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Rechercher : quatre mains

Journée-type

Client de passage en ces lieux – par accident, forcément –, ne lis pas
ce qui suit.

Ennemi des cucuteries animalières, éloigne-toi aussi.


Journée-type

8h45
Donner des croquettes à Poilu n° 1 au rez-de-chaussée.
8h45 et 15 secondes
Donner des croquettes à Poilu n° 1 (animal de l'espèce Felix velox catus) au rez-de-jardin.

2012-10-10 DSCN2587 Pompon2 (Small).JPG

9h00
Jouer avec Poilu n° 5

9h02
Allumer l’ordi

9h04
Jouer avec Poilu n° 5

9h06
Lire mes mails

9h08
Jouer avec Poilu n° 5

9h10
Répondre à mes mails

9h20
Jouer avec Poilu n° 5

9h30
Survoler les messages des collègues sur un certain nombre de forums de traducteurs.

9h40
Répondre aux messages des collègues sur un certain nombre de forums de traducteurs.

10h00
Guetter l’apparition dans ses arbres d’Écureuil de 10 heures.

10h15
Jouer avec Poilu n° 5

10h30-11h15
Après avoir lestement franchi Poilu n° 3 posté sur le paillasson, aller chercher le pain à quelques centaines de mètres. Saluer quelques humains au passage, bref, perdre un temps fou.

Copie (2) de 2012-08-29 Trois-pattes Titou Babou DSCN5822_855 (Small).JPG

11h30
Entreprendre d’accomplir quelques tâches administratives. Y renoncer, ne disposant que des touches A, Q, W, £, % et §, car un des Poilus occupe le reste du clavier.

12h00
Tenter de convaincre Poilu n° 2 de revenir à la maison, malgré les avanies de Poilus n° 1, 4 et 5.

2011-06-08 Minette arbre 2 (Small).JPG

13h30
Lire le journal autour d’un des Poilus, vautré dessus.

14h00
Constater que depuis plusieurs jours déjà, Chiroptère Seul et Unique n’est pas suspendu à son plafond de parpaings. Établir un lien logique entre son absence et l’avancée actuelle des travaux du pont, précédemment évoqués ici.

14h15
Jouer avec Poilu n° 5

14h30
Échouer une fois de plus à dénombrer Gueurnouilles indénombrables, la vase environnante prenant un malin plaisir à imiter la couleur de leur robe et Gueurnouilles elles-mêmes prenant un malin plaisir à bondir dans le Riou dès que j’arrive.

14h45-16h00
Traduire un nombre impressionnant de feuillets avec une efficacité et un talent remarquables.

16h30
Ne pas jouer avec Poilu n° 5 (il somnole)

2012-09-28 Babou DSCN5957_982 (Small).JPG

17h00
Observer Serpent Non Identifié n° 1 essayant en vain de sauter sur le mur. Farfouiller dans les dictionnaires et sur Internet pour tenter d’identifier Serpent Non Identifié n° 1. En vain également.

17h30
Jouer avec Poilu n° 5

18h00
Intervenir dans une baston entre Poilu n° 4 et son petit (Poilu n° 5).

 2012-10-08 titou DSCN5956_981 (Small).JPG

20h00
Maudire Écureuil de 10 heures, qui goûte chaque prune et chaque noisette, puis laisse le reste.

20h30
Maudire l’essuyage de vaisselle, occupation inutile et anti-productive. Envisager de le supprimer de la journée-type.

21h00
Parlementer avec Poilu n° 1, assis sur la ligne blanche, pour qu’il daigne rejoindre un des deux côtés de la route. Arguer que les automobilistes ne sont pas toujours aussi catophiles que ceux des quatre ou cinq bagnoles qui viennent de ralentir par crainte de l’écraser.

21h30
Explorer les amusantes possibilités les logiciels de retouche d'image.

22h00
Jouer avec Poilu n° 5

3h00
Jouer avec Poilu n° 5

5h00
Ouvrir la porte à Poilu n° 4

5H01
Intervenir dans une nouvelle baston entre Poilu n° 4 et son Petit (Poilu n° 5)

chat,chiroptère,journée-type,logiciel de retouche d'images

Client qui as lu ce qui précède malgré ma mise en garde, sache que cette journée-type est une journée-type de la catégorie « exceptionnelle », alias « semi-vacances », si tu préfères.

 

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13 octobre 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Le traducteur traduit (5) - « Commanditaire »

Une frange de la profession emploie le mot « commanditaire » pour désigner la personne que les autres traducteurs appellent « donneur d’ordre » ou – mieux, à mon goût ! – « donneur d’ouvrage » (ou encore « client », surtout chez ceux qui exercent en libéral plutôt que sous le statut d’auteur).

Intrigant, non ? Je parie que ce commanditaire vous rend aussi perplexes que moi, sauf si vous faites partie de la frange en question.

Consultons le dictionnaire (j’ajouterai l'ami Robert quand je l’aurai de nouveau sous la main – pour le moment, il est en villégiature). Le Littré dit : « Bailleur de fonds dans une société en commandite. » Rien à voir avec notre homme/notre femme, donc. Le Larousse donne une définition semblable, en précisant qu’il s’agit de vocabulaire juridique : « Associé d’une société en commandite qui apporte des fonds ». Il indique aussi cet autre sens : « Personne qui commandite. » Hop, direction l’entrée « Commanditer » : « Organiser, financer un crime, un délit. »

 

Aaaaaaah ! Je savais bien que ça vous ferait tiquer et que le mot « commanditaire » vous évoquerait d’emblée, à vous aussi, la rubrique « Faits divers » des journaux ou certains films noirs, pourtant rarement consacrés à cette activité mafieuse aussi souterraine que nuisible qu’est la traduction.

