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26 novembre 2014

Gageure, le retour (tant attendu)

Cela faisait longtemps que ce blog acariâtre ne s'était pas excité sur la prononciation du mot « gageure ».

L'autre jour, un jeune paysan évoquait à la radio ses difficultés pour monter son AMAP. Comme il avait sans doute eu la chance d'entendre, dans son entourage et à l'école, « gageure » prononcé « gageure », il le prononçait naturellement « gageure ». Normal, quoi. (Si ce paragraphe vous laisse perplexe, voyez le commentaire de Marie-Céline et ma réponse, en fin de billet.)

Plus ou moins à la même période, de petits films étaient en lice (et non en « lisse » – heureusement que Marie-Céline a l'œil !)  dans le cadre d'un concours visant à promouvoir la traduction. L'auteur de l'un d'eux, qui se trouvait être lui-même traducteur, utilisait le mot « gageure », prononcé « gajeure ». Plus habitué à la langue écrite que parlée, laissait-il contaminer celle-ci par celle-là ? Trouvait-il qu'après tout, puisque cette prononciation figurait dans le dictionnaire – quoique avec la mention « critiqué » ou « à éviter » –, il était en droit de l'employer ? Sais pas.

Une chose est sûre, c'est que réaliser un film (de même que faire un dessin ou un logo) sur un sujet aussi abstrait que la traduction, c'en est une, de gageure. Une autre chose de sûre : mon chouchou dans la sélection a gagné le concours, comme je l'ai appris par le blog de l'ATLF.

 

Words Travel Worlds
Cristina Savelli et Alessandra Maldina


Concours de vidéos du CEATL,
Conseil européen des associations de traducteurs littéraires
Septembre 2014

 

Bravo, mesdames !

Il est chouette, hein ?

Ces sourires pourraient tout aussi bien naître de la lecture d'un rapport d'activité, d'un brevet ou d'un manuel de bricolage bien traduits. Si, si, je vous assure. :)

 

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À la suite du pertinent commentaire de Marie-Céline, je résume :

« Gageure » se prononce « gajure » et non « gajeure ».

06 octobre 2014

(Beaucoup) mieux que le beaujolais nouveau...

... et encore plus primeur, il est là, le nouveau site de l'ATLF (Associations des traducteurs littéraires de France) ! Quelques détails restent à fignoler mais il sera bientôt tout à fait au point.

À consommer sans modération.

Cher alien ignorant jusqu'au sens du mot « littéraire »    extraterrestre pas plus implanté que ça sur le marché de l'édition française    frais débarqué n'ayant jamais ouvert un bouquin    outsider traduisant des livres sans se savoir auteur jeune Traducteur inexpérimenté,

Prends-en de la graine. Même si tu n'as pas encore travaillé pour l'édition ou pour d'autres domaines qui, comme l'audiovisuel, relèvent du droit d'auteur, ce site te procurera une foule d'informations, utiles à savoir avant de mettre un orteil en ces forêts touffues.

Et toi, cher Lecteur passant dans le coin par le plus grand des hasards, tu peux aussi te promener sur le site pour découvrir ce qu'est la traduction d'édition, prestigieuses citations à l'appui. Tu en repartiras sans doute convaincu que sans traducteurs, tes librairies favorites seraient fort dépeuplées.

Quant à toi, vénéré donneur d'ouvrage, tu éplucheras l'annuaire avec délectation. N'écoutant que mon côté serviable et prompte à t'éviter des pertes de ton précieux temps, je te mâche le travail. Il ne me reste plus qu'à refondre ma fiche...

11 janvier 2013

Mots appris (22) - Idiolecte

Depuis quelque temps, je vois des idiolectes partout.

Ça a commencé par quelques lignes, à propos des provincialismes et autres aspects originaux du langage de Shakespeare, comme par exemple son rare emploi du mot also :

« De telles particularités constituent ce qu’il est convenu d’appeler l’idiolecte de quelqu’un, et celui de Shakespeare ne ressemble évidemment à aucun autre. »

Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que le chapitre concernait ce « désir très ardent » qui existe chez beaucoup de gens « de croire que les pièces de William Shakespeare ont été écrites par quelqu’un d’autre que William Shakespeare ».

