourtant vastes ressources, appelait les collègues à la rescousse :

« J’ai le souvenir d’avoir croisé un terme désignant les petits bouts de papier que l’on insère dans un jeu d’épreuves afin d’y signaler les corrections proposées. Si ma mémoire ne m’égare pas, le mot désigne également une scène ajoutée à une pièce de théâtre lors des répétitions. J’ai déjà perdu un temps déraisonnable à cajoler et menacer ma cervelle qui persiste à me narguer. »

Ça n’a pas loupé : dans les 7 minutes qui ont suivi, Frédéric recevait deux réponses, d’Évelyne et d’Éric. Je laisse un peu d’espace avant de vous livrer la soluce, pour que si ça vous amuse, vous puissiez vous aussi vous creuser le ciboulot en quête de souvenirs enfouis.

 

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Eh bien, ces petits papiers s’appellent des « becquets » ou « béquets ». Merci les amis, merci la liste de diffusion de l’ATLF, vous m’avez appris un mot ce jour-là.

Frédéric nous communique ce qu'en dit le Big Bob, confirmant au passage le sens théâtral qu'il attribuait au becquet :

becquet [bDkD] n. m.

ÉTYM. 1587; bechez, v. 1170; de bec.

v

1 Vx. Petit bec.
2 Mod. (Objets matériels). a (xiiie). Pêche. Brochet; saumon à museau allongé.
b Cuis. Chair de porc attachée à la mâchoire inférieure et consommée ordinairement fumée.
c Techn. Morceau de cuir pointu destiné à renforcer la semelle usée d'une chaussure.Menuis. Morceau de bois rajusté à une cassure.Autom. Pièce de carrosserie (élément stabilisateur aérodynamique) ajoutée à l'avant et à l'arrière d'une automobile pour améliorer l'écoulement de l'air le long du véhicule.
3 (1808, béchet). Imprim. | Becquet ou béquet (morceau de papier portant un texte) : languette, petit morceau de papier écrit qu'on ajoute à une épreuve pour signaler une correction, un ajout.
¨ Typogr. Morceau de papier fin collé sous la feuille de mise en train pour mieux faire ressortir, lors de l'impression, les caractères qui apparaissent faibles sur l'épreuve.
¨ (Av. 1850). Argot de théâtre. Fragment de scène ajouté par l'auteur au cours des répétitions.
0 Tous ont mal joué, préoccupés de leurs toilettes et des derniers béquets, voulant jouer comme je veux et contre Antoine, furieux, qui ne sait plus un mot de son rôle.
J. Renard, Journal, 1er mai 1903.

Les becquets des copains m’ont fait penser à un autre mot, un joli mot également appris de frais et qui me semble en être synonyme ou presque (?) : les « paperolles », qu’utilisait Marcel Proust pour apporter des ajouts à ses écrits.

Et comme d’un mot, ou d’un de ses sens, on saute souvent à un autre, j’ai aussi appris récemment et par ailleurs (lors d'une farfouille dans le domaine des « loisirs créatifs », merci aux cousins québécois pour leur Abécédaire) que les paperolles étaient également d’étroites bandes de papier enroulées sur elles-mêmes et servant à réaliser des ornements et tableaux. Mais vlatipa que d'éminents spécialistes des arts populaires contestent l'adéquation de ce terme. Et profitent de votre visite pour vous en apprendre une quantité
d'autres ! Ouf, ils répertorient « égrenure » mais pas « engrenage »...

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Deux jours plus tard...

La vie de traducteur/trice étant, comme l'expriment au plus juste Les Piles intermédiaires, « une suite d'ébouriffantes coïncidences sans hasards », je suis tombée à peu près au moment où je rédigeais ce billet sur un devis de maçonnerie. Oui, je tombe assez souvent sur des devis d'entreprises du bâtiment, et ce n'est ni parce que je les traduis, ni parce que mes droits d'auteur me permettent de me faire construire des baraques un peu partout.

Dans ce devis, il était question de la réparation d'un becquet ! Encore un ! Pas le becquet en papier de Frédéric, ni celui de l'argot de théâtre, ni aucun exactement de ceux que nous cite son Grand Robert. Dans ma terminologie à moi, c'est « un machin en béton au bord du balcon de la voisine (qui part en miettes, en l'occurrence - non, pas la voisine, quoique) ». Donc, encore un nouveau sens !

