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21 août 2013

Mots appris (29) - Ékraventuphile et crinoline

J'étais ékraventuphile sans le savoir et ne m'en portais pas plus mal, car on a vu mots à sonorité plus jolie et plus évocatrice de ce qu'ils recouvrent. Un(e) ékraventuphile, c'est quelqu'un qui entasse inconsidérément et sans la moindre utilité collectionne les éventails.

« Que tu ne saches pas ce que tu es et comment se nomment tes stupides et encombrantes manies, c'est déjà assez pathétique. Mais que tu ignores à ton âge ce qu'est une crinoline, comme l'indique le titre de ton billet, c'est avouer la pauvreté de ton vocabulaire. Voilà qui est regrettable, dans ton métier et sur un blog à vocation relativement professionnelle », vous entends-je marmonner d'ici, Lecteurs qui devriez à cette heure profiter de vos derniers instants de plage ou surveiller la ligne bleue de votre embouteillage de retour de vacances, au lieu de lire la chronique de Vocale Hubert sur un aillepode à moitié ensablé.

La crinoline n'est pas un mot entièrement nouveau pour moi. Je me souviens même très bien que la question m'avait turlupinée, étant petite, de savoir si mon arrière-grand-mère en avait porté dans sa jeunesse. Je n'avais pas osé la lui poser, malgré les instances d'une génération intermédiaire et probablement rigolarde à l'idée que j'obtempère à son « T'as qu'à lui d'mander ».

Ce que j'ignorais ou avais oublié jusqu'à récemment, c'était l'étymologie pourtant assez visible de ce terme, car la crinoline, c'était à l'origine « un tissu rigide à chaîne de coton ou de lin et à trame de crin de cheval ».

Vous en saurez plus sur les crinolines et autres artifices – braguettes, faux-culs et j'en passe – utilisés à travers les âges pour transformer nos silhouettes en faisant mentir nos vêtements et sous-vêtements, après avoir visité cette expo et même essayé quelques modèles :

La Mécanique des dessous
Musée des Arts décoratifs, Paris
Jusqu'au 24 novembre 2013

Vous y verrez, entre autres, une robe de cour (vers 1760) ornée d'un

parement à pompon à sourcils de hanneton

Rien que pour de petites découvertes comme ça, ça vaut le coup de se déplacer, non ?

Surtout quand on apprend après coup et grâce au précieux portail lexical du CNRTL que pour désigner le même ornement, on parle aussi de soucis d'hanneton. Encore plus charmant, même si on est bien embêté pour l'hanneton.

Quant aux éventails et autres multiples objets publicitaires qu'affectionnent les obsédés des ramasse-poussière collectionneurs (porte-clés, cendriers, boîtes de Banania... je n'étais pas dépaysée par rapport à mon fatras coutumier), ils sont à l'étage au-dessus, dans des salles des Arts déco dont on se demande qui a sauvagement arraché les boiseries ou revêtements de murs, pour qu'ils aient pareille allure de locaux industriels :

Pub Mania
Ils collectionnent la publicité
Jusqu'au 6 octobre

 

Oui, pour une fois, ce satané blog n'a pas attendu exprès que ces manifestations soient terminées pour vous en informer. Mais c'est bien parce que vous êtes sur la plage et avez mieux à faire que lire la chronique de Vocale Hubert.  :)

07 juin 2013

Mots appris (28) - Échine et Cristobalita

Ces jours-ci, j'ai appris plusieurs mots, dont deux que j'ai gardés au frais pour vous.

L'un d'eux, c'est « échine ». Pas dans le sens de « haricot sur lequel d'aucuns me courent, à l'occasion ». Celui-là, je connaissais déjà et tous ceux qui parmi vous ont des voisins, des collègues ou des clients, bref, des congénères, le connaissaient sans doute aussi. Non, l'échine que j'ai rencontrée, c'est une « moulure saillante placée sous l'abaque du chapiteau dorique », selon le Robert, l'abaque étant « la partie supérieure du chapiteau, en forme de tablette ». L'échine, c'est aussi « l'ove du chapiteau ionique ». Ça vous en bouche un temple grec, hein ? Eh oui, rien que dans un chapiteau, qui n'est jamais qu'un bout de colonne, il y a un tas incroyable de terminologie : corbeille, couronnement, tailloir, etc.