 

Un troisième et intéressant sens de « commanditaire » figure dans le dico : « Recommandation officielle pour “sponsor”. » Et, à l'entrée « commanditer » : « Recommandation officielle pour “sponsoriser”. » Dans ce cas, mais seulement dans celui-là, je veux bien me faire commanditer, moi. Parce que, c’est bien connu, le crime la traduction ne paie pas. 

Les collègues ou autres connaisseurs de passage ici voudront peut-être nous expliquer comment « commanditaire » a pu prendre le sens de « généreuse entreprise donnant gentiment du boulot aux travailleurs indépendants ». Je n’ai moi-même pas trouvé cette acception dans les dictionnaires juridiques que j'ai consultés, ni dans la base terminologique IATE de l'Union européenne, ni dans mes contrats avec mes... euh... copains qui me font vivre. Juste ceci, dans une ébauche d'article de Wiki, faisant un peu l'amalgame entre les trois sens indiqués ci-dessus : « Entité demandant une prestation à une autre entité, moyennant rémunération. »

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#C@rte posthastale – Cher Oiseau bleu...

...ça me chagrine de t'écrire ce qui suit, parce que normalement, j'aime bien les oiseaux et le bleu. Alors les oiseaux bleus, tu penses. Je fais des bonds quand j'entrevois un martin-pêcheur filant d'un trait à fleur d'eau ou que RM m'offre une plume de geai bleue tigrée de gris. Pourtant, avec toi, ça coince un peu. Comme il faut bien prendre des nouvelles des collègues, j'écoute parfois tes gazouillis, mais...

– j'ai le sentiment d'être indiscrète, d'entendre ce qui ne me regarde pas, de prêter l'oreille à des commérages alors que franchement, ce n'est pas mon genre

– j'ai l'impression que des maîtres à penser décident pour moi de ce qu'il importe que je sache et me le balancent à la va-vite, car ils n'ont pas le temps de s'étendre, pressés qu'ils sont de courir d'autres potins urgents à semer à tous les vents

– ta concision t'empêchant d'indiquer les sources de tes sources, elle m'a déjà fait l'effet très agaçant que tu plagiais purement et simplement les propos d'amis à moi, dont je parierais qu'ils ne savent même pas que tu les as repris car ils ne gazouillent pas, eux, ils parlent ou ils écrivent

– tes multiples avatars font que, reproduite à n'en plus finir par des nuées entières d'oiseaux bleus, elle est plutôt foisonnante et redondante, ta fameuse concision en trois caractères et demi

– et puis, je sais, c'est mal de juger sur la mine mais franchement... t'es rien moche, comme vol@tile. Exemples à peine maquillés :

Des dangers de la chasse aux papillons > via

L’importance du moucheron selon le sous-tireur d'aile Wazo d'Malher leDéversoir.com/ornithologie/gastronomie/420333 via @LeDéversoir 

Découvrez et prenez en main l'outil d'aide au #volstationnaire MéméQ!

Persiflages en tout genre par @PIAF pour @Pigeons:

 

 
Carmen, par Stromae

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14 août 2015 | Lien permanent

28 décembre, jour des Saints-Innocents

Imaginons que vous filiez le train à un faisan.

À travers ses marais de prédilection, cet oiseau rare vous conduit vers la poésie chinoise, vous aide à en aborder les berges, vous en fait picorer et apprécier quelques beaux morceaux. Pourtant, si vous êtes comme moi, vous ne parlez pas un mot de chinois et l'art poétique chinois vous est inconnu. Il n'empêche que dans le sillage de votre guide à plumes et grâce à ce joli livre qui se met volontiers à la portée des non-érudits, vous comprenez pourquoi il fallait traduire un poème de telle façon plutôt que de telle autre. Sans quoi le faisan n'aurait pu vous délivrer son message, et vous, vous n'auriez pu percevoir en lui un exemple, celui que l'homme « peut égaler s'il est prêt à perfectionner sa propre activité. »

Ce décryptage poétique, qui est aussi un décryptage de l'activité du traducteur, vous le découvrirez dans ce livre à l'élégante couverture (où le faisan s'est transformé en phénix ?) :

Trois essais sur la traduction


Jean-François Billeter

Trois essais sur la traduction
Édition Allia, 2014, Paris

 

Les deux premiers essais s'intitulent Poésie chinoise et réalité et Le Faisan de Zhuangzi. Dans le troisième, La Traduction vue de près, l'auteur analyse sa démarche de traducteur dans le but de faire comprendre, de façon pédagogique, ce que devrait être une bonne traduction. Tout traducteur, du plus blanc-bec au plus faisandé – et même si sa propre méthode diffère un peu de celle de Jean-François Billeter –, y trouvera matière à réflexion et du bon grain à la volée.

Par exemple, l'auteur rappelle l'intérêt de la relecture à haute voix. Et il énonce le « principe de difficulté »: « Mieux vaut être averti de la difficulté d'une tâche et la trouver facile que de la juger facile et d'échouer faute d'en avoir compris les difficultés. »

Il nous invite à ne pas comprendre trop vite, citation d'Henri Michaux à l'appui : « J'ai souvent remarqué, dans les études secondaires, que les élèves "imbéciles" butaient avec une grande sûreté sur le hasardeux, le spéculatif, et le nœud de la théorie proposée. Ils posaient des questions au professeur là-dessus, qui leur réexpliquait la chose. Eux cependant restaient songeurs, aux rires et ricanements de la populace des forts en thème. Dans la suite, j'ai remarqué que ces théories renversées par de successifs savants l'étaient justement par cet endroit où l'imbécile de 15 ans avait mis le doigt. » (Ecuador, Gallimard, 1929)

À méditer, non ?

Et à rapprocher de ce qu'Agnès Desarthe écrivait, quoique pour appuyer un propos différent, dans sa chronique Traduire, dit-elle (Le Monde des livres, 12 décembre) :

« En traduction comme en écriture, un certain degré d'imbécillité, proportionnel à la foi que l'on a dans l'un ou l'autre art, est nécessaire à la pratique. »

 

Puissent les innocents, en ce jour qui tombe sur leur fête, avoir les mains pleines de ce livre, malgré sa modeste taille. Il mérite de leur être offert en cadeau.

