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Rechercher : quatre mains

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (10) - «Quand on ne sait pas,...

... on ne fait pas. »

Prends-en de la graine, cher Jeune Traducteur Inexpérimenté.

 

Depuis longtemps, je voulais vous raconter cette rencontre « Traduire à quatre mains », organisée à la SGDL avec Françoise Morvan et André Markowicz et que je vous avais annoncée ici.

Comme je ne sais par quel bout entamer mon billet, tant pis pour vous, Lecteurs : cohérente avec son sujet, je m'abstiendrai.

Sachez juste que « Quand on ne sait pas, on ne fait pas », c'est ce qu'ils disent, Françoise Morvan et André Markowicz, quand ils refusent de se lancer dans un projet qu'ils pensent ne pas pouvoir mener à bien. Ils renoncèrent ainsi à traduire les œuvres d'un poète russe.

La frustration des membres non russisants de l'assistance à l'idée de ne pouvoir y accéder fut allégée ? accentuée ? quand André Markowicz nous dit en russe un extrait de poème de cet auteur dont je ne retrouve pas le nom***. « Tu aurais décidément mieux fait de ne pas faire », maugréerez-vous, frustrés aussi.

Vous n'aviez qu'à être là ! Vous auriez entendu non seulement du russe mais aussi quelques vers d'une vieille complainte bretonne, d'une spiritualité incroyablement élevée***. Parmi d'autres et avant qu'il ne soit trop tard, Françoise Morvan et André Markowicz l'ont recueillie et traduite :

Anciennes Complaintes de Bretagne
Éditions Ouest-France, 2010

Anciennes complaintes de Bretagne

 

Depuis cette soirée, les passerelles – les diagonales ? – secrètes qui relient traducteurs et musiciens, complaintes et langues sans rapport apparent les unes avec les autres m'ont menée jusqu'à ce bel album :

Vertigo et Marthe Vassallo
La Diagonale des Mers

 JPEG - 73.5 ko

Là, l'occitan voisine le breton. Mon morceau préféré, savouré quand, fin décembre, le Midi s'emmitouflait dans un brouillard mélancolique, chante la triste histoire du Baron de Penhoat et de son épouse.

 

Quand on ne sait pas... on peut au moins écouter.

 

 

 *** Âme charitable qui passes par ici, tu pourras peut-être m'aider à le retrouver ? Mes gribouillis de chat Mes notes me trahissent.

*** J'ai hésité entre la qualifier de profonde ou d'élevée. Quand on s'arrête sur des mots ou expressions pourtant familiers et qu'on les dévisage à outrance, ils vous prennent parfois des airs bizarrement étrangers et semblent se dépouiller de leur sens, non ?

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15 février 2014 | Lien permanent

Elle voit des traducteurs partout (3) - Chez Fiodor D.

Détrompez-vous, malheureux Lecteurs qui n'auriez pas encore découvert cette rubrique, dont le titre aurait pu être aussi « J'en tiens un ! ». Elle n'apporte rien de nouveau. L'idée de publier des articles sur des œuvres où interviennent des traducteurs ou interprètes a déjà été mise à profit depuis longtemps en d'autres lieux.

Ainsi, sur leur terrain de chasse favori, l'audiovisuel, les Piles intermédiaires traquent les apparitions ou évocations de traducteurs au cinéma et en capturent les images – avec sous-titres souvent pas piqués des vers – dans leur rubrique ImpÉcr, quand elles ne consacrent pas leurs billets, entre autres multiples thèmes, aux passages de romans qui parlent du cinéma. 

Ailleurs, vous trouverez des livres à traducteurs, par exemple dans les sources suivantes :

- le Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'ESIT, accessible en ligne pour ses adhérents (les autres peuvent le voler à leurs collègues à la faveur d'un des apéros de l'AAE, ouverts à tous). C'est en toute logique à la Rubrique littéraire, tenue par Sylvie Escat.

- la page Biblio du traducteur, sur le site de l'ATLF, qui indique des références de romans à héros (un grand mot, sauf exception) traducteurs, parmi d'autres ouvrages tels qu'essais ou guides d'aide à la traduction.

