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10 mai 2014

Traduire idiot

Non, je ne lancerai pas sous ce titre une nouvelle rubrique destinée à dénoncer l'idiotie dont font souvent preuve ceux qui publient / utilisent / manipulent des traductions. 1) Cela m'obligerait, pour être honnête et exhaustive, à couvrir aussi l'incompétence de certains de ceux qui les produisent. 2) Je cède déjà de temps en temps à cette envie dans la rubrique Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? qui cible plutôt ceux qui s'improvisent traducteurs. 3) Ce serait négatif. 4.) Ce serait beaucoup trop chronophage et fatigant. 5) Mes collègues s'en chargent très bien, sur leurs propres blogs.

Là, et puisque le boulot est déjà tout fait, je n'ai qu'à vous aiguiller vers ce billet intitulé Traduire pour le tourisme de ma consœur et copine Maria Marques, qui traduit du français et de l'anglais vers le portugais du Brésil.

16 avril 2014

Conseil à un jeune traducteur inexpérimenté (11) - Rellis-toi !! Euh... Relis-toi !

Le thème central de ce billet aurait cadré avec ma rubrique « Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? ». Cependant, cela fait un bout de temps que je n'ai pas secoué le Jeune Traducteur Inexpérimenté de sa torpeur de zombie habituelle. D'où l'intitulé de cet article.

— Ohé, du Jeune ! Es-tu là ou parti pour une de tes innombrables escapades, au point que je me demande comment tu paies tes cotisations sociales ?

— Zzzzz. Ça m'aurait étonné qu'elle ne me tombe pas dessus à la veille du week-end de Pâques. Ben oui, le mercredi avant Pâques, c'est veille de week-end, on est d'accord ?

— Ça trime dur ?

— Bah ouais, je rentre d'un stage de danses bretonnes en Thaïlande. Après, j'enchaîne les ponts du mois de mai pour une formation en immersion totale en langue des signes en mer Rouge, pour la plongée sous-marine. Ensuite, je suis là mais je repars bientôt pour une petite rave de trad à Berlin, histoire de revoir quelques potos d'Erasmus. Alors là, entre les deux et pour me payer mes vac... pour pouvoir avancer mes frais de déplacements professionnels, je bosse en bâclant à mort.

(Il m'énerve, à passer 6 mois sur 12 en villégiature tandis que d'autres travaillent d'arrache-pied quasiment toute l'année.) Puisque pour une fois je te saisis en plein labeur, j'ai un conseil à te donner, dans mon immense générosité à ton égard, sans la moindre contrepartie mais que pourrais-je bien tirer de ce gamin dépenaillé et presque encore boutonneux ? Ce conseil, c'est : relis-toi !

— Hun ? Mais c'est toi qui m'écris, là, ô vieillarde sucrant les fraises. Déjà pas mal que je te lise tout court.

— Relis ton travail avant de le rendre au donneur d'ouvrage, bougre d'âne, là est mon propos. Relis-le plusieurs fois à l'écran puis encore une fois sur papier. Cela fait partie intégrante de ton travail. Sans quoi, d'autres s'en chargeront à ta place et ajouteront des erreurs même là où, étonnamment, tu n'en avais point commis toi-même. (Cachons au blanc-bec qui, après tout, a encore droit à sa part d'innocence que souvent, les sagouins en question souilleront son œuvre de leurs sales pattes en la truffant d'erreurs éhontées, quand bien même il l'aurait relue cinq fois.)

— Ah bon, c'est pas l'agence qui relit ? (Je me relis quatre fois systématiquement mais je joue auc' juste pour la vénère, ma reum d'adoption.)

Malheureux, surtout pas ! Ta réputation est en jeu et avec elle, celle de toute une profession. Comment peux-tu rendre un travail non relu ?!! D'autant plus que, crois-je savoir, tu as recours à de modernes artifices. J'ai ouï dire d'un logiciel de reconnaissance vocale avec lequel tu dictes au lieu de taper, au risque que ce gadget ne tombe dans chaque piège homophone que lui tend notre belle langue française ? (Cela dit, vu l'orthographe des morveux nés à l'ère heureusement déjà dépassée du SMS, l'écriture d'un monstre cracheur de feu ne saurait guère être pire.)