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28 décembre 2014 | Lien permanent

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (7) - S'informer à l'aide de précieuses brochures

Autre suggestion de titre : Brochures en veux-tu, en voilà

 

Chère faignasse patentée, cher djeunz né fatigué, cher éleveur de poils dans la main,
Cher Jeune Collègue,

Je te vois d’ici, tu te les roules dans ton canapé, au lieu de profiter de cette période de chômage technique pour PROSPECTER.

— Tu fantasmes, mémé. Je me les roule pas. Dans le cadre du redéploiement audiovisuel de mon activité, je sue d’arrache-pied sur l’analyse filmique d’une série télé. J’y peux rien si j’habite dans 16 m², que mon ordi, c’est ma télé (et vice versa) et que mon siège de bureau, c'est un convertible, qui me sert accessoirement de lit.

« Je sue d’arrache-pied. » Avec des télescopages pareils,
c
e blanc-bec n’a décidément aucun avenir
dans la profession.
« Analyse filmique »… L’insolent se paie ma tête,
quand, par-dessus le marché, il ne bricole pas des sous-titres
avec les moyens du bord pour les mettre en ligne
de façon tout à fait illégale.

— Ouais, c’est ça. Et moi, si je m’assoupis d’un œil après déjeuner devant Derrick, je fais de l’analyse filmique, aussi, peut-être ?

— Nan, toi, là, tu frises l’implosion de neurone, à cause de l’effort de concentration. Tandis que moa, je m’imprègne de la culture de ma langue source. Et accessoirement, je teste un logiciel de sous-titrage. Va pas t’imaginer que je donne dans le fansubbing, hein. J’apprends, c'est tout. Pas mon genre de violer le droit d’auteur des collègues.

— Balivernes. Tu gagnerais bien mieux à te documenter sur tes conditions d’exercice, puisque, et je n’en démordrai pas malgré le boniment que tu me sers, oisif tu es.

— Pour occuper utilement mes moments de creux en consultant la doc, pas attendue je t’ai, Yodadmèdeux.

C’est ouf, elle croit toujours avoir inventé le fil
à couper l’eau tiède, la pré-retraitée.

— Sais-tu seulement que la précieuse brochure de la SFT, Traduction, faire les bons choix, est désormais disponible en plusieurs langues, dont l'espagnol ? Tu peux la communiquer à tes clients ! Il y a aussi une brochure pour l’interprétation, et une autre qui s’intitule Traduction, les mots au kilo ?

SFT Bons choix  FR.jpg

Brochure SFT Des mots au kilo.jpg

  Ça y est, vlà l’ancêtre qui distribue des flyers, maintenant.

— Bah ouais, je sais. Même que j’ai proposé mes services à la TFS pour Choix bons les faire, Tionductra, la sionver en verlan.

— Et celle de l’ATAA, as-tu vu celle de l’ATAA : Faire adapter une œuvre audiovisuelle, toi qui te gaves de séries télé en espérant plonger tête baissée dans le miroir aux alouettes, je veux dire, en espérant les traduire un jour ?!

Brochure_Ataa.jpg

 Soupir.

— Oui, j’ai vu celle de l’ATAA. Et, oui, je sais que si elles ont un air de famille, c’est voulu ! Pas la peine de me parler de la coopération entre syndicats ou associations de traducteurs. Tu péchorais un convaincu, comme tu dis dans ta tchatche moyenâgeuse.

— On ne dit pas « péchorer », produit analphabète de notre société laxiste. On dit « prendre dans ses rets ». D’ailleurs, moi-même, pas plus tard qu’il y a vingt-cinq ans, je remportais de beaux succès…

— Laisse tomber, j’entends pas, chuis sous le casque.

— Tu ferais bien de t’inspirer de ces magnifiques brochures, pour le fond comme pour la tenue de l’écriture, être mal dégrossi. Il est vrai que tu es paraît-il un rejeton de la génération de l’image. Je présume que ces pourtant passionnantes brochures à fort contenu textuel te passent complètement au-dessus.

Dans mon infinie bonté, j’en tiens une autre à ta disposition, sur papier. Elle ne traite pas directement de traduction mais, éditée par le Groupement des auteurs de bande dessinée du SNAC, elle comporte de nombreuses informations relatives au droit d’auteur en général, et même un lexique de la reddition de comptes. Elle devrait être à ta portée car elle contient d’amusantes illustrations. Je t'autorise à venir la consulter dans mon modeste triplex.

— Te fatigue pas à m’attirer dans ta bonbonnière dans le vain espoir de me harceler sessuellement, maman. Elle est en ligne, ta brochure des auteurs de bédédusnac. Ouais, trop marrants, les dessins. Je te reconnais, en page 31 (à droite). La moustache en moins.

— Tu as encore consommé des substances illégales, petit confrère. Ce malheureux auteur blanchi sous le harnais, qui se voit réduit à brader son œuvre faute de toucher une retraite convenable, n’a pas de moustache.

— C’est bien ce que je disais.

— Une autre brochure, éditée par la Charte des auteurs et des illustateurs jeunesse, est agrémentée de jolis dessins en couleur, tout aussi désopilants. Elle pourrait également t’extirper de ta crasse, toi qui t’obstines à vouloir mettre un pied dans la traduction d’édition en me soutenant que les contrats, c’est bon pour les tueurs à gages. Ne me dis pas qu’elle est en ligne.

— Bien sûr que si, Le contrat d'édition al dente est en ligne ! Ils sont modernes, à la Charte, ils écrivent pour les djeunz. Tu peux pas comprendre.