Après enquête dans un glossaire d'étanchéité en ligne, ce becquet-là s'avère être un « dispositif destiné à protéger la tête du relevé d'étanchéité, empêchant l'eau de migrer vers le relevé ».

Quand Les Piles vous disent qu'on a une vie ébouriffante... C'est tout le temps comme ça. On tombe sur un terme bizarre et inconnu au possible et dans les heures qui suivent, on retombe dessus dans un contexte différent. Et souvent, celui-ci répond à la question que posait le terme dans la précédente occurrence. Dès que j'ai un stock de ces petites coïncidences termino-anecdotiques, je vous fais une compil.

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*** À propos, quelqu’un peut-il me dire pourquoi cette bestiole ressemble furieusement à un renard ? D’accord, Scrat est un écureuil préhistorique et son espèce a peut-être eu le temps d’évoluer depuis l’ère des mammouths, mais quand même, ça m’intrigue. Merci !

07 novembre 2012

On recherche

  • La traduction des proverbes (français-arabe) 
  • Le traducteur en tant que médiateur culturel. L'exemple de Rifâ'a Tahtawi.
  • La traduction de l'essai littéraire 
  • La cotraduction 
  • La métaphore en traduction 
  • Traduire la philosophie, quelque part dans l'inachevé : Descartes et ses objecteurs traduits en langue espagnole. 
  • Le processus de l'interprétation en langue des signes
  • Traduction et musique : la comédie musicale

Voilà. Quelques sujets de thèses, parmi d'autres. Où ça, où ça ?! À l'ÉSIT (École supérieure d'interprètes et de traducteurs, Paris III-Sorbonne Nouvelle). Eh oui, on y fait aussi de la recherche.

06 novembre 2012

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (6) - Copier-coller avec pertinence

Cher petit, loupiot, lardon, nouveau-né Jeune Collègue Inexpérimenté,

Je souhaite aujourd’hui te mettre en garde contre une solution de facilité bien tentante. On te donne un texte où certains mots – des noms géographiques, par exemple –, reviennent fréquemment. « Qu’à cela ne tienne, te dis-tu, toujours prêt à l’astuce et à l’initiative qui te permettront de gagner du temps... Utiliserai-je mon logiciel de TAO*** favori, sur ce livre ? Peut-être pas. Mon rusé éditeur risquerait de se rendre compte d’un style disons un peu… mécanique. Je m’en vais traduire ces noms, puis je n’aurai plus qu’à les rechercher-remplacer partout dans le texte. Et le tour sera joué. »

Emporté par ton enthousiasme à l’idée de faire monter ta productivité en flèche, et plutôt que d’utiliser ton habile stratagème avec prudence et discernement en dégainant ton Rechercher-Remplacer occurrence par occurrence,  tu choisis l’option Rechercher-Remplacer tout.

Exemple (vécu) de conséquences : supposons que ton bouquin fasse souvent allusion à un grand pays ami d’Outre-Atlantique. Tu traduis consciencieusement « USA » – c’est tout à ton honneur –, par « États-Unis ». Hop, trois clics et voilà le grand pays ami recherché-remplacé sur 300 pages. Tu oublies un détail, cher jeune collègue, une petite occurrence de rien du tout, surtout si tu ne te relis pas autant que je t'exhorte à le faire. Dans le meilleur des cas, ce détail va laisser perplexe le correcteur, qui te signalera le bug. Au pire, si le correcteur est distrait ou inexistant, l’erreur passera à l’as. Et alors, comme il est aussi question dans cet ouvrage de divers médiums artistiques (aquarelle, pastel, etc.), l’éditeur vendra un bouquin dans lequel sont décrites des œuvres dessinées au fÉtats-Unisin

Comment ça, « Quand tu dis “exemple vécu”, ô mon Aînée, faut-il entendre “bourde commise par toi” ? » ? [Oui, il m’appelle respectueusement comme ça et je n’ose lui faire comprendre que « néné » est à la fois d'une familiarité suspecte et un peu trop proche de « mémé », pour mon goût.] Bien sûr que non, jeune insolent.

