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04 décembre 2014

La 81e des 101 Choses

L'été dernier, je m'aventurais à traduire ici une page du livre 101 Things a Translator Needs to Know.

J'en faisais la présentation suivante :

Le WLF Think Tank est une bande de traducteurs + une illustratrice qui ont regroupé, dans un livre intitulé 101 Things a Translator Needs to Know, 101 conseils principalement destinés aux inconscients aventuriers novices qui voudraient se lancer dans la traduction.

J'ai récidivé, toujours avec l'autorisation des auteurs et cette fois sur l'article 81, consacré au sous-titrage. Voici l'original, suivi de ma version. Puisque nous sommes entre nous, j'agrémente celle-ci de quelques NdT (que j'évite en situation réelle et que vous pouvez toujours essayer d'inclure dans un sous-titre...), pour vous expliquer mes partis pris. Car comme souvent et pas seulement dans l'audiovisuel, traduire a consisté à adapter.

 

Squeezing information
into so little space is a
big challenge for subtitl

Ever tried fitting a ten-letter answer into six squares in a crossword grid? Then you'll understand that subtitlers need to work magic. Every few seconds they turn dozens of words of dialogue into just a few characters in two succinct lines of text. It's hard work, of course, and far more time-consuming than standard translation: capturing the essence of what is said in all its idiomatic and cultural nuances in coherent, semantically self-contained texts that are left on screen for just the right length of time.

Subtitling is not for the faint-hearted — nor for fearless dilettantes. If you are interested in it, contact your professional association to ask for advice. Maybe you'll find a mentor willing to share the secrets of their wizardry.

Texte de l'illustration :

Enseigne :
UK SUBTITLING CO
Parties d'enseigne au sol :
NITED     INGDOM   MPANY

 

101things Subtitling.png

 

Caser un maximum d'infos en un rien
de place, c'est l'exploit du sous-tit
(1)

Vous avez déjà essayé de faire entrer un mot de dix lettres dans six cases de mots-croisés ? Si oui, vous comprendrez  que le sous-titrage, c’est de l’exploit. Plan par plan, il faut transformer comme par magie des répliques entières en quelques caractères(2), sur deux lignes. Cette adaptation prend bien plus de temps qu’une traduction courante car après avoir saisi toutes les nuances idiomatiques et culturelles du dialogue, on doit en restituer l’essence. Et ce, en une unité de sens complète et sur une durée limitée à la fraction de seconde près.

Des vocations dans la salle ? Poules mouillées et têtes brûlées s’abstenir. Les candidats au sacerdoce(3) se renseigneront auprès d’associations professionnelles telles que l'ATAA(4). Et(5)  peut-être trouveront-ils un sorcier disposé à leur transmettre ses secrets.

Texte de l'illustration : 

Enseigne :
ST FEBREF CO
Parties d'enseigne au sol :
OUS-     ITRAGE     RP.


(1) J'ai disposé le titre sur deux lignes comme dans un sous-titre, plutôt que sur trois lignes comme dans le livre.
 
(2) « Signes » serait plus correct et plus précis. J'ai opté pour « caractères » parce que ce terme est plus parlant pour le lecteur non-spécialiste.

(3) Je supprimerais volontiers « au sacerdoce », pour éviter l'empilement d'images hétéroclite avec les poules mouillées et les têtes brûlées, pas forcément apprécié d'un lectorat francophone.

(4) Hem. Moi aussi, j'adapte...

(5) Re-hem. J'ajoute le "Et" en début de phrase pour qu'on ne croie pas qu'il suffit de sonner à la porte de l'ATAA pour trouver un mentor. Ah si ? Mais on peut peut-être le trouver ailleurs, aussi.

(6) Les piles intermédiaires, que je remercie de leur avis toujours précieux, trouvent qu'on aurait pu ne pas traduire l'enseigne. À vous de voir ! J'ai fait comme si un illustrateur avait dû incorporer les textes dans l'image telle quelle, c'est pourquoi j'ai conservé l'enseigne en trois parties.

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Et maintenant, à vos plumes électroniques,
si vous voulez commenter ou améliorer la proposition de traduction ci-dessus !

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Cher grand Cousin Blog de l'ATAA,

Voilà des mois, je t'ai proposé cette traduction en vue de billet. Tu en as bien voulu et tu t'es même dit prêt à rédiger une intro. Je t'ai remis la traduction au tout début septembre. Trois mois plus tard, toujours rien, alors qu'il est arrivé que tu restes muet et ne publies rien pendant six semaines dans l'intervalle. Tu m'as pourtant bien confirmé, à plusieurs reprises, que la parution ne saurait tarder...

Bref, si tu veux maintenant reproduire cet article pour en faire profiter ton audience, autrement plus vaste que la mienne, n'hésite pas.

Mais pour moi, la moindre correction vis-à-vis des auteurs du livre était de ne pas laisser traîner cette parution au point qu'un nouvel opus vienne remplacer 101 Things au box-office ! Je n'allais donc pas laisser mon travail aux oubliettes indéfiniment.

 

24 mars 2013

Mise à prix

Un sous-titrage ou un doublage de qualité, ça a un prix.
Ou du moins, ça mérite d'en avoir un.

01 juillet 2012

Mots appris (13) - Weltanschauung

L’autre jour, j’écoutais un ancien numéro d’une de mes émissions-chouchous, Tire ta langue, présentée sur France Culture par Antoine Perraud. Pas récent, le numéro, car il datait du 23 novembre 2004. Ce jour-là, l’émission était intitulée Comment sous-titrer les films ?.