— Et cette autre brochure rigolote de la Charte, avec un éditeur contrefait en dragon ?***

— Idem. (T’as vu, j’ai fait latin 5e langue !) En cherchant 2 secondes oPid en main, on trouve Le contrat dont vous êtes le héros sur le ouèbe. Le PDF ne devrait pas tarder à figurer parmi les autres brochures téléchargeables sur le site de la Charte. C'est sûr qu'un traducteur y apprend plein de trucs, même si c'est pas fait directement pour lui.

Vivement que le droit à la formation des auteurs
soit vraiment entré dans les faits.
Mamie, elle doit encore croire qu’une souris,
c’est un rongeur. Et je vois d’ici les taches
de Tip-Ex sur son écran.
Tiens, faudra que je lui avoue que la dernière fois
où elle a tenté de me coincer dans son boudoir,
j’en ai profité pour activer sa Webcam.
Depuis, on rigole à l'a-mater, avec des potes a-mateurs d'archéologie.

La peste soit du morveux né avec une clé USB dans le fondem... la bouche.
Quelle chance pour lui que je me sois penchée,
telle une fée, sur son berceau.

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*** Note de l'Autre Jour :

Il est regrettable que cette brochure mette à mal un innocent dragon, embauché une fois de plus pour jouer le méchant, face au gentil pourfendeur, alias auteur, en l’occurrence. On n’en voudra cependant pas à la Charte d’avoir perpétué ce mythe pour la bonne cause. Elle devrait juste lire plus souvent la rubrique Sauvons les dragons de ce blog.

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Liens (oui, contrairement à certains autres blog ou sites, heureusement minoritaires, L'Autre Jour cite ses sources et ne donne pas à croire que son autrice est également celle des brochures reproduites) :

SFT - Société française des traducteurs

ATAA - Association des traducteurs-adaptateurs de l'audiovisuel

ASETRAD - Asociación española de traductores, correctores e intérpretes

Groupement des auteurs de BD du SNAC

Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse

Bravo et merci à leurs auteurs !

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05 décembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (4)

Sauvons les dragons (5)

 Et voilà, ses crises de dragonnite aiguë la reprennent.

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Ce blog est un plagiaire et cette rubrique un plagiat (vil, comme il se doit), car tout a déjà été dit, en mieux, sous le même titre :

2012-11-06 Sauvons les dragons (Small).jpg

 

 

 

Sauvons les dragons !

Willis Hall

Traduit de l’anglais par Hervé Zitvogel
Illustré par Fabien Mense
Titre original : Dragon Days
Castor Poche, 2011

 

Extrait, page 161 :

« Tuons-le d’abord, nous réfléchirons ensuite. »

Quand je vous disais que tout avait déjà été dit.

Ces fines paroles sont celles d’un type en armure, évidemment. Haut placé. Je ne vous en dis pas plus sur son identité. Les représailles pourraient être rudes, même à travers les siècles, et je ne tiens pas à être pourfendue, moi. Car de même qu’on peut remonter le temps, comme le livre le prouve, la brute dont la couronne n'ôte rien à l'épaisseur n’aurait peut-être pas de mal à le descendre, le temps, lance au poing, pour m’occire façon dragon… « Que le diable te patafiole ! », me risqué-je quand même à lui brailler d’ici, avec la témérité qui me caractérise autant que le goût du (vil) plagiat, puisque cette phrase haute en couleur est extraite des dialogues, bien entendu.

Seul un célèbre enchanteur – dont la sagesse a parfois des failles, sans quoi cette histoire n’aurait pas existé – sait à quoi s’en tenir quant aux malheureux cracheurs de feu et brave la royale autorité pour prendre leur défense (page 96) :

« Ils sont bonasses. C’est dans leur nature. »

Ça, c’est pour le fond. Pour la forme, ce roman, bien qu’il s’adresse à un public âgé de seulement 8 ans et plus (enfin, à moi, quoi), ne le prend pas pour un ramassis de décérébrés, contrairement à une tendance plutôt dans l’air du temps. Loin de lui limiter le vocabulaire, il emploie même des mots ou expressions que j’ignorais, malgré mes 11 ans et demi bien tassés : « homme lige », « à votre obéissance, sire », vous connaissiez, vous ?

Et quand, page 25, il est question de fish and chips, il vous sert une ration de frites et poisson, lui. Pas une mixture. On ne lui en voudra cependant pas d’avoir traduit banana split par « banana-split », à ce bon livre à mettre entre toutes les mains des amis de dragons, vu qu’un banana-split, c’est un banana-split. Mes hommages, messire Traducteur.

Et puis, il est joliment illustré. Au point qu’on regrette une fois encore d’être privée d'images, dans la plupart des bouquins pour public âgé de beaucoup plus de 8 ans. Voilà un vieux coup dur dont on ne s’est toujours pas remise, la disparition soudaine des illustrations dans les livres, une fois la dernière Bibliothèque verte refermée. C’est pas mignon, ce détail en bas de page, même si ce n’est pas un dragon ?:

2012-11-06 Sauvons les dragons DSCN6019_1044 (Small).JPG

Merci à Rose-Marie Vassallo, toujours plus experte ès dragonneries en tout genre, qui m’a offert Sauvons les dragons ! Inutile de me supplier, Lecteurs jaloux. Pas question que je le prête, celui-là. Comment ça, Rose-Marie, tu me l'as donné pour le petit cousin dévoreur de livres dont je t'ai parlé ? Je t'ai parlé d'un petit cousin, moi ?

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06 novembre 2012 | Lien permanent

Conseil à un jeune traducteur inexpérimenté (11) - Rellis-toi !! Euh... Relis-toi !

Le thème central de ce billet aurait cadré avec ma rubrique « Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? ». Cependant, cela fait un bout de temps que je n'ai pas secoué le Jeune Traducteur Inexpérimenté de sa torpeur de zombie habituelle. D'où l'intitulé de cet article.

— Ohé, du Jeune ! Es-tu là ou parti pour une de tes innombrables escapades, au point que je me demande comment tu paies tes cotisations sociales ?

