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28 octobre 2015

Mots de travers (14) - L'article de trop

La publication de la nouvelle version française d'un livre funeste agite la presse, ces temps-ci.

Plutôt que de se faire l'écho de cet évènement éditorial, ce blog étriqué, pinailleur et corporatiste s'attache comme d'habitude à un de ces détails que seule l'engeance traductrice relève. Encore un peu, celle-ci prétendrait qu'à leur manière, ces détails tuent.

Le détail figure dans l'un des nombreux articles suscités par la sortie de la nouvelle version française du texte en question. Cherchez l'erreur :

« "Aucune législation ne nous interdit de mettre en vente ce livre", précise l'éditeur, qui a demandé au traducteur, le journaliste et biographe Olivier Mannoni, d'établir l'édition française. On lui doit à ce jour plus de 170 traductions... »

Si l'erreur vous saute aux yeux, je parie que vous faites partie d'une bande mesquine d'amateurs corporatistes à tendance pinailleuse. Dans le cas contraire, je vous aide à la trouver en reproduisant un extrait de la page Wikipedia consacrée à Olivier Mannoni (non rédigée par celui-ci, précisons-le). On y remarquera des similitudes avec le premier extrait, au fameux détail près :

« Olivier Mannoni (...) est un traducteur, journaliste et biographe français. (...) Il a traduit à ce jour plus de 170 ouvrages. »

D'aucuns, comme Wikipedia, considèrent que traducteur, c'est un métier, éventuellement exercé à côté et à l'égal d'autres métiers. Pour d'autres, traducteur est une activité accessoire, réalisée en amateur par un membre d'une noble profession – journaliste, biographe, par exemple – qui, à temps perdu, traduit 170 ouvrages. Tout est dans l'article.

Bien entendu, une erreur est possible, dans la hâte du bouclage,
et pas forcément imputable au journaliste.

 

On signalera que parmi les 170 ouvrages accessoirement traduits par Olivier Mannoni figurent ceux d'auteurs tels que Freud, Sloterdijk et Suter. Ajoutons à ce palmarès des titres moins funestes que celui qui alimente actuellement la production d'articles.
Idem, dans le genre non funeste et propre à m'inspirer une verte jalousie, pour certains de ceux traduits par Valérie Le Plouhinec, première à avoir réagi à l'article de trop sur la liste de diffusion de l'ATLF, dans un style autrement plus élégant que celui de ce billet et dans un fil passionnant consacré à la sortie du livre évoqué plus haut. Cher Jeune Traducteur d'édition, si tu étais membre de l'association, tu profiterais sur sa fameuse liste des échanges enrichissants de ces éminents collègues, entre autres, et pourrais même y participer, au lieu de perdre ton temps à lire des blogs pinailleurs.   

20 août 2015

Conseils à un Jeune Traducteur Inexpérimenté (14) - Études et chiffres en tout genre

Résumé pour lecteur pressé et pas regardant sur l'exactitude :
le traducteur-auteur, qui est à la fois un libéral déclarant ses revenus en BNC et un salarié (à 64 % de son effectif), représente avec ses 1 070 congénères 41 % des professionnels indépendants de l'édition et obtient, dans le cas minoritaire où il est de sexe masculin, des tarifs de 35 % supérieurs à ceux de ses consœurs.

 

Cher Petit Ami explorant l'univers des chiffres, ces signes curieux ornant le haut de ton clavier, Cher Jeune Collègue désireux de mieux connaître et de mieux faire connaître ta noble profession, statistiques à l'appui, Cher Jeune Camarade Littéraire affichant un mépris certain pour les chiffres sauf sous forme de droits d'auteur, Cher Jeune Traducteur Inexpérimenté,

Tu as eu la joie de découvrir récemment que nos institutions publiques s'intéressaient à toi. Ou plus précisément, qu'elles étudiaient ton métier si méconnu, parmi d'autres, et publiaient le résultat de leurs investigations. C'est méritoire. Enfin, des faits et même des chiffres ! Voilà qui devrait dissiper certaines idées reçues.

Épluchons les 156 pages de la première de ces études, consacrée par l'Insee à l'emploi et aux revenus des indépendants. Ô joie ! Page 60, elle réserve un encadré aux professions du secteur culturel. Ce doit être nous, ça ! Toi, tu traduis sous le statut d'auteur des livres et des documentaires, à côté d'autres commandes relevant, elles, de la traduction libérale. Moi aussi. (J'ai bien cherché, c'est notre seul point commun. Pour le reste : âge, sexe, expérience, langage, goûts musicaux et gastronomiques, choix vestimentaires... un gouffre nous sépare.)

