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01 avril 2013

Mots appris (24) - Pétaflop et Pepparkaka

Ce blog, qui n'aurait pourtant demandé que ça, n'a pas pris le temps de se lâcher pour carnaval. Il est vrai que pour lui, cela pourrait consister à se déguiser en blog sérieux.

Il avait pourtant appris un mot fort opportun en ces alentours de Mardi-Gras, lors d'une exposition consacrée aux carnavals parisiens d'antan, à la maison de Balzac. Une gravure illustrait des danses et autres réjouissances anacréontiques.

« Anacréontique » ?... À première audition, ça fait plutôt austère, pour un mot de carnaval, non ? Ne cherchez pas dans le premier dico venu : « Caratéristique d'Anacréon », vous lâcherait-il sans doute du bout du papier bible, comme si ça suffisait à vous éclairer une lanterne. Renseignements pris et ignaritude très légèrement atténuée, Anacréon s'avère être un poète de la Grèce antique qui chantait la volupté. Tiens, tout d'un coup, vous regrettez de l'avoir loupée, comme d'hab, l'expo ?

Puisque ce blog a manqué (à chacun ses ratages) le grand lâchage du carnaval, il a décidé de se rattraper pour le 1er avril, avec des mots pas très présentables, qu'il gardait sous le coude pour vous.

Tout d'abord, pétaflop, entendu à la radio. Un pétaflop, c'est 10 puissance 15 flops à la minute. Ça vous en bouche un pétacoin, non ? Je vous laisse chercher ce qu'est un flop, au cas où vous n'en auriez jamais rencontré au cours de votre brillante carrière. Comme vous collectionnez sans doute plus couramment les bits que les flops, vous disposez maintenant assez d'éléments pour comprendre ce qu'est un pétaoctet, autre nouvelle recrue dans mon vocabulaire. S'il me met moins en joie que le pétaflop, je le vois toutefois assez bien se placer dans une conversation mondaine.

Pour clore cet affligeant étalage d'acquisitions linguistiques qui, sur un sujet normal, ne produiraient d'effet comique que vers l'âge de 3 ans et demi, voici encore un mot (mal)appris. Il se trouve être suédois et porte le gentil nom de pepparkaka.

Je possède peu de photos exploitables de pétatrucs, mais voici un magnifique échantillon de pepparkaka :

2012-10-13 Pepperkaka DSCN5968_1454 (Small).JPG

On en mangerait, n'est-ce pas ? Et pour cause. Cette maquette de l'hôtel de Marle, alias l'Institut suédois, à Paris (admirez la charpente en forme de carène renversée), est confectionnée en pepparkaka, qui est un biscuit aux épices. Elle est l'œuvre d'un « architecte et artiste culinaire », Rolf Stålberg. J'ignore si, depuis que j'ai pris la photo, les souris ou autres amateurs l'ont grignotée. Non, non, je ne suis pour rien dans la curieuse absence de cheminées sur l'hôtel de pepparkaka.

01 mars 2013

Mots appris (23) - Papelardie

« Sur vos factures en anglais, vous la libellez comment, vous, la mention obligatoire sur les intérêts de retard égaux à trois fois le taux d'intérêt légal ? »

« Tu aurais dû faire signer un accusé de réception de commande
au donneur d'ouvrage. »

« C'est pas l'tout, faut que je me dépêche de remplir ma CA12, si je ne veux pas exploser mon délai pour remplir ma 2035 et ma 2042. »

« Ah mais vous, vous n'êtes pas affilié, vous êtes juste assujetti. »

« D'après vous, si j'émets une note de droits d'auteur vers un pays de l'UE, faut que je remplisse une DES, pour la TVA intracommunautaire ? »

« Mais puisque je vous dis et je vous répète pour la nième fois bon sang de bonsoir que c'est tout marqué sur la notice 2041 GJ d'impots.gouv !!!  »

 

Cher Lecteur n'appartenant pas à la confrérie des traducteurs, tu dois bien te douter que mes collègues et moi ne passons pas notre vie à traduire d'amour et d'eau fraîche. Comme tous les résidents sur le sol français et, plus particulièrement en tant que travailleurs indépendants, nous avons aussi quelques obligations et tâches administratives, plus ou moins prenantes, selon notre statut et notre degré d'incurie mode de fonctionnement personnel. Trop souvent pour le goût de beaucoup d'entre nous, nous devons compléter, émettre, déclarer, renseigner, cocher la case ad hoc et nous faire tamponner.