— Zzzzz. Ça m'aurait étonné qu'elle ne me tombe pas dessus à la veille du week-end de Pâques. Ben oui, le mercredi avant Pâques, c'est veille de week-end, on est d'accord ?

— Ça trime dur ?

— Bah ouais, je rentre d'un stage de danses bretonnes en Thaïlande. Après, j'enchaîne les ponts du mois de mai pour une formation en immersion totale en langue des signes en mer Rouge, pour la plongée sous-marine. Ensuite, je suis là mais je repars bientôt pour une petite rave de trad à Berlin, histoire de revoir quelques potos d'Erasmus. Alors là, entre les deux et pour me payer mes vac... pour pouvoir avancer mes frais de déplacements professionnels, je bosse en bâclant à mort.

(Il m'énerve, à passer 6 mois sur 12 en villégiature tandis que d'autres travaillent d'arrache-pied quasiment toute l'année.) Puisque pour une fois je te saisis en plein labeur, j'ai un conseil à te donner, dans mon immense générosité à ton égard, sans la moindre contrepartie mais que pourrais-je bien tirer de ce gamin dépenaillé et presque encore boutonneux ? Ce conseil, c'est : relis-toi !

— Hun ? Mais c'est toi qui m'écris, là, ô vieillarde sucrant les fraises. Déjà pas mal que je te lise tout court.

— Relis ton travail avant de le rendre au donneur d'ouvrage, bougre d'âne, là est mon propos. Relis-le plusieurs fois à l'écran puis encore une fois sur papier. Cela fait partie intégrante de ton travail. Sans quoi, d'autres s'en chargeront à ta place et ajouteront des erreurs même là où, étonnamment, tu n'en avais point commis toi-même. (Cachons au blanc-bec qui, après tout, a encore droit à sa part d'innocence que souvent, les sagouins en question souilleront son œuvre de leurs sales pattes en la truffant d'erreurs éhontées, quand bien même il l'aurait relue cinq fois.)

— Ah bon, c'est pas l'agence qui relit ? (Je me relis quatre fois systématiquement mais je joue auc' juste pour la vénère, ma reum d'adoption.)

Malheureux, surtout pas ! Ta réputation est en jeu et avec elle, celle de toute une profession. Comment peux-tu rendre un travail non relu ?!! D'autant plus que, crois-je savoir, tu as recours à de modernes artifices. J'ai ouï dire d'un logiciel de reconnaissance vocale avec lequel tu dictes au lieu de taper, au risque que ce gadget ne tombe dans chaque piège homophone que lui tend notre belle langue française ? (Cela dit, vu l'orthographe des morveux nés à l'ère heureusement déjà dépassée du SMS, l'écriture d'un monstre cracheur de feu ne saurait guère être pire.)

Pour peu que tu utilises ces outils de bas étage non seulement pour traduire mais aussi pour assurer ta communication en ligne via ton site Web et ce, sans te relire avec un œil de lynx, cela pourrait donner ceci :

2014-04-16 Azerty.png

— Dis donc, noble ancêtre dont l'absence de cheveux blancs n'est due qu'à l"infecte collaboration d'une industrie cosmétochimique ultrapolluante (tiens, prends ça dans ta tronche, ça t'apprendra à me réveiller à 11 heures du mat' pour m'apprendre mon taf), je te signale que :

1. Moi, je tape en bépo et pas avec des systèmes de clavier mis au point à l'âge de pierre.

2. Ouais, je l'ai déjà vu, ton gag, il a fait marrer une partie de la profession. Mais c'est le site d'une agence ou prétendue telle, pas d'un traducteur censé être indépendant. Sinon, on se demande comment il pourrait aligner une quarantaine de « langues parlées » (en plus de l'azerty :).

3. D'accord, mon logiciel de reconnaissance a des progrès à faire. Mais je n'ai pas la bouche pâteuse au point qu'il confonde « azerty » et « azéri ».

4. La dame qui cause azerty dans le texte et même qui le traduit, elle affiche 30 ans d'expérience au compteur ! Toi, à côté, tu as l'air d'une débutante. Alors si tu as des conseils à donner sur l'autorelecture, faut changer de cible au lieu de t'en prendre aux djeunz. D'ailleurs, à ce propos, j'en trouve souvent, des fôtes d'étourderie, sur ton blog...

— Oui, j'avoue que je ne relis pas mes billets sur papier. Et je reconnais que je te prends souvent comme bouc émissaire et comme prétexte, toi, pauvre Jeune Traducteur Inexpérimenté, pour souligner ici des travers largement partagés par de vieux jetons de la profession, qui n'ont même pas l'excuse de sortir à peine de l'école.

Je te laisse carburer pour mettre trois sous de côté et repartir pour deux semaines à l'autre bout de la planète, avec un bilan carbone déplorable (tiens, prends ça, p'tit con, dont j'anticipe la calvitie d'ici cinq ans, tiens, reprends ça au passage, pour t'apprendre le respect).

Pendant ce temps, moi, je voyage par traductions interposées, même si elles ne m'ont encore jamais emmenée en Azertyaïdjan...

 

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16 avril 2014 | Lien permanent | Commentaires (2)

Prenons un peu de hautrice

Je fais remonter ce billet car vlatipa qu'une émission de radio apporte de l'eau au moulin de l'autrice, en la citant plusieurs fois, et de ses copines, flanquées de la règle de proximité et d'une histoire de la langue française qu'il serait bon de faire remonter aussi.

C'était sur France Inter vendredi 25 avril, dans Les Femmes, toute une histoire. À partir de 38'26, Stéphanie Duncan interviewait Éliane Viennot, autrice de
Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française
Éditions iXe, 2014

«Jusqu'au XVIIe siècle, on dit "autrice"... »

«Tous les titres et qualités sont [alors] déclinés au féminin puisque c'est le fonctionnement naturel de la langue française. »

Et de citer aussi «doyenne », «financière », «officière », «avocate », et j'en passe.