Le texte de présentation de l'encadré indique, entre autres catégories professionnelles : « communication (audiovisuel et multimédia, presse, publicité, traduction) ». Ça se confirme, nous sommes sous le microscope des chercheurs.

C'est d'autant plus réjouissant que, nous dit-on, la nomenclature utilisée par l'Insee est harmonisée avec celle de l'Union européenne, ce qui permet des comparaisons. Voilà qui est sensé et donne bon espoir d'informations et d'actions utiles, y compris au niveau communautaire. Par acquit de conscience et pure maniaquerie, vérifions notre code NAF dans le tableau, à la rubrique « Édition écrite » : « Traduction et interprétation, code 7430Z ».

Je le connais, celui-là. C'est celui qui figure sur mes papiers Urssaf, puisque j'ai la casquette libérale, en plus de celle d'auteur. Autrement dit, c'est celui qui s'applique à mes traductions hors édition et hors audiovisuel mais en aucun cas à mes traductions pour l'édition ou pour l'audiovisuel. Il apparaît aussi sur les papiers Urssaf de nos collègues relevant uniquement du statut libéral, y compris ceux qui œuvrent exclusivement dans des domaines techniques et informatiques, ou financiers. Loin de moi l'idée de nier le caractère culturel au sens large de ces activités, et le caractère culturel discutable de certains livres ou films – le sens du terme « culturel » restant à préciser. Mais dans ce cas, tout ingénieur, informaticien ou banquier travaille dans le secteur culturel et le rapport Insee devrait faire beaucoup plus que 156 pages.

Le code NAF 7430Z s'inscrit dans la catégorie « Activités spécialisées, scientifiques et techniques » définie par l'Insee, aux côtés de ceux de services juridiques, comptables ou vétérinaires.

« Et les traducteurs-auteurs, ils ont un code NAF spécial ? », soulèves-tu la question, cher Jeune Traducteur Inexpérimenté mais intelligent, quoique non encore nomenclaturé en tant qu'auteur. Il est vrai que si tu demandais une inscription sous les deux codes, il y aurait à craindre que l'Urssaf s'embrouille, voire explose. Eh oui, il en existe un, le 352b, pour les « auteurs littéraires, scénaristes et dialoguistes ». Il inclut nommément les traducteurs littéraires. C'est à croire que l'Insee, à laquelle on doit cette étude, ne lit pas sa propre nomenclature. Pourtant, on peut penser que cette catégorie de traducteurs s'inscrit davantage parmi les professionnels de la culture que ceux relevant du code 7430Z.

Résultat : dès ce premier encadré, on subodore que le rapport se plante de population. Dans la colonne de droite du tableau sont énoncés les pourcentages représentés par les diverses professions au sein de leur catégorie. Soit, pour la traduction, 41 % de l'édition écrite. L'ennui étant que parmi cette catégorie, désignée sous le code 7430Z, seule une minorité de traducteurs travaille pour l'édition. Et que les traducteurs qui travaillent pour l'édition ne sont pas comptabilisés, puisque leur code NAF 352b ne figure nulle part dans l'étude. Il est vrai que la plupart d'entre eux n'ayant pas fait de déclaration d'installation (pour cette même raison que l'Urssaf risquerait de s'embrouiller et de les classifier parmi les libéraux et surtout, parce qu'ils sont dans le cas le plus habituel dispensés de cette inscription), ils ne sont répertoriés sous aucun code.

Bref, ce pourcentage est faux, d'emblée. Examinons tout de même la suite. Un encadré n° 2 se penche sur les « indépendants des secteurs culturels dans les sources statistiques » (page 62). À force de se pencher, il nous aperçoit, et nous distingue très bien, même. Mais comme il se fonde sur le mode de déclaration de revenus auprès des services fiscaux, il ne retient que les auteurs déclarant leurs droits d'auteur en BNC (Bénéfices non commerciaux). Or parmi les traducteurs-auteurs, ceux-ci sont minoritaires, la plupart d'entre nous déclarant leurs droits d'auteurs en Traitements et salaires ! Et l'encadré d'avouer, pas plus piteusement que ça, qu'il « évalue ainsi à plus de 30 000 le nombre d'artistes-auteurs absents de la base "non-salariés" ».