Pour peu que tu utilises ces outils de bas étage non seulement pour traduire mais aussi pour assurer ta communication en ligne via ton site Web et ce, sans te relire avec un œil de lynx, cela pourrait donner ceci :

2014-04-16 Azerty.png

— Dis donc, noble ancêtre dont l'absence de cheveux blancs n'est due qu'à l"infecte collaboration d'une industrie cosmétochimique ultrapolluante (tiens, prends ça dans ta tronche, ça t'apprendra à me réveiller à 11 heures du mat' pour m'apprendre mon taf), je te signale que :

1. Moi, je tape en bépo et pas avec des systèmes de clavier mis au point à l'âge de pierre.

2. Ouais, je l'ai déjà vu, ton gag, il a fait marrer une partie de la profession. Mais c'est le site d'une agence ou prétendue telle, pas d'un traducteur censé être indépendant. Sinon, on se demande comment il pourrait aligner une quarantaine de « langues parlées » (en plus de l'azerty :).

3. D'accord, mon logiciel de reconnaissance a des progrès à faire. Mais je n'ai pas la bouche pâteuse au point qu'il confonde « azerty » et « azéri ».

4. La dame qui cause azerty dans le texte et même qui le traduit, elle affiche 30 ans d'expérience au compteur ! Toi, à côté, tu as l'air d'une débutante. Alors si tu as des conseils à donner sur l'autorelecture, faut changer de cible au lieu de t'en prendre aux djeunz. D'ailleurs, à ce propos, j'en trouve souvent, des fôtes d'étourderie, sur ton blog...

— Oui, j'avoue que je ne relis pas mes billets sur papier. Et je reconnais que je te prends souvent comme bouc émissaire et comme prétexte, toi, pauvre Jeune Traducteur Inexpérimenté, pour souligner ici des travers largement partagés par de vieux jetons de la profession, qui n'ont même pas l'excuse de sortir à peine de l'école.

Je te laisse carburer pour mettre trois sous de côté et repartir pour deux semaines à l'autre bout de la planète, avec un bilan carbone déplorable (tiens, prends ça, p'tit con, dont j'anticipe la calvitie d'ici cinq ans, tiens, reprends ça au passage, pour t'apprendre le respect).

Pendant ce temps, moi, je voyage par traductions interposées, même si elles ne m'ont encore jamais emmenée en Azertyaïdjan...

 

28 mars 2014

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (17) Le beurre dans les épinards

Pour une fois, j'ai attrapé dans le métro non pas un rhume, des puces ou un portefeuille des bleus mais un magazine gratuit. Je ne regrette pas ma lecture. Outre un dossier sur la littérature argentine, cela parle de traduction, à la rubrique Emploi.

La journaliste y interviewe une jeune « traductrice pour un site de vente en ligne et auto-entrepreneuse », originaire d'un pays d'Europe de l'Est. Rebaptisons-la A.

Voyons voir comment elle porte sa double casquette de salariée et d'indépendante. Accessoire vestimentaire superposé qui, selon son témoignage, n'est pas rare. C'est possible. Moi, j'ai plutôt entendu parler de salariés d'autres métiers (profs, par exemple) qui exercent à côté de leur emploi l'activité de traducteurs. Mais des traducteurs faisant traducteurs en dehors de leurs heures de travail, je n'en connais pas. Pas de sarcasme de ma part là-dedans, c'est peut-être une question de combinaison de langue. Et puis il est vrai que des collègues salariés, je n'en connais quasiment pas, sauf quelques-uns, collaborateurs d'agences de traduction ou d'organisations internationales.

« C'est donc tout naturellement », dit-elle... Là, on s'attend à une évidence. L'évidence, c'est que ses contacts lui proposent des travaux vers le français. J'espère qu'elle maîtrise les deux langues à égalité.

L'avantage de la double casquette, c'est qu'elle permet d'aborder des domaines différents. C'est sûr, c'est enrichissant de varier et ce n'est pas une touche-à-tout de mon espèce qui dirait le contraire. En l'occurrence, l'un des domaines où exerce A. à temps perdu pour se changer du marketing qui l'occupe dans la journée, c'est le droit.

L'interview, quoique brève, est instructive, car on apprend ensuite dans quelle mesure l'activité annexe de la jeune femme lui permet de « mettre du beurre dans les épinards ». À raison d'environ 5 heures par semaine, elle gagne 200 à 250 euros supplémentaires par mois.

Admettons l'hypothèse que ce mois est un mois de février ; qu'elle a gagné plutôt 250 que 200 euros ; que ce revenu est net. Selon cette hypothèse optimiste, cela fait du 12,5 euros par heure.

Je comprends bien que ses clients dans son pays d'origine soient soumis à une différence de niveau de vie défavorable et n'aient pas de rétribution mirobolante à offrir, à la hauteur du niveau de vie du pays où elle réside. Je me demande cependant si ses compatriotes traducteurs indépendants, vivant en France comme elle, exercent tous dans des conditions de rémunération équivalente. Et surtout, j'espère que pour sa part, son employeur, la société de vente en ligne, ne tient pas de raisonnement au rabais, contraignant cette salariée à ne bouffer que des épinards et à chercher ailleurs un tout petit peu de beurre.