Nonobstant ces illustres précédents, ce blog a entrepris de repérer, au hasard de ses lectures ou traînailleries d'oreilles, de fugaces et pas toujours flatteuses apparitions de spécimens traducteurs ou improvisés tels, en général pour cause de tirage de diable par la queue.

Cette fois, vous aurez droit à deux extraits pour le prix d'un ! En fait, deux traductions d'un même passage des Frères Karamazov, de Fiodor Dostoïevski.

Ivan Fiodorovitch, étudiant à Moscou, vend des articles à des journaux.

« De la sorte, le jeune reporter montra sa supériorité pratique et intellectuelle sur les nombreux étudiants des deux sexes, toujours nécessiteux, qui, tant à Pétersbourg qu’à Moscou, assiègent du matin au soir les bureaux des journaux et des périodiques, n’imaginant rien de mieux que de réitérer leur éternelle demande de copie et de traduction du français. »

Traduction de Lucie Désormonts, Sylvie Luneau, Henri Mongault et Boris de Schlœzer
La Pléiade (Gallimard), 1952, p. 14

« Ces petits articles, à ce qu'on dit, avaient toujours un côté si curieux et piquant qu'ils eurent du succès et, déjà rien qu'en cela, le jeune homme avait montré sa supériorité pratique et intellectuelle sur cette masse immense, toujours miséreuse et malheureuse, de notre jeunesse étudiante des deux sexes qui, dans les capitales, généralement, fait le siège des rédactions du matin jusqu'au soir sans avoir rien de mieux à inventer que la répétition éternelle de la même demande de traduction du français ou de copie à faire. »

Traduction d'André Markowicz
Babel (Actes Sud), 2002, p. 34

Au fait, le même André Markowicz sera demain mercredi 9 octobre avec Françoise Morvan à la SGDL (Société des gens de lettres) pour une rencontre : Traduire à quatre mains.

Comment ça, « Tu nous en informes trop tard ! » ?
À
l'heure où je mets ce billet en ligne, l'évènement n'est même pas passé !
Vous avez tout le temps de vous retourner et même de lire dans l'intervalle le nouveau numéro de L'Écran traduit.

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08 octobre 2013 | Lien permanent

Le traducteur traduit (4) - Faut que je redresse mon dragon

 Dragon chinois quai Branly DSCN5529_562 (Small).JPG

Le traducteur tient parfois un curieux langage. Cette rubrique a pour but de décrypter et de traduire son jargon. L’oiseau pratiquant son ramage de préférence en compagnie de congénères, on l’entend plutôt rarement, hors leurs rassemblements d'étourneaux. Parfois, selon les frondaisons où les congénères évoluent de coutume, même eux peuvent ne pas comprendre d'emblée le verbiage d'un collègue. Et bien souvent, ce jargon reste d’autant plus impénétrable que notre spécimen ne le pratique qu'en parlant tout seul devant son ordi, in petto ou non. Exemple :

Faut que je redresse mon dragon
(ton : marmonnement contrarié mais résigné, avec soupir en option)

Lecteur, je comprends ta perplexité, surtout si tu n’exerces pas notre noble profession. Et quand bien même ce serait le cas, peut-être n’as-tu jamais utilisé de logiciel de reconnaissance vocale, outil servant à dicter sa traduction au lieu de la taper au clavier.

Dragon chinois quai Branly DSCN5527_560 (Small).JPG

Explication de texte :

Le Dragon en question est l’appellation du logiciel que j’utilise (version 11, pour les intimes), lui-même commercialisé par un éditeur dont le nom évoque l’idée de langage naturel. À ce propos, on lira l’intéressante analyse des Piles intermédiaires sur le choix des noms de marques informatiques actuelles, souvent mitonnés à la sauce médiévalo-fumeuse.

Une fois la bête installée, on doit l’habituer à sa voix et à son vocabulaire, ce que j’appelle judicieusement « dressage ». Cela consiste, dans un premier temps, à lire avec plaisir et à haute voix une trentaine de pages du Tour du monde en quatre-vingts jours. Ensuite, le logiciel apprend sur le tas.

Léger hic : l’existence du travailleur indépendant œuvrant sur PC est ponctuée, à intervalles plus ou moins rapprochés, de plantages informatiques.