Par chance, un encadré n° 3, bien informé et intitulé « Une sous-population d'indépendants dans les milieux culturels : les artistes auteurs affiliés », vient à notre rescousse pour extraire du néant statistique la « sous-population des artistes-auteurs [traducteurs d'édition compris] "les mieux intégrés" ». C'est-à-dire ceux qui gagnent assez (8 577 euros en 2014) pour être non pas simples assujettis, mais affiliés à l'Agessa, l'organisme qui, faisant le lien entre nous et le régime général de la Sécurité sociale, encaisse nos cotisations.

Enfin, un chiffre qui nous concerne, même s'il ignore les malheureux assujettis, définitivement inintégrables ? désintégrés ? perdus dans les limbes ! 1 810 euros mensuels (il s'agit d'un montant net ?) en moyenne comme revenu pour un traducteur affilié à l'Agessa, notre profession occupant le bas de l'échelle parmi les auteurs. Et les traducteurs-auteurs affiliés ne seraient que 1 070 en 2011. Allez atteindre avec ça 41 % des effectifs des professionnels de l'édition ! L'Insee s'avère incapable de détecter ses propres absurdités contradictions : la page 63 de son rapport donne clairement à penser que les chiffres de la page 60 ne tiennent pas la route.

On apprend aussi dans cet encadré, sans plus de précisions, que les traducteurs affiliés à l'Agessa sont en majorité des traductrices. Ouf, enfin une info qui reflète la réalité.

 

Tu commences à avoir des doutes, cher Jeune Traducteur Inexpérimenté, sur l'intérêt d'études ne reposant que sur des chiffres – par nature, puisqu'elles émanent de l'Institut national de la statistique* ? Et qui, par-dessus le marché, trouvent moyen de les établir sur des bases erronées ? Tâchons de te consoler et d'en apprendre un peu plus en inspectant une deuxième étude, celle-là publiée par le ministère de la Culture. Elle s'intitule « Revenus d'activité et niveau de vie des professionnels de la culture ». Nous voici de nouveau en plein dans la cible. Chouette. Et c'est notre ministère de tutelle qui se soucie de notre sort ! Chouette derechef.

« Bon, alors, combien on gagne ? », trépignes-tu. Pour satisfaire ton impatience, sautons directement à la page 5, où il est dit que les traducteurs gagnent, comme revenus directement liés à leur activité, entre 22 500 et 26 500 euros (nets, selon la page 25).

Remontons pages 3-4. Vlatipa que nous sommes des cumulards ! « Plus de 10 % des professionnels des arts visuels et des auteurs littéraires et traducteurs cumulent salaires et revenus d'indépendants. » 

Un peu plus loin, la situation entre deux chaises particulière aux auteurs se précise et le pourcentage s'élève : chez «  les auteurs littéraires et traducteurs (13 %), [le cumul] correspond alors vraisemblablement à une combinaison de droits d’auteur (lorsqu’ils sont déclarés en bénéfices non commerciaux) et de salaires (rémunérant par exemple une activité d’enseignement ou une prestation scénique pour un artiste des spectacles). »

Là encore, on ne prend en compte, pour établir des généralités, que le cas particulier d'une minorité qui, parmi les traducteurs exerçant sous statut d'auteur, déclare ses droits en BNC !! Et si l'on s'en tient à cette logique, la majorité des autres, celle qui déclare ses droits d'auteur en Traitements et salaires, est tout simplement considérée comme SALARIÉE, puisque cette nouvelle étude se fonde, pour examiner nos professions, non pas sur les réalités de notre exercice, mais sur le mode d'imposition de nos revenus.

Figure ensuite un tableau récapitulant la part salariée et non salariée des professionnels de la culture. Moralité et si on lit vite, nous, traducteurs d'édition, sommes à 64 % SALARIÉS. Vous en connaissez beaucoup, vous, des traducteurs d'édition salariés ?? Moi, aucun. Je connais juste une poignée de collègues salariés de l'audiovisuel. Selon ce même tableau, 34 % auraient des revenus non salariés. Cela défie l'évidence. Ne serait-ce que parce que la population prise en compte est uniquement celle déclarant ses droits d'auteur en BNC, voilà encore un chiffre qui peut partir à la poubelle. Avec nos impôts qui ont servi à financer ce second torchon.

Au fait, l'autrice de cette deuxième étude est la même que celle de la partie consacrée par le rapport de l'Insee aux non-salariés dans les activités culturelles.

