23 décembre 2014
Sauvons les dragons (8)
Lecteur accoutumé aux errements de ce blog, tu auras remarqué qu'entre autres chevaux de bataille, il lui arrive d'en enfourcher un ailé, griffu et à langue de feu.
Peut-être as-tu dans ton entourage un jeune dragonophile, à qui tu ne sais qu'offrir en cette période d'étrennes ? S'ils ne l'a pas déjà, tu peux lui livrer en pâture ce document, qui ravira son esprit curieux et passionné de ces créatures extraordinaires :
S.A. Caldwell
Le Monde des Dragons
Traduit de l'anglais par Jean-François Cornu
Gallimard Jeunesse - Albums documentaires
2010
Pour vous mettre en appétit, toi et le jeune dragonophile, voici comment débute le livre :
« Les Dragons sont partout. Ils sont le rugissement du vent, la lueur dans le ciel nocturne, le bruissement de la forêt. Ils sont le miroitement sous le soleil du désert, le frémissement à la surface des eaux calmes, la fureur de l'œil du cyclone. »
Plus loin, on découvrira quelques-uns des persécuteurs de l'espèce : des types en armure et assoiffés de sang du nom de Georges, Sigfried ou Beowulf. Leurs prétextes : l'appétit prétendu de leurs victimes pour de fraîches jeunes femmes et leur tendance à s'asseoir sur des tas d'or (simplement pour les garder, pourtant).
On observera au passage que le traducteur de ce savant ouvrage se livre habituellement à des activités autrement plus futiles dont, au demeurant, les résultats peuvent aussi s'offrir en cadeau, y compris à titre entièrement gratuit.
Incohérence et dispersion sont, en effet, le lot Éclectisme des parcours et des centres d'intérêts sont, en effet, deux traits qui caractérisent certains membres de sa profession. J'y reviendrai à l'occasion.
17:14 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique littéraire, Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent
13 septembre 2013
Sauvons les dragons (7) - Vive l'impro
Trouvé ceci en cliquant sur le lien « Customer Service » d'un éditeur de logiciel leader, voire seul, dans sa catégorie :
C'est moi qui ai ajouté le caviardage gribouillesque et le bonhomme qui rigole.
Les lecteurs anglophones de ce blog sauront apprécier ce brin de fantaisie dans l'assistance au client. Manque plus que les clowns.
Je m'en vais vérifier de ce pas si l'improvisation s'accompagne d'une amélioration et si j'arrive enfin à faire marcher leur dragon sur mon portable sans obtenir un message d'erreur.
L'histoire ne dit pas si l'éditeur de logiciel a utilisé son produit pour saisir le message ci-dessus :)
09:42 Publié dans Sauvons les dragons | Commentaires (3) | Lien permanent
07 mai 2013
Sauvons les dragons (6)
Ça faisait longtemps qu'un type en armure ne s'en était pas pris à un dragon.
La brave bête ne s'est pas laissé faire. Nan mais.
Saint Michel terrassant le dragon
(de toute façon, quand ce n'est pas lui, c'est Georges)
Malines, vers 1500
Musée du Moyen Âge, hôtel de Cluny, Paris
****
Cela dit, j'en connais un, de Dragon, qui mériterait parfois d'être un peu terrassé, pour lui apprendre à vivre. Lors de son dernier coup pendable, il m'a transformé les Myrmidons en
« émir bidon »...
20:00 Publié dans Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent
06 novembre 2012
Sauvons les dragons (5)
Et voilà, ses crises de dragonnite aiguë la reprennent.
----------------------------------------------------------------
Ce blog est un plagiaire et cette rubrique un plagiat (vil, comme il se doit), car tout a déjà été dit, en mieux, sous le même titre :
Sauvons les dragons !
Willis Hall
Traduit de l’anglais par Hervé Zitvogel
Illustré par Fabien Mense
Titre original : Dragon Days
Castor Poche, 2011
Extrait, page 161 :
« Tuons-le d’abord, nous réfléchirons ensuite. »
Quand je vous disais que tout avait déjà été dit.
Ces fines paroles sont celles d’un type en armure, évidemment. Haut placé. Je ne vous en dis pas plus sur son identité. Les représailles pourraient être rudes, même à travers les siècles, et je ne tiens pas à être pourfendue, moi. Car de même qu’on peut remonter le temps, comme le livre le prouve, la brute dont la couronne n'ôte rien à l'épaisseur n’aurait peut-être pas de mal à le descendre, le temps, lance au poing, pour m’occire façon dragon… « Que le diable te patafiole ! », me risqué-je quand même à lui brailler d’ici, avec la témérité qui me caractérise autant que le goût du (vil) plagiat, puisque cette phrase haute en couleur est extraite des dialogues, bien entendu.
Seul un célèbre enchanteur – dont la sagesse a parfois des failles, sans quoi cette histoire n’aurait pas existé – sait à quoi s’en tenir quant aux malheureux cracheurs de feu et brave la royale autorité pour prendre leur défense (page 96) :
« Ils sont bonasses. C’est dans leur nature. »
Ça, c’est pour le fond. Pour la forme, ce roman, bien qu’il s’adresse à un public âgé de seulement 8 ans et plus (enfin, à moi, quoi), ne le prend pas pour un ramassis de décérébrés, contrairement à une tendance plutôt dans l’air du temps. Loin de lui limiter le vocabulaire, il emploie même des mots ou expressions que j’ignorais, malgré mes 11 ans et demi bien tassés : « homme lige », « à votre obéissance, sire », vous connaissiez, vous ?