Après des semaines de quasi-silence de ce blog *, tu t'attends à une diatribe sur la bureaucratie de notre beau pays. Et tu te dis que l'autrice du même blog merdaille une fois de plus côté suffixes. 

Détrompe-toi. Point n'est question à partir d'ici de paperasserie, mais bien de papelardie, mot appris de frais par l'épongignare de service, une fois toutes ses déclarations sociales et fiscales dûment remplies.

La papelardie, c'est le faux-semblant, la fausse dévotion, l'hypocrisie religieuse. Elle s'accompagne logiquement du verbe papelarder.

Voilà la photo de la dame, car c'en est une :

2013-03-01 Papelardie (Small).jpg

 

 

 

 

 

 

Là, c'est dans un manuscrit conservé à la British Library.
© BL

 

 

DSCN6215_1241 (Small).JPG

 

 

 

 

 


Et là, c'est à la bibliothèque de l'Arsenal (Paris), lors d'une expo consacrée au Roman de la rose  *.

 

 

DSCN6216_1233 (Small).JPG

Car dans le Roman de la rose (par Guillaume de Lorris et Jean de Meun), dont les deux manuscrits ci-dessus figurent parmi les multiples exemplaires, Papelardie est une allégorie et l'un des personnages auxquels le héros, L'Amant, a affaire au cours de sa quête pour trouver le bouton de rose dont il est amoureux.

Rien à voir avec le quotidien corvéux et gratte-papier de l'humble traductrice/teur, hein ?

 

L'amie Papelardie est du genre coriace et universel. Vous aurez la joie de la retrouver telle qu'en elle-même dans un chouette film, où elle tente de faire plier sous sa férule une petite fille qui voudrait juste avoir le droit de faire du vélo : 

Wadjda
Réalisé par Haifaa Al Mansour
(Arabie saoudite)

Pour autant que je peux en juger ne parlant pas l'arabe, les sous-titres signés Hassina Baba-Ali (LVT) sont à la hauteur de l'œuvre.

*******

* Suis bien contente de vous retrouver, soit dit en passant.

* Ne cherchez pas, vous vous doutez bien que l'expo est déjà finie.

23 décembre 2012

Ah, les bonshommes !... (Le retour)

L'an dernier, vous aviez eu droit à quelques bonshommes.

J'aimerais bien vous en présenter d'autres, mais la météo, tout juste bonne à confectionner des bonshommes de pluie, m'en empêche. En attendant qu'elle revienne à la raison et aux tisons, j'en ai tout de même trouvé un pour vous.
Pas moyen de le photographier, alors j'ai tenté de le reproduire :2012-12-23 Bonhomme neige Japon.jpg

 

L'original est un dessin à l'encre sur papier, par Nakahara Nantenbō et datant de 1914 (ère Taisho). Vu lors de l'expo Warai, à la Maison de la culture du Japon (ne cherchez pas, elle est finie, hin hin hin).

Je compte sur ceux qui peuvent batifoler dans la poudreuse pour nous envoyer des photos de leurs propres bonshommes (ou de ceux qu'ils auront croisés le long des pistes) ! Merci et joyeux Noël, dans la neige ou au balcon, sous le sapin ou sous le parapluie.

13:35 Publié dans Expos | Commentaires (0) | Lien permanent

24 octobre 2012

Mots (mieux) appris (18) - Baderne

En bonne Marie-Marie, j’associais automatiquement le mot « baderne » à l’inspecteur Pinaud, alias le Débris, alias Baberne-Baderne, bref le pitoyable et miteux acolyte de San Antonio, en plus du monumental Bérurier.

J’ignorais que dans le Robert, une (vieille) baderne était un « homme (souvent militaire) âgé et borné ». Je pensais qu’une (vieille) baderne était une chose sans valeur et, à l’origine, un bout de ficelle râpé jusqu'à la corde très usagé.

En fait et plus exactement, une baderne (pas tellement vieille, en l’occurrence),
c’est ça :

2012-12-14 expo Phares baderne DSCN5969_987 (Small).JPG
Expo PHARES***, musée de la Marine, Paris

Celle-ci est l’œuvre d’un gardien de phare, qui s’occupait**** à fabriquer ce type d'objet. Les badernes servaient à éviter les frottements entre certains éléments d’un bateau.

J'ai aussi appris à cette occasion qu'on distingue les phares à éclats (temps de lumière inférieur au temps d'obscurité) des phares à occultation (l'inverse). Et qu'ils se caractérisent chacun par une séquence de temps de lumière/temps d'obscurité particulière ! Ça vous en bouche un coin illumine la soirée, hein ?