Madame, je voudrais vraiment communiquer avec vous à propos de ces documents. Je vais tâcher d'entrer en contact avec vous. Si un lecteur a vos coordonnées, je souhaiterais vivement en prendre connaissance, merci.

Tu pleures à chaudes larmes, pauvre Petit Traducteur qui vient de découvrir que même un chiffre peut être faux et que l'on peut élaborer à son sujet des tissus d'informations erronées ?

 

Pour te faire oublier ta déconvenue, jetons-nous sur une revue professionnelle des plus sérieuses, consacrée à l'actualité littéraire, comme son nom l'indique. « Hommes et femmes dans l'édition, la parité avance à petits pas »... Chien de garde comme je te connais, parions que l'article ainsi intitulé va te passionner, d'autant plus qu'il repose sur un rapport publié par les estimés artistes-auteurs plasticiens du CAAP (ouais, ceux-là même qui prétendent nier auprès du Conseil d'État le statut d'auteur des traducteurs et donc leur droit à la formation, au risque de se priver bêtement de leur contribution à l'enveloppe).

Qu'est-ce qu'il nous révèle, l'article ? « En France, parmi les salariés, les hommes gagnent en moyenne 25 % de plus que les femmes, une inégalité deux fois plus forte chez les artistes-auteurs, puisqu'ils gagnent en moyenne 50 % de plus. » Plus précisément, nous indique un tableau, les traducteurs d'édition gagnent 35 % de plus que leurs homologues féminines.

Explication de texte : ce rapport compare salariés et travailleurs indépendants. Dans le monde salarié, on observe évidemment des différences à travail égal. Pour ce qui est des professionnels indépendants, l'étude du ministère nous balance les rémunérations annuelles respectives des auteurs et des autrices, sans chercher à préciser si cela représente un volume de travail identique. Il est très probable que pour des raisons sociologiques, les femmes qui travaillent en indépendantes pour l'édition  écrivent/traduisent de moindres volumes annuels. Il se peut aussi qu'elles soient payées moins au feuillet. (Chère ATLF, voudrais-tu bien, s'il te plaît, exploiter ce point du questionnaire que tu soumets à tes adhérents chaque année et qui, seul, peut nous éclairer sur la question ?)

Mais qui peut faire croire à un lecteur, même distrait et parcourant cet article d'un œil trop pressé, que ta rémunération au feuillet, cher Jeune Traducteur Inexpérimenté, dépasse de 35 % la mienne ? Nous sommes d'accord, un leitmotiv revient en filigrane tout au long de ce billet : il y a comme un hic.

Que cela ne te dissuade pas, (relativement) plein aux as comme tu l'es si l'on en croit la presse, de m'offrir un pot au troquet du coin. Et de te servir plus que jamais de ton cerveau quand tu traduis des textes contenant des données chiffrées, ne serait-ce que pour signaler au donneur d'ouvrage qu'elles ne tiennent pas debout.

 

 

* Quand je cherche des études sérieuses
fondées sur des chiffres,
je les trouve souvent auprès de l'INED,
Institut national d'études démographiques.
Je me repais de ses fiches claires et instructives,
qui battent en brèche bien des idées toutes faites.
Dommage qu'il ne soit pas dans les attributions
de l'INED
d'examiner la population des traducteurs et sa démographie.

 

02 juin 2015

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (23) - Un dico pour traduire dans une langue qui n'est pas la sienne

Je reçois par mail une réclame pour un dictionnaire de droit, qui se termine ainsi :

« Les nombreuses illustrations accompagnant les termes traduits
font de cet ouvrage un outil indispensable
pour tous les professionnels de la propriété industrielle
qui doivent comprendre, traduire ou rédiger
un document dans une langue qui n’est pas la leur. »

Voilà qui me donne l'occasion de rappeler à toutes fins utiles quelques principes, que respectent les traducteurs professionnels adhérant aux associations (ATLF, ATAA) ou syndicat (SFT) dont je suis membre.

Code de déontologie de l'Association des traducteurs littéraires de France :

« Quiconque exerce la profession de traducteur affirme par là posséder une connaissance très sûre de la langue à partir de laquelle il traduit (dite : de départ) et de la langue dans laquelle il s'exprime (dite : d'arrivée). Cette dernière doit être sa langue maternelle, ou une langue qu'il possède au même degré que sa langue maternelle, comme tout écrivain possède la langue dans laquelle il écrit. »

Code de déontologie de l'Association des traducteurs-adaptateurs de l'audiovisuel :

« Le traducteur ou la traductrice possède une connaissance approfondie de la langue à partir de laquelle il ou elle traduit (dite langue de départ), ainsi que de la culture du pays d’origine de l’œuvre.