Et quand, page 25, il est question de fish and chips, il vous sert une ration de frites et poisson, lui. Pas une mixture. On ne lui en voudra cependant pas d’avoir traduit banana split par « banana-split », à ce bon livre à mettre entre toutes les mains des amis de dragons, vu qu’un banana-split, c’est un banana-split. Mes hommages, messire Traducteur.
Et puis, il est joliment illustré. Au point qu’on regrette une fois encore d’être privée d'images, dans la plupart des bouquins pour public âgé de beaucoup plus de 8 ans. Voilà un vieux coup dur dont on ne s’est toujours pas remise, la disparition soudaine des illustrations dans les livres, une fois la dernière Bibliothèque verte refermée. C’est pas mignon, ce détail en bas de page, même si ce n’est pas un dragon ?:
Merci à Rose-Marie Vassallo, toujours plus experte ès dragonneries en tout genre, qui m’a offert Sauvons les dragons ! Inutile de me supplier, Lecteurs jaloux. Pas question que je le prête, celui-là. Comment ça, Rose-Marie, tu me l'as donné pour le petit cousin dévoreur de livres dont je t'ai parlé ? Je t'ai parlé d'un petit cousin, moi ?
01:02 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique littéraire, Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent
12 septembre 2012
Sauvons les dragons (4)
À vrai dire, le premier de ces deux spécimens n'a pas trop besoin d'être sauvé. Ou du moins, je l'espère, car cela voudrait dire qu'une des figures tutélaires de Barcelone est en péril. Cela fait des lustres qu'il est perché là. Souhaitons-lui de poursuivre cette belle carrière et qu'aucune enseigne de fast-food ne viendra le déloger.
Quant à ce second dragon, je crains le pire. La photo remonte à quelques semaines. Un chaud mois d'août est passé par là. Et la bestiole était en chocolat. Même le pourfendeur à l'armure la plus ramollie risque d'avoir, à cette heure, eu raison de la malheureuse et inoffensive créature.
Merci, Les Piles, pour ces clichés gentiment rapportés
d'expédition en terre catalane !
Il fallait oser, dans ce fief sous patronage
de sant Jordi, alias saint Georges.
04:47 Publié dans Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent
14 août 2012
Sauvons les dragons (3)
À peine avais-je mis en ligne mon dernier billet sur nos amis les dragons que, comme après la publication de mon avant-dernier billet à leur sujet, le hasard (?) me faisait tomber sur un paragraphe les concernant, dans le roman que je suis en train de lire.
Ces bestioles sont vraisemblablement partout.
Deux jeunes garçons ont pour passe-temps la capture et l’élevage de tritons et autres amphibiens :
Gunther se remit soudain à parler des animaux et demanda à ce propos si Conrad connaissait « Le combat avec le dragon » un tableau d’un peintre nommé Bocklin [sic].
Non, Conrad ne connaissait pas le tableau. « Le dragon y est représenté comme un triton, tout à fait comme les tiens là-haut, seulement il est grand et il a une carapace » reprit Gunther. […] Gunther continua et parla des dragons proprement dits des époques reculées, des dragons-serpents, des dragons volants dont les ailes pouvaient avoir jusqu’à neuf mètres d’envergure, des espèces géantes, sans ailes, qui ressemblaient à des montagnes en mouvement : et il décrivit avec passion et force détails les paysages d’alors et dit que le visage de la terre sous l’azur torride de ces époques-là devait avoir eu quelque chose d’infiniment vide et découvert avec des animaux fantastiques et muets avançant en troupeaux, avec les montagnes rases, les plaines délaissées par les eaux, les contours immobiles des forêts de prêles dans les marécages grouillant de vie.
Heimito von Doderer
Un meurtre que tout le monde commet
Traduit de l’allemand par Pierre Deshusses
Rivages poche, 1986 (édition originale 1938)
J’ignore à quelle œuvre de Böcklin le texte se réfère exactement. Il en existe plusieurs où figure un dragon comme, par exemple, Angélique et le dragon, où pointent l’inévitable type en armure et sa lance.
----------
Digression essoufflée :
Lecteur asthmatique, je connais ta peine. Il est de mise aujourd'hui, dans l'édition, de flinguer les virgules (le reste de la ponctuation et des règles typo n'est pas épargné non plus, comme tu l'auras constaté si tu respires encore). À force de me faire sucrer les miennes, j'avoue prendre moi aussi le tic de les virer souvent, avant qu'un type en armure correcteur, plein de bonne volonté et nourri au lait de la nouvelle école, ne les dézingue – ou ne les déplace – selon une logique aléatoire. De quoi créer une nouvelle rubrique Sauvons les virgules, dans ce blog pourfendeur de pourfendeurs et ami des espèces menacées.
Les correcteurs sont invités à réagir à mes basses attaques, évidemment :)
Autre digression (soupirante, celle-là) : dans le livre évoqué ci-dessus, Günther est variablement orthographié avec ou sans tréma, pour le même personnage. Et parfois même, avec un demi tréma...
16:49 Publié dans Sauvons les dragons | Commentaires (0) | Lien permanent