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J'ai une très estimée collègue, quelque part à l'ouest – non, dans l'ouest, mais je n'allais pas laisser passer une blague aussi facile, d'autant plus qu'elle l'a déjà commise elle-même –, avec qui j'échange sous forme de mèls ma prose de canard boiteux contre ses délicats poulets de fine race.

Les débats animant une basse-cour commune (soit dit sans offense – c'est juste pour rester dans le domaine avicole) nous ont amenées à poursuivre en privé une discussion sur un thème qui, pour une fois, ne met pas en émoi que les traducteurs-trices car il agite régulièrement une grande partie de la population et des médias : la féminisation des noms n'existant traditionnellement qu'au masculin.

Par chance, pour celui qui désigne notre métier, il existait déjà un féminin, que personne ne semble vouloir remplacer par un truc en -teure. La réputation peu prestigieuse de la fonction explique peut-être qu'à nous, comme à d'autres modestes professions : boulanger/boulangère, camionneur/camionneuse, gardien/gardienne, agriculteur/agricultrice, etc. on ne conteste pas jusqu'à la possibilité même que notre nom ait un féminin, y compris quand le boulot est accompli par une majorité d'êtres humains visiblement femelles*.

Mais pour le mot « auteur »... c'est une autre histoire et même parmi les principaux intéressé(e)s, le désaccord fait rage.

Il n'empêche qu'« auteure » figure bien dans le Robert. (Pour ce qui est du dictionnaire de l'Académie, il semble que de l'eau doive encore couler sous la passerelle des Arts.) Cette « auteure », qu'elle soit acceptée ou non par la population, y compris écrivante et traduisante, tente de se frayer un chemin dans l'usage.

Cependant, Robert propose aussi un autre féminin, en précisant toutefois, exemple à l'appui, qu'il peut s'employer à titre ironique. Rose-Marie Vassallo, puisque c'est d'elle qu'il s'agit et qu'elle s'est faite ma complice pour ce billet, a trouvé un argument en béton une pierre à ajouter à l'édifice linguistique en faveur de cette seconde forme. Plusieurs pierres, même...

Les anciens les ont artistement disposées pour construire ce calvaire, au XVIIe siècle :

Vignette

(cliché Michelle Le Brozec, pré-inventaire, 1971)

De moins anciens, raconte Rose-Marie, « l'ont déposé, puis reposé et... cimenté !!! » Mais pourquoi donc, noble consœur calvairologue ? « Parce qu'il était de guingois. J'ai des tas de photos de nos lardons en train de jouer au pied de ce calvaire penché – et qui ne risquait pas de tomber, methinks. » On se demande même si les rénovateurs zélés ne l'ont pas fait tournicoter sur son socle, hérésie !

« Quel rapport avec les variations transgenres d'"auteur" ? », vous agacerez-vous, Lecteurs consommateurs de tout-tout-de-suite, qui avez d'autres blogs à survoler d'un œil blasé.

C'est que, sur la face ouest du calvaire, il est inscrit ceci :

2014-04-08 calvaire Trégastel 1.JPG

Non, pas « MAURICE », Lecteurs niant l'évidence, « AUTRICE ».

Et sur les autres faces :

2014-04-08 Calvaire ouest (Small).jPG

1636 MAD OAS [sud]

2014-08-04 Calvaire sud P4010033.JPG

MAHE LISS [est]

2014-04-08 Calvaire est P4010036 (Small).JPG

ILLOUR RE [nord]

Écoutons Rose-Marie, qui s'est donné le mal de prendre toutes ces photos à quatre pattes, par lumière rasante et sous la houlette d'un maître ès photographie :

« Ce calvaire commémore la fin d'une épidémie de peste, et les spécialistes tombent d'accord sur le sens de l'inscription : une Marguerite Lissillour fit réédifier (RE-AUTRICE) à cette occasion la croix déjà présente et sans doute rudimentaire. (La présence d'un seul bubon et la phrase de remerciement, "Mad oas -- Tu fus bon", semblent indiquer que la paroisse de Trégastel fut épargnée.)

J'aurais mieux aimé une "autrice" sculptrice, c'est ce que je me plaisais à imaginer lors de notre arrivée ici, mais le mot est là : autrice et non pas auteurE :-) Désignant donc, comme c'était l'une des acceptions à l'époque, l'initiatrice, l'instigatrice de l'érection de cette croix neuve. Et sans nul doute la bailleuse de fonds.

(Par parenthèse, "auteur" ne dérive pas du latin "agere", comme on serait tenté de le croire, comme je l'étais la première, mais d'"augere", faire croître, augmenter --> auctoritas, autorité, cf. le Robert historique de la langue française.)

Bref, personnellement, comme toi, je préférerais "autrice" à "auteure", et pour une fois j'en veux aux Québécois. Quelle idée d'avoir fait peser la balance dans le sens de cette dernière option ! Tu me diras, avec "professeur"... »

Et Rose-Marie de conclure en citant sa source, où elle a trouvé les détails sur les inscriptions : 

Mes infos sont tirées de l'excellent bouquin d'un historien local : Emmanuel MAZÉ, Trégastel. Le passé retrouvé. Les Presses Bretonnes, 1994, Saint-Brieuc.

 

Mersi bras, Rose-Marie ! On en redemanderait, des calvaires comme celui-là.

 

Pour l'ambiance, ce blog multimédia (mais pas au point de savoir comment attraper un de ces airs en particulier, pour l'incruster ici en toute légalité) va se remettre un coup de chansons en breton.

 

* Tiens, ça me fait remarquer que l'adjectif « mâle » existe au féminin (une mâle assurance) mais que l'adjectif « femelle » n'apparaît guère au masculin, à ma connaissance. Sauf dans « un ragondin femelle », par exemple. Je vous embrouille ?

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27 avril 2014 | Lien permanent | Commentaires (15)

Noms de lieux !