C’était dans ce livre qui, malgré ou à cause de son sous-titre, vous en apprendra beaucoup sur le Barde et sur son époque :

Shakespeare – Antibiographie
Bill Bryson
Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray
(Laquelle m’a confirmé que dans la version originale, l’auteur avait bien utilisé le mot idiolect. J’ai préféré poser la question. On ne sait jamais. Et une question idiote à propos d'un idiolecte – d'autant plus que ce mot vient de l'anglais, ce que j'allais apprendre plus tard – doit être relativement tolérable.)
Petite Bibliothèque Payot, 2012, p. 214

 

Puis, je suis tombée sur deux nouveaux idiolectes, là :

« Oui, mais encore ? Comment en est-il venu à créer une vraie langue ? Et s’il ne la parle avec personne, n’est-ce pas seulement un idiolecte ?

“Les idiolectes, je n’y crois pas. Chacun (…) parle un dialecte de sa propre langue. Dès que j’ai commencé à me servir du wardwesân, l’idiome s’est enrichi, modifié. Et l’enjeu est devenu le développement d’un véritable objet littéraire : impossible de créer une langue sans créer une littérature dans cette langue.” »

Cette fois, c’était dans :

Le wardwesân sans peine
Article d’Emmanuèle Sandron, dans lequel celle-ci s’entretient autour d'un sandwich arlésien avec Frédéric Werst, créateur de cette langue
Dans Translittérature, la revue de l’ATLF, n° 42, hiver 2012, p. 88

 

Enfin, je succombai sous une avalanche d’idiolectes, dont je ne vous livre que le début :

« Idiolecte : aphorisme et jeux de mots

Lors du transfert, s’attacher à garder la singularité du texte, c’est prendre en compte non seulement le sociolecte (porteur de valeurs socioculturelles) mais aussi l’idiolecte (en cas de présence, bien sûr). En principe, les linguistes, et tout particulièrement les sociolinguistes, affirment qu’il existe toujours des zones de contact entre dialecte, sociolecte et idiolecte. Si le sociolecte est porteur de valeur collectives, l’idiolecte – procédé de codification de premier ordre – est porteur d’une vision individuelle. Chaque idiolecte possède ses formes préférées, sa phraséologie spécifique et même ses propres mots. »

C’était dans :
Traduire la nouvelle génération d’écrivains égyptiens : réussir un puzzle minimaliste
Article de Sahar Samir Youssef
Dans Traduire, la revue de la SFT, n° 226 « Face au miroir », 1er semestre 2012, p. 120

 

Ils sont partout, je vous dis ! C'est à peine si j'ose encore ouvrir un bouquin, moi. Je me sens cernée...

 

« Idiolecte :

Utilisation personnelle d'une langue par un sujet parlant.
Tous les idiolectes sont différents.
»

Petit Robert

 

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Si toi aussi, Lecteur, tu possèdes ton idiolecte,
vas-y, exprime ta singularité linguistique
dans les commentaires.

27 novembre 2012

Mots appris (20) - Dictionnairique

« Vérifions dans le dictionnaire. »

« Ce mot n'est pas français, il n'est pas dans le dictionnaire. »

Ces deux phrases trahissent une double méprise.

Ceux qui se repaissent de pages de dictionnaires voudront sans doute en apprendre plus car, même sans le savoir, ils s'intéressent probablement à la dictionnairique.

C'est le sujet du Musée virtuel des dictionnaires, un de ces sites sur lesquels il vaut mieux ne pas tomber si on ne dispose que de 24 heures par jour, dont une bonne partie consacrée à manger et à dormir.

En effet, ils vous happent dès que vous mettez le nez dedans ;( Celui-là est l'œuvre du Métadif, organisme affilié au CNRS et à l'Université de Cergy-Pontoise. On ne les remercie pas !

Comment ai-je malencontreusement mis le bout du museau dans cet engrenage ? En cherchant innocemment la réponse à la question posée par une consœur, Gisèle J., sur le forum de l'ATLF. Prise d'un doute, elle se demandait s'il convenait d'écrire en italiques le titre d'un dictionnaire, comme on le fait pour les autres livres. On ne la remercie pas non plus !

