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20 juillet 2016

Bribes ouïes (25) - Où, oui, où ?

L'autre jour, bribes ouïes en rafale :

« Où il descend Où il descend Où il descend Où il descend Où il descend Où il descend ? »

Puis, en désespoir de cause et faute d'obtenir une réponse :

« Il descend où ?... »

Bribe retournée mais pas plus couronnée de succès.

Il est vrai que les parents du mouflet auraient été en mal de lui expliquer où descendait le gars. Vu qu'à y bien réfléchir et à proprement parler, il ne descendait pas quelque part. Encordé, il descaladait le viaduc désaffecté, c'est tout.

 

Justement, je me demandais il y a quelque temps, en entendant dans la rue une accompagnatrice de centre aéré inciter les enfants à brailler « On n'est pas fatigués On n'est pas fatigués On n'est pas fatigués On n'est pas fatigués On n'est pas fatigués » (Pourquoi seraient-ils fatigués ? Vous étiez fatigué, vous, à leur âge ?), si ce n'était pas les grands qui inculquaient aux petits l'art de la répétition, alors qu'on a tendance à croire qu'il leur est inné.

 

Sur ce, je redescends vers mes moutons.

29 juin 2016

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (24) Avoir ou situer ?

« Il faut avoir ou situer (de la part du logiciel ou de la personne)
de connaissances du domaine. » (sic)

Non, à son réveil après des mois d'hibernation, ce blog soudain assoiffé de trollerie ne poussera pas la mauvaise humeur jusqu'à créer une rubrique « Ça fait peur », voire « Change de boulot ».

Mais ce n'est pas l'envie qui lui en manque, comme souvent.

Ça l'en démange même beaucoup, car ce charabia est un extrait – le reste est à l'avenant – d'un site Web de traducteur censé traduire vers le français, bardé de titres ronflants et qui récrimine sur les forums professionnels après les agences de traduction parce qu'elles boudent ses services.

26 avril 2016

Petits lus (4) - Laissez répandre le poids !

De studieuses recherches en ligne nous amènent parfois et contre notre intention initiale à des lectures que l'on pourrait, selon son degré de mauvaise foi, qualifier de
« collatérales » ou mettre au crédit de la sérendipité :

« Mais pas tout le monde a été tellement ravie de grossesse après la perte de poids de Charlène, il est répandu prince Albert et d'autres membres de la famille royale sont absolument furieux que Charlène utilise des pilules pour laisser tomber le poids si rapidement. »

 

On les comprend. Mais faut s'accrocher.

01 avril 2016

Poisson dans l'eau

Ami Traducteur,

Tu vis, comme beaucoup de tes congénères, dans le nord-est parisien.

Il y a longtemps, longtemps, tu savais nager, au moins un peu.

Ton activité sédentaire fait qu'aujourd'hui, tu t'encroûtes. Planté devant un écran du matin au soir, tu n'as plus de souffle. Ta silhouette autrefois de rêve s'empâte.

Privé de compagnie comme souvent les travailleurs indépendants, tu aimerais t'extraire de tes pénates pour voir de vrais gens, qui vivent ailleurs que dans les livres. Jusqu'à présent, tu t'es sagement interdit d'évasions aux heures de bureau, soucieux que tu es de rester à la disposition de tes donneurs d'ouvrage. Mais un léger vent de révolte te pousse à tenter une brève sortie hebdomadaire, quitte à prétexter une descente en bibliothèque si on te cherche pendant ce temps.

Assoiffé permanent de terminologie, passionné de langages en tout genre, tu aimes à laisser traîner tes oreilles avides de toute expression, de préférence pittoresque, manquant encore à ton répertoire. Exemple : « Tu vas les gainer, tes ischio. »

Un brin maso, sans quoi tu exercerais un autre métier, tu es prêt à goûter les plaisirs de l'effort physique en milieu hostile, sous l'œil plein de sollicitude d'un(e) charmant(e) moniteur/trice révisant en accéléré ses cours de premiers soins aux noyés, lorsqu'il/elle te voit virer à l'indigo. Ce n'est pas faute de t'avoir expliqué qu'on n'inspirait pas sous l'eau. Ton même brin de masochisme fait que non content d'avoir les yeux comme des patates au bout de dix heures quotidiennes d'ordi, tu veux les mettre encore un peu plus à rude épreuve. Ça tombe bien, le susnommé milieu hostile est arrosé de chlore.