Vers la 37e minute, on entend quelques bribes de dialogue des Ailes du désir. Une vraie musique, et pas seulement à cause de l'accompagnement instrumental. Du miel pour les oreilles, même non germanistes. L’animateur interroge alors Estelle Renard, qui fait partie de ses invités, tous traducteurs audiovisuels : 

– Les Ailes du désir nous mènent à cette espèce de langue comme conception du monde… Je crois me souvenir de mes années de lycée qu’il y a un mot allemand pour définir cela, comment dit-on ?…

Estelle répond sans hésiter : « [un truc qui, pour mes oreilles encore emmiellées mais toujours pas germanistes, ressemble vaguement à "Atchoum", mais en plus long.] »

Estelle n’est pour rien au fait que je n’aie pas compris ce mot. Elle l’a fort bien prononcé. Je dois toutefois enquêter auprès de ma Décrasseuse attitrée pour savoir de quoi il s’agit. 

Réponse de ma Décrasseuse attitrée : « C'est la Weltanschauung, un concept effectivement bien connu des germanistes et des freudo-jung-iens, entre autres. :-) » 

Moi : « … » ←Silence éloquent, vous en conviendrez, indépendamment du fait que notre échange se déroule par mél.

Une brève enquête sur Wiki me permet de combler un peu plus une lacune qui a cependant encore de beaux jours devant elle :

« Weltanschauung est un terme allemand désignant la conception du monde de chacun selon sa sensibilité particulière. Il associe "Welt" (monde) et "Anschauung" (vision, opinion, représentation). La Weltanschauung est au départ une vision du monde d'un point de vue métaphysique, notamment dans l'Allemagne romantique ou moderne. » 

Bref, si je replace ma nouvelle acquisition de vocabulaire dans le contexte du sous-titrage, j’en comprends que ça veut dire, dans mon langage à moi : « Sous-titrer, c’est pas fastoche, ça demande un gros boulot d’adaptation culturelle. » Or, souvent, comme l'indique Sylvain Gourgeon, autre participant à l'entretien, on est obligé de rester dans un entre-deux.

Quelqu’un veut-il se dévouer pour broder sur le sujet ce cette vision du monde et de ce qu'elle implique en matière de traduction ? Ici, sous forme d'article que je me ferai un plaisir de publier, ou sur un autre blog, qu’il soit personnel ou associatif ? Ce serait dommage de ne pas approfondir, non ?… La Weltanschauung est dans votre camp ! Danke Schön !

 

Les producteurs de Tire ta langue ont bien voulu exhumer cet ancien numéro pour l’ATAA (Association des traducteurs-adaptateurs audiovisuels), à l’occasion de l'enregistrement d’une nouvelle émission, diffusée, celle-ci, le 17 juin 2012. Cette fois, plusieurs traductrices membres de l'ATAA étaient invitées à s'exprimer sur L’art du sous-titrage et du doublage. Je ne peux vous donner de lien vers celle de 2004***, mais celle de 2012 est .

 

*** Quelques heures plus tard :

Si, en fait, je peux vous le donner, le lien vers l'émission de 2004, comme me le rappellent pertinemment Les Piles dans leur commentaire.

 

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Digression :

Au cours de l'émission de 2004, j'entends avec satisfaction le chroniqueur Philippe Barthelet prononcer correctement (mais après tout, ça devrait aller de soi), le mot « gageure », si souvent écorché par ailleurs à la radio, ce qui m'a récemment inspiré un coup de griffe dans un autre article publié sur ce blog.

14 mai 2012

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (7) Un couiz !!

Un couiz sur le site de l'ATAA, avec un topo de présentation
sur son blog !

Allez-y, jouez, c'est instructif !

Je vous aide : une piste vers la réponse à une des questions se trouve sur L'Autre Jour.

Vous aurez accès aux soluces après avoir cliqué sur Submit. (<- Ça, c'est pour ceux qui, comme moi, risqueraient de les réclamer à l'ATAA au lieu de lire l'intro comme il faut - Ici : smiley contrit.)

 

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À propos d'une des questions du couiz :

Selon moi, quelqu'un qui traduit un texte, c'est un traducteur. Il n'adapte pas plus en doublage ou en sous-titrage qu'en quelque autre domaine de la traduction
, y compris en technique – et même plutôt moins, à mon avis.

Car traduire, c'est adapter, par définition.
Le domaine où il me semble qu'on adapte le moins, c'est la traduction littéraire, puisqu'on essaie de restituer autant que possible non seulement le sens et le niveau de langue, mais aussi la musique (le rythme, les sonorités...) du texte d'origine.

Ça tombe bien, je voulais justement écrire un billet au sujet de cette histoire d'« adaptateur », qui me paraît relever avant tout d'un certain snobisme. Les collègues sont conviés à confirmer - ou pas - sous forme de commentaires !

 

Pour moi, un adaptateur (dit « SM », en l'occurrence), c'est une personne qui adapte une oeuvre ou un programme audiovisuel du français au français (par exemple), de manière à la sous-titrer pour les sourds et malentendants. Souvent, il s'agit à l'origine d'un traducteur, qui est venu par la suite à cette autre activité.

Le seul autre adaptateur que je connaisse, c'est une sorte de raccord. Un genre de traducteur pour qu'une prise électrique britannique et un rasoir français se comprennent, par exemple :)