 

20 novembre 2012

Mots appris (19) - Becquets et paperolles

De même que les vicomtes, les fous d’informatique ou les coureurs de fond (etc.) se racontent des histoires de vicomtes, de fous d’informatique ou de coureurs de fond, les traducteurs se racontent des histoires de traducteurs, en papotant sur des forums.

Souvent, le papotage consiste à aider les collègues quand ils sèchent sur un terme. La plupart d’entre eux ne posent une question qu’après avoir épluché, si je puis dire et dans un ordre variable, la Toile, les bouquins qu’ils ont sous la main, leur mémoire, les connaissances de leur entourage, la bibliothèque municipale ou un centre de ressources documentaires plus spécialisé. Question de conscience professionnelle et d’amour-propre. [Idem pour les jeux de mots : vous partageriez, vous, être sainement égoïste, les délices procurées par la recherche de leur équivalent dans la langue cible ? Pas plus que l’écureuil de LÂge de glace *** ne cèderait son gland et seulement dans un cas désespéré ? Nous sommes bien d’accord.]

L’autre jour, c’est l'ami Frédéric qui, après avoir épuisé ses pourtant vastes ressources, appelait les collègues à la rescousse :

« J’ai le souvenir d’avoir croisé un terme désignant les petits bouts de papier que l’on insère dans un jeu d’épreuves afin d’y signaler les corrections proposées. Si ma mémoire ne m’égare pas, le mot désigne également une scène ajoutée à une pièce de théâtre lors des répétitions. J’ai déjà perdu un temps déraisonnable à cajoler et menacer ma cervelle qui persiste à me narguer. »

Ça n’a pas loupé : dans les 7 minutes qui ont suivi, Frédéric recevait deux réponses, d’Évelyne et d’Éric. Je laisse un peu d’espace avant de vous livrer la soluce, pour que si ça vous amuse, vous puissiez vous aussi vous creuser le ciboulot en quête de souvenirs enfouis.

 

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Eh bien, ces petits papiers s’appellent des « becquets » ou « béquets ». Merci les amis, merci la liste de diffusion de l’ATLF, vous m’avez appris un mot ce jour-là.

Frédéric nous communique ce qu'en dit le Big Bob, confirmant au passage le sens théâtral qu'il attribuait au becquet :

becquet [bDkD] n. m.

ÉTYM. 1587; bechez, v. 1170; de bec.

v

1 Vx. Petit bec.
2 Mod. (Objets matériels). a (xiiie). Pêche. Brochet; saumon à museau allongé.
b Cuis. Chair de porc attachée à la mâchoire inférieure et consommée ordinairement fumée.
c Techn. Morceau de cuir pointu destiné à renforcer la semelle usée d'une chaussure.Menuis. Morceau de bois rajusté à une cassure.Autom. Pièce de carrosserie (élément stabilisateur aérodynamique) ajoutée à l'avant et à l'arrière d'une automobile pour améliorer l'écoulement de l'air le long du véhicule.
3 (1808, béchet). Imprim. | Becquet ou béquet (morceau de papier portant un texte) : languette, petit morceau de papier écrit qu'on ajoute à une épreuve pour signaler une correction, un ajout.
¨ Typogr. Morceau de papier fin collé sous la feuille de mise en train pour mieux faire ressortir, lors de l'impression, les caractères qui apparaissent faibles sur l'épreuve.
¨ (Av. 1850). Argot de théâtre. Fragment de scène ajouté par l'auteur au cours des répétitions.
0 Tous ont mal joué, préoccupés de leurs toilettes et des derniers béquets, voulant jouer comme je veux et contre Antoine, furieux, qui ne sait plus un mot de son rôle.
J. Renard, Journal, 1er mai 1903.

Les becquets des copains m’ont fait penser à un autre mot, un joli mot également appris de frais et qui me semble en être synonyme ou presque (?) : les « paperolles », qu’utilisait Marcel Proust pour apporter des ajouts à ses écrits.