Quant à « cristobalita », je suis tombée dessus en ouvrant le María Moliner (dictionnaire unilingue espagnol). Je vous traduis la définition : « quartz présent dans la montagne de San Cristóbal de Pachuca, Mexique. » C'est mignon comme nom, n'est-ce pas ? En français, c'est de la cristobalite. Ce mot ne pouvait qu'éclater une groupie de l'inénarrable tonton Cristobal, qui n'avait pas, il faut croire, que des pesosss et des  lingosss placés à l'ombre (« placés à l'ombre », parce que sur ce blog décent, je ne peux guère écrire qu'il en avait l'cul cousu, comme dans la chanson, d'où cette astucieuse métaphore, dont on observera qu'elle revient au même).

 

Et puis, ces jours-ci encore, je me suis aperçue que le verbe « clore » n'avait pas de passé simple ! Ni d'imparfait ! Et comment je fais, moi ?! Il me les faut ! Merci à ceux qui me les fabriqueront.

 

10 mai 2013

Mot appris (27) - Europanto

Lors d'une lecture du Géant égoïste, d'Oscar Wilde, Félix Libris s'est complu à nous donner un passage de ce conte en europanto. L'europanto est une langue que nous nous sommes sans doute tous amusés à pratiquer, sans forcément le savoir, dès que nous avons eu acquis quelques bribes de langues étrangères.

Cette fois-là, l'europanto était concocté à base d'anglais, d'allemand et de français. C'était pendant l'une des « master classes » de lecture à haute voix, dispensées par ledit Félix. Eh non, ne cherchez pas, c'est fini pour cette année !

À noter que, de même que les autres Livreurs, Félix Libris prend soin de citer le nom du traducteur. Lors de sa lecture du Géant, il a même comparé plusieurs traductions, puis a choisi celle de Marcel Schwob (je regrette, je ne trouve pas la référence). J'avoue en toute prétention que ce n'était pas ma préférée.

02 mai 2013

Mots appris (26) - Rocaillage et rusticage

Les mots « rocaillage » et « rusticage » font partie de la foule de choses qu'on apprend lorsqu'on écoute les jardiniers des parcs parisiens. Car, de temps en temps, ils s'expriment. Leur savoir n'a d'égales que leur passion pour leur métier et la modestie avec laquelle ils en parlent. 

Le rocaillage, vous devez vous douter de ce que c'est. Quant au rusticage,
voici ce qu'il consiste à réaliser :

2013-01-20 Rusticage Buttes DSCN6190_1220 (Small).JPG

Oui, ce truc-là même, qui ne trompe que les tous petits enfants. N'empêche, je le croyais, moi, que c'était du vrai bois.

2013-01-20 Rusticage Buttes DSCN6191_1221 (Small).JPG

Avec la neige, ça fait bûche de Noël saupoudrée de sucre glace, hein ?

rocaillage,rusticage,parcs paris
© Ville de Paris

Eh oui, quand je vous parlais de rocaillage, cela ne consistait pas, dans ce contexte, à disposer des pierres pour créer des arrangements minéraux, mais carrément à fabriquer des rochers articiels ou à les réparer.

Tout, dans ce billet, est garanti authentiquement faux...
euh... vrai... euh... (soupir) je ne sais plus.

22 avril 2013

Mot appris (25) - Biotraduction

Mot appris lors de et grâce à la dernière Matinale organisée par la délégation Ile-de-France de la SFT. Merci à elle et à l'intervenante du jour, Geneviève Bordet, qui nous communiquait son savoir sur le thème de la recherche documentaire.