 

Source : À nous Paris
17-23 mars 2014
Article de Sylvie Laidet
intitulé 3 questions à A...
Page 49

 

14 juin 2013

Et vous, votre première fois ?

Ce billet inaugure une nouvelle rubrique : « Et vous, votre première fois ? » Il était évident qu'elle devait figurer sur ce blog, mais j'avoue que je n'y avais pas pensé. C'est Dreaming Emma (oui, c'est un pseudo – vous êtes décidément malins) qui m'en a proposé l'idée. Il est vrai que je la tannais depuis un moment pour qu'elle me fasse la grâce d'un de ses écrits, par exemple pour Hommes et femmes du monde, autre rubrique de ce blog.

L'idée d'Emma est de raconter ici sa première traduction. Je suggère qu'on élargisse le champ aux premières interprétations ! En attendant vos histoires à vous, voici celle qu'Emma m'a confiée :

 

Des lettres d'amour
 
J'avais quatorze ans, et lui, seize. Tous les samedis soirs, après la messe, on rentrait par le même chemin. Il me raccompagnait jusque devant chez moi et me prêtait des trente-trois tours. Il a fait toute mon éducation en musique rock. Supertramp, Genesis, les Who, les Wings, Machiavel, ah, la belle époque! La semaine suivante, on parlait de ce qu'il m'avait prêté. Et il me filait de nouveaux disques.
Un jour, j'ai découvert une lettre d'amour dans une pochette. Je ne savais pas quoi faire. J'ai essayé de lui dire que j'étais ailleurs, je suppose. Je ne m'en souviens pas très bien. Mais j'adorais nos conversations. Et j'avais envie qu'on continue à faire ce bout de chemin ensemble le samedi soir.
 
J'ai dû chercher quoi lui offrir en retour. Donnant donnant. J'ai commencé à lui traduire les paroles de nos chansons préférées. Parfois, je traduisais des chansons d'amour; ce n'était pas ma faute si elles étaient si belles.
 
Voilà, c'est comme ça que j'ai commencé à traduire, par grande amitié pour un garçon qui m'aimait d'amour.

 

 

Merci mille fois à Emma, dont l'histoire des lettres d'amour restera ici en villégiature en attendant qu'elle crée son propre blog. Bien entendu, elle n'est pour rien dans le titre racoleur de cette rubrique.

 

Difficile de passer derrière ce joli texte, n'est-ce pas ? Ne vous laissez pas intimider ! À vos souris et à vos souvenirs !

05 mai 2013

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (16) La pauvreté

2013-04-30 Performance PC pauvre.png

D'après vous, qui a besoin réellement d'une correction, pour cause
de « pauvre » performance ?

01 mai 2013

Faites circuler !...

... une circulaire comme on aimerait en lire plus souvent, surtout si leur contenu est mis en application.

Vlatipa que le Premier ministre demande au gouvernement, et donc aux services de l'État, d'utiliser la langue française. On pourrait croire que ça va de soi et que nos ministres ont d'autres chats à fouetter par les temps qui courent, mais bon, ne boudons pas notre joie.

Car en plus de rappeler l'utilité de la base France Terme – y compris pour éclairer d'un sourire, parfois, la face du lecteur, diraient les mauvais esprits –, Jean-Marc Ayrault fait l'éloge de la traduction (et, mieux encore, de la biotraduction !) :

« Nos administrations ont grand intérêt à recourir à la traduction, qui sert doublement notre pays. Elle contribue à la promotion dans le monde de nos savoirs, de notre expertise et de notre culture et, inversement, elle facilite le travail de veille et d'observation dans des domaines stratégiques (technologies, sécurité, défense...). Si la traduction automatique ou assistée par ordinateur peut satisfaire des besoins de traduction pressants ou massifs, je vous rappelle que seul le recours à des traducteurs professionnels permet de restituer avec précision la portée normative ou l'imprégnation culturelle d'un texte. »

Je le sais parce que c'est dans la page Actu de la SFT. Qui nous livre le lien vers la circulaire ministérielle. Merci la SFT, pour ce brin de muguet !

 

 

***

Digression :

Fansubbers égarés ici à la suite d'un inexplicable bug, euh, non, je veux dire bogue (hem) : apprenez que France Terme vous répertorie comme pratiquants du « sous-titrage sauvage ». Na.

N'en profitez pas pour entretenir auprès du consommateur une confusion avec la biotraduction ci-dessus évoquée, sous couvert d'une analogie douteuse avec le saumon. C'est pas parce qu'on est sauvage qu'on est bio, ni qu'on est bon.