Et comme d’un mot, ou d’un de ses sens, on saute souvent à un autre, j’ai aussi appris récemment et par ailleurs (lors d'une farfouille dans le domaine des « loisirs créatifs », merci aux cousins québécois pour leur Abécédaire) que les paperolles étaient également d’étroites bandes de papier enroulées sur elles-mêmes et servant à réaliser des ornements et tableaux. Mais vlatipa que d'éminents spécialistes des arts populaires contestent l'adéquation de ce terme. Et profitent de votre visite pour vous en apprendre une quantité
d'autres ! Ouf, ils répertorient « égrenure » mais pas « engrenage »...

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Deux jours plus tard...

La vie de traducteur/trice étant, comme l'expriment au plus juste Les Piles intermédiaires, « une suite d'ébouriffantes coïncidences sans hasards », je suis tombée à peu près au moment où je rédigeais ce billet sur un devis de maçonnerie. Oui, je tombe assez souvent sur des devis d'entreprises du bâtiment, et ce n'est ni parce que je les traduis, ni parce que mes droits d'auteur me permettent de me faire construire des baraques un peu partout.

Dans ce devis, il était question de la réparation d'un becquet ! Encore un ! Pas le becquet en papier de Frédéric, ni celui de l'argot de théâtre, ni aucun exactement de ceux que nous cite son Grand Robert. Dans ma terminologie à moi, c'est « un machin en béton au bord du balcon de la voisine (qui part en miettes, en l'occurrence - non, pas la voisine, quoique) ». Donc, encore un nouveau sens !

Après enquête dans un glossaire d'étanchéité en ligne, ce becquet-là s'avère être un « dispositif destiné à protéger la tête du relevé d'étanchéité, empêchant l'eau de migrer vers le relevé ».

Quand Les Piles vous disent qu'on a une vie ébouriffante... C'est tout le temps comme ça. On tombe sur un terme bizarre et inconnu au possible et dans les heures qui suivent, on retombe dessus dans un contexte différent. Et souvent, celui-ci répond à la question que posait le terme dans la précédente occurrence. Dès que j'ai un stock de ces petites coïncidences termino-anecdotiques, je vous fais une compil.

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*** À propos, quelqu’un peut-il me dire pourquoi cette bestiole ressemble furieusement à un renard ? D’accord, Scrat est un écureuil préhistorique et son espèce a peut-être eu le temps d’évoluer depuis l’ère des mammouths, mais quand même, ça m’intrigue. Merci !

10 septembre 2012

Le Chat et la Chouette

Il y a quelques mois, une consœur, Valérie L. P., publiait sur le forum de l'Association des traducteurs de France (ATLF), cet adorable petit film, certaine qu'il ferait gagatter** d'attendrissement une bonne partie de ses lecteurs. Maintenant que je sais*** inclure une vidéo dans ce blog, la voici !

Ennemi des chats, des chouettes et des animaux en général, passe ton chemin.

Et voilà le texte publié sur YouTube par l'auteur, Jordi Amenós :

Another option for the people does'nt like this song, with love:

http://www.youtube.com/watch?v=WWadk4WoRx4

Fum & Gebra, two stars in the open country, an special couple. Fum is a lovely black cat and Gebra a kind barn owl. This bird of prey fly far away but lands everytime near Fum, its faithful friend. Fum and Gebra have one year of age and have known they had a month.

Song: "Deixa'm dir una cosa" by Sopa de Cabra.

 

Merci Valérie. Et merci aux auteurs de la vidéo et de la musique + aux héros du film, bien entendu.

 

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**On observera qu'en catalan (langue du clip), « chat » se dit gat.

*** À vrai dire, j'ai appris à inclure une vidéo dans un blog – c'est plutôt facile – il y a un bail déjà, mais n'étais pas encore passée à la pratique. Ça sert, hein,
les stages de formation des auteurs à l'Agecif ! Oui, bon, vous verrez, quand je saurai moi-même tenir une caméra... Ou que je filmerai 24 heures de la vie d'une traductrice à l'aide de ma webcam (pas demain la veille). Et puis, on apprend bien d'autres choses plus immédiatement utiles pour la promotion de son activité sur Internet, à l'Agecif.