Dans ces cas malheureux, et malgré tous ses efforts de sauvegarde, on n’arrive pas toujours à récupérer les paramètres du logiciel. Et hop, on est alors reparti pour un début de tour du monde avec Jules Verne. Autrement dit, pour « re-dresser » son dragon.

« Quel intérêt par rapport au clavier ? me demanderez-vous. Tu tapes avec un seul doigt ? » Non, je tape vite et avec tous les doigts (des mains), sans regarder le clavier. Mais la dictée soulage certaines vertèbres, épaules et autres pièces de mécanique qui rouillent, l’âge aidant   qui se déglinguent volontiers lors d’un stage de kayak  qui ploient à force de labeur assidu.

« Et ça marche, ton machin à reconnaissance vocale ? » Eh bien, oui, contre toute attente, ça marche. Avec des bugs logiciels qui me dépassent parfois (et dépassent manifestement le concepteur ou du moins le cadre de sa base d’erreurs). Mais souvent, avec d’agréables surprises aussi, quand le bestiau s’avère, par exemple, connaître des noms y compris propres et/ou exotiques sans que je les lui aie appris. Car évidemment, il est livré avec un gros bagage langagier, qu’on ne fait que compléter à l'usage. Exemples saisis du premier coup par mon animal de compagnie préféré : James Brown guarani Martin Luther King Henri-Georges Clouzot Mahabharata PSG Frieda Kahlo boustrophédon (que j'ai prononcé « boustophédron » exprès pour le piéger et non pour cause d'ignorance ou de dyslexie naturelle, bien entendu).

Vous vous en doutez, l'inconvénient de la reconnaissance vocale en français est l'incroyable quantité d'homophones ou quasi-homophones dans cette langue (est/et, singuliers/pluriels, par exemple). L'outil ne les discrimine pas toujours, bien qu'il soit apte à tenir compte du contexte. C’est souvent agaçant. Et quand il se trompe, inutile de proférer des grossièretés : l'animal fait mine de ne pas comprendre. Remarquez, c'est peut-être mieux, pour le rendu de la trad.

Dragon chinois quai Branly  DSCN5528_561 (Small).JPG
(On voit qu'il a beaucoup traduit, hein ? Euh, je veux dire, beaucoup pris sous la dictée.)

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Dragondigression :

DSCN5403_445 (Small).JPG

Sans rapport autre que d'espèce avec mon dragon à moi, ou avec son éditeur, le dragon ci-dessus illustré est constitué de notes autocollantes, qui ont aussi servi à dessiner le nom de l’entreprise installée derrière les vitres.

Quand je vois des trucs comme ça, je me réjouis de n’être ni salariée (encouragée de manière aussi vive que tacite à prendre part à l’œuvre collective, histoire de vous souder une équipe), ni patronne (obligée de commander au prix fort des études de coûts comparatives « ravages papivores sous forme de dizaines de m2 de papillons multicolores / com de la boîte à moindres frais, puisque j’incite ces imbéciles d’employés à s’amuser à les coller sur les fenêtres de leur bureau paysager pendant leur pause-déjeuner »).

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26 avril 2012 | Lien permanent | Commentaires (3)

Bribes ouïes (11)

Je déambule tranquillement dans le quartier, mains dans les poches. Les matins sont frisquets, ces temps-ci.

C'est alors que j'entends un type dire :

 

« Les mains dans les poches, c'est moche. »

 

...

 

Il s'adresse non pas à moi mais à quelqu'un du même genre (féminin, avec pantalon à poches déformées), en beaucoup plus petit.

La loupiote n'en a cure.

Y va pas nous empêcher de siffloter dans la rue, tant qu'il y est ?

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01 octobre 2013 | Lien permanent

Marcher - Partir ?

 « Rien ne ressemble plus à un rêve
qu’un voyage en car de nuit dans un pays étranger. » 

Terje Sinding m’a offert un livre de Tomas Espedal, qui s’intitule Marcher (ou l’art de mener une vie déréglée et poétique)

La sédentarité ne convient pas au narrateur. Sans doute être enfermé entre quatre murs empêche-t-il cet écrivain de penser comme il le voudrait, lui qui ne pense jamais mieux qu’en marchant, surtout en montagne, et pour qui « marcher, c’est le contraire d’habiter ». N’y tenant plus, il part pour des mois de semi-vagabondage, dans un premier temps à travers son pays, la Norvège. Au fil du livre, il racontera aussi d’autres de ses échappées, notamment en France, sur les traces de Rimbaud, de Satie, de Giacometti et de son Homme qui marche.