Cela fait longtemps que je n'ai pas secoué le héros récurrent de ce blog – alias un jeune blanc-bec qui a entrepris d'exercer la profession de traducteur –, dans le but généreux de faire entrer dans sa caboche les rudiments du métier.

Je le vois d'ici qui somnole, croyant sans doute que s'ouvrent devant lui les trois mois de vacances auxquels l'ont habitué des années d'université. Le bougre a le nez sur un genre de gadget plat qui lui tient dans la main et qu'il tripote de l'autre d'un geste glaireux. C'est signe qu'il n'est pas tout à fait assoupi. Tirons-le de sa torpeur pour le ramener dans le monde réel et lui rendre par là un insigne service.

— Holà, Jeune Bobo  Soho Worker** TIP*** Jeune Traducteur Inexpérimenté !

— Plaît-il ?

(L'animal m'énerve plus que jamais quand il feint de s'exprimer dans une langue châtiée plutôt que dans son sabir coutumier.)

— Dis voir... Quand tu rencontres un nom de lieu dans une de tes multiples langues sources (oui, c'est agaçant, le gamin est polyglotte), je te fiche mon billet que tu le laisses bêtement tel quel dans le texte cible ?

— Bah oui, si je tombe sur « Madrid » ou « Paris », je traduis par « Madrid » ou « Paris », profère l'insolent en se payant ouvertement ma tête, qui pis est avec un accent impeccable tant en espagnol qu'en anglais.

— Et « Mexico City » ?...

(Je me complais à lui tendre ce piège cruel, je l'avoue.)

— Je traduis par « Mexico », puisqu'en français, la confusion n'est pas possible entre le nom du pays et de sa capitale !! As-tu donc enfin terminé de comptabiliser tes points de retraite, ô noble Aînée pas loin de sucrer les fraises, pour qu'une oisiveté mère de tous les vices te pousse à me poser des questions aussi sournoises que débiles ?

Tu crois que j'ignore que quand un toponyme étranger a, pour des raisons historiques, son pendant en français, on s'abstient de le laisser sous sa forme d'origine ?! Comme Ratisbonne, par exemple.

— Diantre, tu connais non seulement Ratisbonne mais aussi le terme
« toponyme » ?...

(Parfois, il me surprend autrement que par son insondable ignorance. Sans doute Erasmus l'a-t-il amené à fricoter avec des étudiantes du pays bavarois – je ne vois pas d'autre explication à cette science inattendue de sa part.)

— Ouais, même que j'ai assisté au colloque sur la « Traduction des noms propres dans le contexte de la traduction des écrits de voyage », quand j'étais à l'ESIT. Bon, d'accord, c'est bien parce que je comptais pécho à la sortie la traductrice qui intervenait sur « Norme, pragmatisme et frustration : la traduction des noms propres dans le documentaire de voyage », histoire qu'elle reste pas frustrée sur toute la ligne, hin hin hin.(1)

— Ça m'étonnait, aussi. Et... si, par exemple, ton parcours traductif traversait les villes appelées en anglais comme en italien « Viterbo » et « Catania », que ferais-tu ?

— Je remplacerais par « Viterbe et « Catane ». Tu crois vraiment que ça existe, des traducteurs nazes au point de les laisser en langue source ? J'en connais pas, moi.

— C'est que tu n'as encore jamais eu à cotraduire, petit chanceux. L'expérience est parfois fructueuse et sympathique. Parfois aussi, tu tombes sur quelqu'un qui compte sur les autres pour corriger ses bourdes (toponymiques ou autres). Et qui, soit ne traduit pas ce qui devrait l'être, soit traduit de traviole. Quand l'éditeur a la bonne idée de te soumettre les épreuves, tu passes des journées à rectifier « la Reichstag », la « rue Gaisburgstrasse », le « Pont Rialto » ou les « États Arabes Unis ».

— Naaaan ?...

— Si, si, véridique.

(Gros soupir suivi d'un silence)

— C'est pourtant ce qu'on appelait la « culture générale », de ton temps, non ?

— Exact. Et quand on ne sait pas, on se renseigne.

Supposons maintenant qu'au ciné, dans une divertissante comédie anglosaxonne, tu entendes un personnage prononcer « Aachen » et que ce soit sous-titré tel quel. Et qu'à un autre moment, il dise « in Cornwall » et que ce soit sous-titré « à Cornwall » ?

— Je me dirais :

- que l'auteur des sous-titres aurait gagné trois signes en traduisant
« Aachen » par « Aix » ce qui, vu l'importance de l'encombrement en matière de traduction audiovisuelle, n'est pas négligeable
- que s'il croit que la Cornouailles est une ville du nom de Cornwall, il prend peut-être aussi Le Pirée pour un homme
- que pour sa défense, quelqu'un est peut-être passé derrière lui pour démolir son boulot
- mais que quoi qu'il en soit, il n'est pas près de remporter le
prix du Sous-titrage ou du Doublage
.

— Comme tu dis... Dommage, le reste du film était une suite assez acrobatico-cabriolesque de jeux de mots en rafale.

 

*******

 

**   Small Office - Home Office
*** Travailleur intellectuel précaire

 

(1) Pardon, A.-L., tu es la victime innocente de l'unique part de fiction contenue dans ce misérable billet – je ne maîtrise pas bien les écarts de conduite et de langage du héros récurrent.

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05 juillet 2013 | Lien permanent | Commentaires (4)

Mots appris (19) - Becquets et paperolles

De même que les vicomtes, les fous d’informatique ou les coureurs de fond (etc.) se racontent des histoires de vicomtes, de fous d’informatique ou de coureurs de fond, les traducteurs se racontent des histoires de traducteurs, en papotant sur des forums.