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***Certes, pour une fois, je vous informe d'une expo intéressante avant qu'elle prenne fin. Mais ne vous faites pas d'illusions, vous ne pourrez la voir tellement il y aura la queue.

****Ne comptez pas sur moi pour employer l'expression « tuer le temps », bien qu'un gardien de phare ait des circonstances atténuantes pour commettre pareil crime.

13 octobre 2012

Marie, mon ciel ! (16)

san francesco,venise,strindberg,institut suédois,nuages

L'autre jour, j'ai publié sur L'Autre Jour cette photo, sans commentaire.

Depuis, par un genre de sérendipité – jolie importation nouvellement entrée dans le Robert, paraît-il - j'ai trouvé sans le chercher un texte pour l'illustrer. Car oui, dans ce blog, un texte peut illustrer une image, plutôt que l'inverse.

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C'était dans une expo sur l'image d'August Strindberg, à l'Institut suédois de Paris. S'il y a des amateurs, dépêchez-vous, car elle se termine demain (je suis brave, pour une fois je vous en parle avant la fin).

Ce texte de Strindberg accompagnait une photo, également de lui, intitulée Étude de nuage :

« Hier soir le soleil s'est couché derrière les bancs de nuages,
mais sans en être caché, idem pour la nouvelle lune.
Peut-être les nuages ne se laisseront-ils pas photographier
comme des mirages ? Dans ce cas, ne seraient-ils plus des nuages,
mais des phénomènes [Erscheinungen], des réflexions dans l'éther ? »

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Un panneau explicatif indiquait :

« Strindberg s'intéressa particulièrement à la photographie des nuages, dont il croyait reconnaître à Stockholm des formations qu'il avait observées en Suisse ou en Autriche. Peut-être était-ce des "mirages", des "phénomènes". »

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Je n'ai pris ma photo ni en Suède, ni en Suisse, ni en Autriche. Mais c'était peut-être une formation observée par Strindberg ?...

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27 juin 2012

Mot appris (12) - Pipoler

Non non non, vous n'y êtes pas du tout. « Pipoler » n'est pas la dernière pseudo-invention des gazettes qui nous recyclent le carnet mondain depuis que le monde est mondain.

« Pipoler » signifie : « Orner, enjoliver, décorer », vous pouvez le vérifier auprès du Centre national de ressources textuelles et lexicales. Je reconnais que finalement, on n'est pas si loin que ça de vos supputations. Par ailleurs, vous serez sûrement réjouis d'apprendre que parmi les variantes de « pipoler », on a le très charmant « pipeloter » !

« Où as-tu dégoté cet ovni, qui n'existe même pas dans les dictionnaires connus, ceux que tout traducteur a sous le coude réel ou virtuel, pas plus que dans celui de l'Académie française ou dans le Littré ? Une chose est quasiment sûre, tu ne l'as pas trouvé dans Paris-Match, on te connaît. », me direz-vous, en vous fourvoyant un peu sur mes lectures.

J'ai découvert qu'on pouvait pipoler au musée des Années 1930 de Boulogne-Billancourt (92), et plus précisément dans sa section Design industriel, qui regroupe une passionnante collection de tous les trucs familiers de quand on – enfin, moi – était petite. Des appareils photo, des cocottes-minute, des machines à coudre... Ils ont tous de l'allure et de la classe, dans leurs vitrines.

Une partie de l'étage est consacrée à une célèbre marque d'argenterie. Un panneau d'information indique : « Pipoler : enjoliver. Terme retenu par Christofle pour désigner le décor "granito" de certaines pièces. »

Dommage, je n'ai aucune image d'objet pipolé ou non, ni même de la moindre cocotte-minute. Mais tout est là, sur de nombreux étages, car ces années 1930 furent d'une richesse incroyable en création non seulement industrielle mais artistique aussi, bien entendu.

Pas d'images des collections permanentes, mais quelques-unes ici, sur l'expo en cours, consacrée à la sculpture animalière, également des années 1930. Je suis sympa, je vous en parle avant qu'elle soit finie. Magnifiques, les animaux. Bien plus beaux et bien plus à l'avant-garde que tous les pipoles réunis.

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Un peu plus tard :

Grâce à une très aimable et attentive Lectrice qui a poussé plus loin la farfouille aux bons mots, en rebondissant du CNRTL au dictionnaire Godefroy, nous en saurons davantage maintenant sur « Pipoler » et sur ses emplois anciens. Merci à elle !