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L'Homme qui marche et l'enfant

Sculpture d'Alberto Giacometti,
fondation Maeght

Photo © Louis-Paul Fallot

Convoquant Rousseau, Chatwin et bien d’autres, l’auteur définit un genre littéraire : le livre de marcheur. Mais ce roman marche aussi vers le cœur de l’écriture. Un paradoxe se dessine : si la marche favorise les pensées, écrire oblige à lutter contre elles. La lutte et la souffrance sont aussi celles du corps, à cause de la faim, du froid, des ampoules. Pourtant, marcher est également un moyen de se purifier. Et c’est le bonheur de la solitude, en une phrase du traducteur qu’on voudrait avoir formulée soi-même :
« Jamais je ne me sens moins esseulé qu’en étant seul. » 

Le narrateur quitte son cher isolement (où il croise toutes sortes de personnages) pour rejoindre en Grèce son ami et habituel compagnon de marche, Narve. L’évocation d'un de leurs souvenirs communs, une représentation du Songe d’une nuit d’été, en plein air et justement lors du solstice d’été, à l’occasion d’une précédente randonnée en Norvège, vaut à elle seule de lire le roman. 

Si Narve est équipé d’un seyant pantalon de rando couleur fluo, le narrateur, assez peu conforme à la dégaine du Vieux Campeur, se balade sur les chemins escarpés, d’un bout à l’autre de l’Europe, en costard à fines rayures et Doc Martens. Aux deux compères qui sont là pour des mois et ont quasiment tout quitté pour pénétrer des régions inconnues, il arrive de croiser leurs contraires, « ces types pourvus d’un sérieux mélange de témérité et de bêtise, les pires qualités pour entreprendre un voyage ». De ces « idiots itinérants », j’ai croisé avec perplexité un bon nombre de spécimens lors de mes propres vadrouilles, en me demandant pourquoi ils partaient pour de si longs périples, si c’était pour rester cloîtrés ou presque, en territoire bien rassurant et entourés de leurs clones, dans les auberges de jeunesse du continent écumé. De quoi rêvent-ils ? « Du plaisir de rentrer à Sydney, de reprendre des études et d’épouser la fille des voisins. »  En Turquie, l’expédition de Narve et du narrateur prendra fin, vaincue par le mal du pays.

Ajoutons qu’en chemin, les deux zigs sifflent une impressionnante quantité de whisky, ouzo, raki et autres substances alcoolisées, souvent pour lutter contre le froid de la belle étoile. Le randonneur moyen ne vit pas que de dénivelées et d’eau fraîche, quoi qu’on pense, mais de là à trimbaler force litrons dans son sac à dos... Eux, qui voyagent pourtant très léger, se délestent rarement de leur carburant, ou bien seulement selon le principe des vases communicants. 

Terje Sinding ne pouvait guère savoir que la déambulation était l’une de mes occupations les plus nécessaires (oui, c’est gênant quand on est censé tapoter d’arrache-mains sur un clavier toute la journée). Il ne pouvait savoir non plus que j’en ai aussi traduit un, de « livre de marcheur ». L’auteur de celui-là se balade de l’Angleterre à l’Australie. Sa recherche est différente. Mais les marcheurs-penseurs qu’ils citent sont souvent les mêmes. En lisant Marcher, je me suis aperçue que son traducteur et moi avions farfouillé dans les mêmes poèmes de Whitman, épluché – en suant à grosses gouttes, en ce qui me concerne – les mêmes pages du journal de Kierkegaard... Mais seul Terje pouvait donner (page 67) cette belle traduction d’un poème en norvégien d’Olav Nygard, Dikt i samling, dont voici un passage :

[…] Pourquoi se hâter
Quand l’éternité chante sa berceuse
Dans le parler des elfes, quand le temps
Du joug si lourd libère les épaules,
Quand tout se meut au rythme de la danse
Sous le feuillage saupoudré d’argent.