Tu essaies de rattraper l'offense, tout en lavant ton propre honneur blessé : « Tu me sous-estimes, traductrice vénérée mais chenue au point de friser la sénilité. Comment peux-tu me croire assez sot pour me laisser aller à des bévues pareilles ? » [On notera que je traduis le langage de mon estimé Jeune Collègue, de façon qu’il soit présentable sur ce blog de haute tenue. Sans quoi, ses propos seraient tellement caviardés que le Lecteur aurait du mal à les décrypter.]

Tu as raison, cher Jeune Collègue. Ce n’est pas forcément chez d'humbles débutants qu’on les observe, les Rechercher-Remplacer ravageurs et les dégâts du Traduire par copier-coller.


***TAO : traduction assistée par ordinateur

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Ah, et puis, tant que j'y suis : quand tu circules à vélo, te croyant hors de danger parce que tu as sur la tête le casque offert par tes parents à Noël, ne trimbale pas ton antivol dans un sac à dos. En cas de chute, qui autrement pourrait être bénigne, tu risques de graves lésions de la colonne vertébrale et de rester paralysé à vie. Ou mort à mort.

20 octobre 2012

Lettre à un resté

Cher Téléspectateur du service public, cher alter ego audiovisuel,

J’ai le regret de te dire que tu es un resté.

En choisissant de regarder un documentaire plutôt qu’une autre émission, tu espères t’instruire et te divertir à la fois. Tu penses que les chaînes qui portent le nom de ton pays, suivi d’un numéro, sont immanquablement fidèles à une réputation d’excellence. Friand de nature, de techniques ou d’histoire, tu crois que tu vas pouvoir approfondir tes connaissances dans ces domaines et dans d'autres, t’étonner, t’émerveiller face à des images soutenues par un commentaire de haut niveau, qui fera honneur à ta belle langue.

Ben non. Enfin, pas toujours. Pourquoi ? Parce que certains des intermédiaires situés entre les auteurs de documentaires et toi – je veux dire au sein des chaînes de service public ou chez leurs prestataires –  ont décrété que tu n’avais que des aptitudes et un vocabulaire limités.

Par exemple, supposons que le documentaire que tu as choisi de regarder ce soir vienne de l’étranger. Il a été traduit. Enfin… « adapté ». Le malheureux individu chargé d'adapter le commentaire en français s’est vu intimer l’ordre de niveler toute originalité dans le style de l’auteur. En outre, à coups d’instructions aussi péremptoires que nébuleuses (et contradictoires, car les donneurs d'ordre n'ont manifestement pas vu le documentaire), on lui a fait comprendre que tu n’étais pas censé avoir plus de cent mots à ta disposition. Par exemple, il sait d’avance que s’il écrit « demeurer », l’un des intermédiaires évoqués plus haut va aussi sec le remplacer par « rester ». (À croire que le bougre de traducteur le fait exprès, juste pour voir si ses prévisions se confirment.) Car « demeurer », c’est d’un niveau inaccessible pour toi. Et puis, trois syllabes, c’est trop long pour ta comprenette.

Tout est à l’avenant. Les notions scientifiques ou techniques contenues dans le film sont nivelées elles aussi par les brillants esprits qui se chargent de réviser la copie du bougre. Au point que le malheureux traducteur, en regardant le documentaire à la télé, comme toi, reconnaîtra parfois à peine le texte qu’il signe au générique. Et que l’auteur du documentaire, s’il voyait cela lui aussi et comprenait le français, ne reconnaîtrait pas son bébé. Qu'y pourrait-il ? Sans doute pas grand-chose, depuis son pays.

 

Dans le numéro 40 d’Astérisque, La Lettre de la Scam, Geneviève Guicheney, journaliste, signait un article intitulé J’aimerais tant que le service public… Médiatrice du Groupe France Télévisions de 1998 à 2004, elle y évoquait ce rôle et terminait par ceci : « La plainte majuscule des téléspectateurs exprimée à longueur de courriers se résume à une phrase : “Vous nous prenez pour des imbéciles”. En cela au moins la télévision n’échappe pas à son époque. »

 

Merci à elle et à la toujours précieuse Scam (Société civile des auteurs multimédia). Si elles et les téléspectateurs pouvaient être entendus !

 

« Le documentaire n'est pas un sujet, mais une œuvre
qui marie une connaissance ou une expérience à une vision. »

Extrait du Manifeste pour le Documentaire, publié en 2012
par France Télévisions et cité par Jean-Xavier de Lestrade,
président de la Scam, dans l'éditorial du n° 42 d'Astérisque.