Il maîtrise parfaitement la langue dans laquelle il s’exprime (dite langue d’arrivée), qui doit être sa langue maternelle ou une langue qu’il possède au même degré que sa langue maternelle. Si ce n'est pas le cas, il s'engage à travailler conjointement avec un locuteur natif de la langue d'arrivée. »

Code de déontologie des adhérents de la Société française des traducteurs :

« Le traducteur veille à toujours réunir les conditions lui permettant de réaliser un travail de qualité. Il s’engage à travailler dans les règles de l’art, à savoir :

- traduire uniquement vers sa langue maternelle ou une langue cultivée, maniée avec précision et aisance ; (etc.) »

 

En conclusion, au pays des traducteurs professionnels et répertoriés comme tels, traduire vers une langue qui n'est pas la sienne est un phénomène plutôt marginal et encadré par des règles strictes.

Espérons que les décideurs, parmi les professionnels de la propriété intellectuelle, auront l'idée de faire appel à leurs compétences. Surtout si ces traducteurs sont eux-mêmes spécialistes de la question et, comme le stipulent également les codes de déontologie, s'emploient à se documenter dûment sur les domaines dans lesquels ils travaillent, notamment à l'aide de dictionnaires bien conçus. Quand ils sont plurilingues, ceux-ci comportent non seulement des équivalences mais aussi des définitions. Reste à voir si c'est le cas de celui de la réclame ?

15 avril 2015

Un appel de No Peanuts

Les ennemis du régime cacahuète (tendance « anonyme et aux droits non reconnus ») ont encore frappé. Quelle engeance.

Désolée, je n'ai pas le temps de vous traduire ce qui suit et vous le livre donc en anglais.

 

Dear No Peanuts! Endorser:

Translators who translate for the publishing industry are losing copyright to their work in alarming numbers.

Recent research, for example, shows that translators’ copyrights are “rustled” out of their hands one third of the time in trade and commercial publishing—and eighty percent of the time in university-press publishing.

No Peanuts! has mounted a campaign to pressure publishers to change their policies.

That’s the reason for this email  Will you take action to join our campaign against Copyright Rustling? (We apologize if you’ve already seen this appeal. If that’s the case, could you pass it on to a colleague?)

Here are some ways you can take part:

          • Sign the petition at https://www.change.org/p/publishers-of-english-language-t....

          • Share the petition with your colleagues and friends and ask them to sign. The petition effort will only be effective if large numbers of translators, readers of translations, and other supporters sign up to say they think translators’ copyrights ought to stay in translators’ hands.

          • Read “Something Is Rotten: Let’s Put A Stop to Copyright Rustling” at https://nopeanuts.wordpress.com/resistance/stop-copyright...

          • Retweet No Peanuts! messages on Twitter (follow us, if you haven’t already: @No_Peanuts).

          • Send your own Tweets about this issue to your colleagues and use the hashtag #CopyWrong. (Addresses can be found in Copyright “Rustling” in English-Language Translation: How Translators Keep (and Lose) Rights to Their Work—Data from Translations Published in 2014; http://tinyurl.com/lzpz2cm.)

          • Blog about this issue.

          • Bring this issue up on translator forums, on translator mailing lists, and at conferences and meetings of the translator associations you belong to.

          • Demand that translators’ organizations do their jobs and advocate for translators against “rustling.” Silence is not neutral.

          • Write copyright-rustling publishers and ask them to change their policies. (Addresses can be found in the _Copyright “Rustling”_ report, http://tinyurl.com/lzpz2cm.)

           • When you see reviews of translations in print publications or publicized on Twitter, Facebook, on blogs or elsewhere, find out whether the translator’s copyright has been rustled. If it has, say something!

Mutual respect always. Copyright rustling never!

 

Par chance, il reste des amoureux des textes pour savoir qu'ils ne se traduisent pas tout seuls. Quelques exemples ici et .

30 décembre 2014

(Fin du) Suspens...

Je ramène à la surface ce billet, initialement paru le 7 décembre, car il y a du nouveau. Le blog de l'ATLF (merci à elle :) nous apprend que ça y est, le Code des usages est dans la loi ! Pas mal, comme nouvelle, pour terminer l'année en beauté, n'est-ce pas ?

Bon bout d'an !