Pour les profanes : la recherche documentaire fait partie intégrante du travail quotidien de tout traducteur, quel que soit son domaine d'activité, du plus technique au plus littéraire. En ce qui me concerne, elle représente au moins un tiers du temps consacré à chaque projet.

La biotraduction, nous a expliqué Madame Bordet, c'est la traduction « manuelle », autrement dit, non assistée par l'ordinateur.

Comme vous vous en doutez, l'idée et le mot ont mis l'assistance en joie. Étaient notamment ravis les traducteurs œuvrant exclusivement sur des textes qu'il serait encore difficile, à l'heure actuelle, de confier à un logiciel, tout perfectionné qu'il soit.

Foi de biotraductrice élevée sous la mère !

 

****

Les Matinales ont lieu à Paris une fois par mois, sur des sujets divers, intéressant les traducteurs et les interprètes. Elles sont ouvertes aux non-membres de la SFT. D'autres manifestations sont organisées en province (comptez sur moi pour dire « en région »...) par les délégations locales !

01 avril 2013

Mots appris (24) - Pétaflop et Pepparkaka

Ce blog, qui n'aurait pourtant demandé que ça, n'a pas pris le temps de se lâcher pour carnaval. Il est vrai que pour lui, cela pourrait consister à se déguiser en blog sérieux.

Il avait pourtant appris un mot fort opportun en ces alentours de Mardi-Gras, lors d'une exposition consacrée aux carnavals parisiens d'antan, à la maison de Balzac. Une gravure illustrait des danses et autres réjouissances anacréontiques.

« Anacréontique » ?... À première audition, ça fait plutôt austère, pour un mot de carnaval, non ? Ne cherchez pas dans le premier dico venu : « Caratéristique d'Anacréon », vous lâcherait-il sans doute du bout du papier bible, comme si ça suffisait à vous éclairer une lanterne. Renseignements pris et ignaritude très légèrement atténuée, Anacréon s'avère être un poète de la Grèce antique qui chantait la volupté. Tiens, tout d'un coup, vous regrettez de l'avoir loupée, comme d'hab, l'expo ?

Puisque ce blog a manqué (à chacun ses ratages) le grand lâchage du carnaval, il a décidé de se rattraper pour le 1er avril, avec des mots pas très présentables, qu'il gardait sous le coude pour vous.

Tout d'abord, pétaflop, entendu à la radio. Un pétaflop, c'est 10 puissance 15 flops à la minute. Ça vous en bouche un pétacoin, non ? Je vous laisse chercher ce qu'est un flop, au cas où vous n'en auriez jamais rencontré au cours de votre brillante carrière. Comme vous collectionnez sans doute plus couramment les bits que les flops, vous disposez maintenant assez d'éléments pour comprendre ce qu'est un pétaoctet, autre nouvelle recrue dans mon vocabulaire. S'il me met moins en joie que le pétaflop, je le vois toutefois assez bien se placer dans une conversation mondaine.

Pour clore cet affligeant étalage d'acquisitions linguistiques qui, sur un sujet normal, ne produiraient d'effet comique que vers l'âge de 3 ans et demi, voici encore un mot (mal)appris. Il se trouve être suédois et porte le gentil nom de pepparkaka.

Je possède peu de photos exploitables de pétatrucs, mais voici un magnifique échantillon de pepparkaka :

2012-10-13 Pepperkaka DSCN5968_1454 (Small).JPG

On en mangerait, n'est-ce pas ? Et pour cause. Cette maquette de l'hôtel de Marle, alias l'Institut suédois, à Paris (admirez la charpente en forme de carène renversée), est confectionnée en pepparkaka, qui est un biscuit aux épices. Elle est l'œuvre d'un « architecte et artiste culinaire », Rolf Stålberg. J'ignore si, depuis que j'ai pris la photo, les souris ou autres amateurs l'ont grignotée. Non, non, je ne suis pour rien dans la curieuse absence de cheminées sur l'hôtel de pepparkaka.