Souvent, le papotage consiste à aider les collègues quand ils sèchent sur un terme. La plupart d’entre eux ne posent une question qu’après avoir épluché, si je puis dire et dans un ordre variable, la Toile, les bouquins qu’ils ont sous la main, leur mémoire, les connaissances de leur entourage, la bibliothèque municipale ou un centre de ressources documentaires plus spécialisé. Question de conscience professionnelle et d’amour-propre. [Idem pour les jeux de mots : vous partageriez, vous, être sainement égoïste, les délices procurées par la recherche de leur équivalent dans la langue cible ? Pas plus que l’écureuil de LÂge de glace *** ne cèderait son gland et seulement dans un cas désespéré ? Nous sommes bien d’accord.]

L’autre jour, c’est l'ami Frédéric qui, après avoir épuisé ses pourtant vastes ressources, appelait les collègues à la rescousse :

« J’ai le souvenir d’avoir croisé un terme désignant les petits bouts de papier que l’on insère dans un jeu d’épreuves afin d’y signaler les corrections proposées. Si ma mémoire ne m’égare pas, le mot désigne également une scène ajoutée à une pièce de théâtre lors des répétitions. J’ai déjà perdu un temps déraisonnable à cajoler et menacer ma cervelle qui persiste à me narguer. »

Ça n’a pas loupé : dans les 7 minutes qui ont suivi, Frédéric recevait deux réponses, d’Évelyne et d’Éric. Je laisse un peu d’espace avant de vous livrer la soluce, pour que si ça vous amuse, vous puissiez vous aussi vous creuser le ciboulot en quête de souvenirs enfouis.

 

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Eh bien, ces petits papiers s’appellent des « becquets » ou « béquets ». Merci les amis, merci la liste de diffusion de l’ATLF, vous m’avez appris un mot ce jour-là.

Frédéric nous communique ce qu'en dit le Big Bob, confirmant au passage le sens théâtral qu'il attribuait au becquet :

becquet [bDkD] n. m.

ÉTYM. 1587; bechez, v. 1170; de bec.

v

1 Vx. Petit bec.
2 Mod. (Objets matériels). a (xiiie). Pêche. Brochet; saumon à museau allongé.
b Cuis. Chair de porc attachée à la mâchoire inférieure et consommée ordinairement fumée.
c Techn. Morceau de cuir pointu destiné à renforcer la semelle usée d'une chaussure.Menuis. Morceau de bois rajusté à une cassure.Autom. Pièce de carrosserie (élément stabilisateur aérodynamique) ajoutée à l'avant et à l'arrière d'une automobile pour améliorer l'écoulement de l'air le long du véhicule.
3 (1808, béchet). Imprim. | Becquet ou béquet (morceau de papier portant un texte) : languette, petit morceau de papier écrit qu'on ajoute à une épreuve pour signaler une correction, un ajout.
¨ Typogr. Morceau de papier fin collé sous la feuille de mise en train pour mieux faire ressortir, lors de l'impression, les caractères qui apparaissent faibles sur l'épreuve.
¨ (Av. 1850). Argot de théâtre. Fragment de scène ajouté par l'auteur au cours des répétitions.
0 Tous ont mal joué, préoccupés de leurs toilettes et des derniers béquets, voulant jouer comme je veux et contre Antoine, furieux, qui ne sait plus un mot de son rôle.
J. Renard, Journal, 1er mai 1903.

Les becquets des copains m’ont fait penser à un autre mot, un joli mot également appris de frais et qui me semble en être synonyme ou presque (?) : les « paperolles », qu’utilisait Marcel Proust pour apporter des ajouts à ses écrits.

Et comme d’un mot, ou d’un de ses sens, on saute souvent à un autre, j’ai aussi appris récemment et par ailleurs (lors d'une farfouille dans le domaine des « loisirs créatifs », merci aux cousins québécois pour leur Abécédaire) que les paperolles étaient également d’étroites bandes de papier enroulées sur elles-mêmes et servant à réaliser des ornements et tableaux. Mais vlatipa que d'éminents spécialistes des arts populaires contestent l'adéquation de ce terme. Et profitent de votre visite pour vous en apprendre une quantité
d'autres ! Ouf, ils répertorient « égrenure » mais pas « engrenage »...

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Deux jours plus tard...

La vie de traducteur/trice étant, comme l'expriment au plus juste Les Piles intermédiaires, « une suite d'ébouriffantes coïncidences sans hasards », je suis tombée à peu près au moment où je rédigeais ce billet sur un devis de maçonnerie. Oui, je tombe assez souvent sur des devis d'entreprises du bâtiment, et ce n'est ni parce que je les traduis, ni parce que mes droits d'auteur me permettent de me faire construire des baraques un peu partout.

Dans ce devis, il était question de la réparation d'un becquet ! Encore un ! Pas le becquet en papier de Frédéric, ni celui de l'argot de théâtre, ni aucun exactement de ceux que nous cite son Grand Robert. Dans ma terminologie à moi, c'est « un machin en béton au bord du balcon de la voisine (qui part en miettes, en l'occurrence - non, pas la voisine, quoique) ». Donc, encore un nouveau sens !

Après enquête dans un glossaire d'étanchéité en ligne, ce becquet-là s'avère être un « dispositif destiné à protéger la tête du relevé d'étanchéité, empêchant l'eau de migrer vers le relevé ».

Quand Les Piles vous disent qu'on a une vie ébouriffante... C'est tout le temps comme ça. On tombe sur un terme bizarre et inconnu au possible et dans les heures qui suivent, on retombe dessus dans un contexte différent. Et souvent, celui-ci répond à la question que posait le terme dans la précédente occurrence. Dès que j'ai un stock de ces petites coïncidences termino-anecdotiques, je vous fais une compil.

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*** À propos, quelqu’un peut-il me dire pourquoi cette bestiole ressemble furieusement à un renard ? D’accord, Scrat est un écureuil préhistorique et son espèce a peut-être eu le temps d’évoluer depuis l’ère des mammouths, mais quand même, ça m’intrigue. Merci !

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20 novembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (7)

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