Coquet, au fond, tu meurs d'envie d'arborer ailleurs que devant ta glace ton superbe costume de bain et surtout, ton bonnet, également de bain et dûment assorti. Car quoi qu'en prétendent de méchantes langues, tu ne passes pas ta vie en pyjama (la preuve : tu trouves que le vieux survêt', c'est seyant aussi).

 

Bref, tu es bon pour venir barboter avec de joyeux camarades au cours d'aquapalmes ! C'est ici que ça se passe.

 

Bien entendu, ce qui précède vaut aussi pour les non-Traducteurs ne correspondant pas plus que ça au signalement ci-dessus, à part la localisation nord-esto-parisienne.

 

Ceci n'est pas un poisson d'avril.

25 mars 2016

Interprètes et traducteurs à la TSF (enfin, presque)

Cher Producteur de la Radio de service public,

Lors d'une de vos émissions, vous interviewez une vedette du show-biz et présentez son livre. Après cela, une humble traductrice (non, pas moi) vous écrit gentiment pour vous signaler que vous avez oublié de citer son nom. Comme si le bouquin s'était traduit tout seul.

Vous lui répondez pour l'engueuler et lui assener une leçon de morale en arguant que vous avez indiqué par deux fois le nom de la traductrice.

Faut réviser vos fiches terminologiques, l'ami : vous avez certes bien donné le nom de l'interprète, qui traduisait en français les propos de la star (faut dire que dans le cas contraire, votre émission dépendant de sa prestation, l'interprète aurait aussi bien pu vous planter là). Mais pas celui de la traductrice, qui a traduit le livre. Est-ce plus clair, maintenant ? On ne va pas rester sur un méchant qui-pro-quo, préjudiciable pour l'image de nos trois professions... même si nous sommes à la radio (enfin, vous, surtout).

 

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Quelques Autres Jours plus tard :
On me souffle dans le casque que
le Producteur de la Radio de service public,
ayant à la suite de cette émission
reçu beaucoup de courriers explicatifs de la part de collègues,
cite désormais le nom des traducteurs.

20 mars 2016

Mots appris (34) - Glottophobie

Ce blog s'est déjà insurgé à plusieurs reprises contre cette imbécilité discriminatoire qui consiste à sous-titrer les propos de francophones, qu'ils soient africains, antillais ou auvergnats. Discriminatoire vis-à-vis des locuteurs, les téléspectateurs étant, eux, considérés de manière collective et indistincte comme des abrutis.

La presse écrite et radiophonique m'apprend que le phénomène porte désormais un nom, la « glottophobie». Autre cas de glottophobie qui, à l'aube, m'a affligée: celui, cité sur France Inter, de ce petit garçon en pleurs parce que la maîtresse prétendait mieux savoir prononcer son prénom que lui-même. Idem pour tous ces gens dont l'accent a le tort de ne pas être assez pointu.

« Glottophobie», ou discrimination par le langage, est un terme créé par l'auteur d'un livre que j'ai fortement envie de me procurer :

Philippe Blanchet
Discriminations – Combattre la glottophobie
Éditions Textuel, 2016

On peut écouter Philippe Blanchet, interviewé ce matin 20 mars 2016 par Dorothée Barba dans une chronique intitulée La langue, outil de discrimination (émission Le 5/7 du week-end). 

On observera qu'à la radio, les intervenants ne sont pas sous-titrés. Serions-nous moins bêtes selon que nous revêtons notre casquette de téléspectateur ou d'auditeur ?