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Autre suggestion de titre : « À profiter ! »

Le 1er décembre, la loi a entériné un nouveau modèle de contrat d'édition. Préconisé par le CPE (Conseil permanent des écrivains) et par la SGDL (Société des gens de lettres), ce contrat-type est consultable ici.

Il ne reste plus qu'à inclure dans la règlementation les modalités prévues au Code des usages, que vous pouvez télécharger, par exemple, sur le site de l'ATLF. Ce devrait être le cas d'ici la mi-décembre. Suspens...

Bonne nouvelle, non ? Merci à nos représentants, qui se sont donné le mal d'obtenir ces avancées.

Quant à toi, Jeune Traducteur Inexpérimenté qui te lances dans la traduction d'édition (et non dans la tradition d'éduction comme j'ai failli le taper), te voilà armé et protégé par le rempart législatif ! Dorénavant, si tu signes ton arrêt de plumage, ce ne sera pas faute d'être informé et tu seras pour ainsi dire hors-la-loi :)...

02 décembre 2014

Une seule lettre vous manque

« Dès qu'on veut être sympa, drôle ou culte », on la met en haut de l'affiche (et au milieu, et en bas aussi, enfin, partout). Alors que c'est paraît-il une hérésie, tout juste bonne à donner la parole à un clébard informatique ou à annoncer un concours de beauté de yorkshires.

Elle fait pourtant partie des marottes de ce blog, ignorant de ce qui se typote ou pas. Il lui trouve une bonne tête et pis c'est tout.

Cela n'empêche pas d'admirer les autres, qui s'étalent sur le site de France Culture en de jolis petits films. Signée Thomas Sipp et dite par Chiara Mastroianni, la série s'appelle Sacrés Caractères. Je ne vous cache pas un gros faible pour sa lointaine cousine et pour la vidéo qui lui est consacrée :

 

 

Cher bas de casse, Chère minuscule, Cher Jeune Traducteur Inexpérimenté** passant par là,

Tu te demandes en quoi ce billet peut avoir un rapport même lointain avec la raison d'être de ce blog : s'intéresser à de multiples petites choses et s'en imprégner car tôt ou tard, elles imprégneront à leur tour une traduction quand elles ne s'offrent pas le luxe de ne servir à rien d'autre qu'au plaisir de la tenancière.

Sache que oui, la typographie a son rôle dans ton travail. Pour ce qui est du choix de la police et de la taille de caractères, il est vrai que c'est à ton donneur d'ouvrage de te donner des indications ou, mieux, une charte graphique. En leur absence devenue quasi systématique, contente-toi d'éviter l'illisible. Pour le reste, voici un scénario à éviter :

Ton texte accroche l'œil parce que :

–il est truffé d'espaces excédentaires , absentes ou mal placées***( j'en dis pose   ici quelques- unes pour que  tu   voies l' effet que ça   produit

  ;

– tu ignores les règles à respecter en matière de sigles (en principe, tout en majuscules seulement s'ils font au maximum 4 caractères et sinon, capitale seulement pour le premier mot, de même que dans le sigle développé. Ex. : ATAA, ATLF, SFT, Ftdei, alias Front traducteur de défense des espaces insécables) ;

– tu ponctues ! à tort, et, à travers... ? ;

– tu oublies de mettre en italiques les titres d'ouvrages, par exemple ;

et tout à l'avenant.

 

Résultat :

– entre deux tests de traduction, à qualité égale pour le fond, un donneur d'ouvrage – si tant est qu'il possède lui-même les compétences pour en juger – choisira plutôt celui rendu sans erreurs de typographie ;

– si ton éditeur dépose un dossier de demande de subvention pour le livre que tu as traduit, il risque d'être renvoyé à la session suivante, après nettoyage des coquilles, espaces indûment sécables et autres petits détails, sans parler les erreurs d'orthographe ;

– si, plein de bonne volonté, tu rédiges un article pour une revue ou un blog de traducteurs, les collègues qui corrigeront ton papier avant publication penseront que tu te paies leur tête se demanderont si tu rends tes textes à tes donneurs d'ouvrage dans le même état et, en cas de surcharge de travail, hésiteront à aiguiller les leurs vers toi car cela donne à penser que tu ne te relis pas.

 

** Comme tu le verras plus loin dans ce billet, ce blog, en mettant des capitales à tous ces mots, enfreint lui-même les règles typo. Mais son Cher Traducteur Inexpérimenté est un cas (pital) à part. :)

*** Eh oui, quand il est terme de typographie, le mot « espace » est du féminin.