Bientôt sortira un nouveau livre d’Espedal : Contre l’art. Connaissant maintenant un peu le bonhomme à travers les pérégrinations de son personnage dans Marcher, ça n’étonne pas vraiment de lui. En attendant, si vous avez autour de vous des déambuleurs, pérégrineurs, vadrouilleurs, randonneurs, marcheurs, ou même des bernacles irréductiblement accrochées à leur rocher, ça leur ferait un joli cadeau, hein ?

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Tomas Espedal
Marcher
(ou l’art de mener une vie déréglée et poétique)

Traduit du norvégien par Terje Sinding
Actes Sud, 2012
Photo de couverture

© Dariusz Klimczak

 

Tiens, la sédentarité des bernacles qui, après tout, même collées à leur rocher ou dans leur baignoire, peuvent contempler le monde elles aussi, me fait penser à cet autre poème, de Blaise Cendrars celui-là. Un autre ami et collègue, Graham Maclachlan y voit plein « de promesses, d’espoirs, d’ivresse de la vie » :

Tu es plus belle que le ciel et la mer (extrait)

Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

II y a l’air il y a le vent
Les montagnes l’eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre
Apprends à vendre à acheter à revendre

Donne prends donne prends
Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t’en
Je prends mon bain et je regarde

Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l’œil
Je prends mon bain et je regarde
Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes…

Feuilles de route, 1924.
Gallimard 1993


Merci à Terje, à Louis-Paul et à Graham.

Au fond, bloguer, c’est marcher un peu, puisque ça permet aussi de faire des rencontres ou de mieux connaître ceux qu'on a déjà rencontrés.

***

La sculpture L'Homme qui marche, d'Alberto Giacometti, est celle de la fondation Maeght. La photo est l'œuvre de Louis-Paul Fallot. Je l'ai trouvée en farfouillant pour illustrer mon billet et il m'a gentiment autorisée à la publier. Elle s'intitule L'Homme qui marche et l'enfant. Vous la verrez sur cette page du Blog de Louis-Paul.
Elle est chouette, hein ?
Visitez ce blog, les autres photos sont magnifiques aussi.
Des photos comme on aimerait en faire :(

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29 décembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Bribes ouïes (6)

Au bord du canal, quatre ou cinq personnes plus toutes jeunes, avec des vélos. Dont un, roues en l'air. Un cycliste avec un accent d'Europe de l'Est dit à la cycliste à la chambre à air crevée :

« Vous prenez un chewing-gum, vous mâchez bien, vous collez et ça bouche le trou. »

Vous croyez que ça marche, vous ? Chez soi, en ayant le temps de bien laisser sécher le chewing-gum, je veux bien, vu la capacité d'accroche de ce diabolique matériau. Mais là, impromptu, au bord du canal...

 

Le seul qui aurait su me répondre, expert ès chouinegomme et rustines, vient de partir.

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06 septembre 2012 | Lien permanent

Théâtre au Bois Dormant

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Épidaure ? Delphes ? Pompéi ? Orange ?
Non, ils sont en bien meilleur état. Et dans un cadre moins boisé.

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Celui-là est à l'abandon derrière des grilles, au cœur d'un célèbre et vaste parc de la proche banlieue parisienne. Il tombe en ruine, tellement bien caché parmi les taillis et sur une hauteur que je suis passée à côté x fois sans le découvrir.


« Les tours poussent, se fanent, et déjà les voici en ruines
que personne encore ne les a caressées de la main ou du regard. »

René Crevel, Écrits sur l'art, Éditions Ombres

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04 avril 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Denrée du pour (2)

« Pour une fois, j'étais heureuse de ne pas comprendre. »

Cette phrase a fortement attiré mon attention.

Elle est prononcée dans un film (en substance) par une femme repêchée sur une plage du Danemark, après avoir fui par la mer. Ne pas comprendre la langue de ses sauveteurs signifie qu'elle a réussi son évasion. Le cas contraire voudrait dire qu'elle a échoué dans les deux sens du terme, en revenant sur les côtes de départ et en tombant aux mains de la Stasi.

C'est dans D'une vie à l'autre, de Georg Maas. Sous-titres assez balaizes, notamment en raison de la densité des dialogues et pour ce que je peux en juger, par Anne Kreis.

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12 mai 2014 | Lien permanent

Grand N'importe Nawak (2) - Comment reconnaître un Chef

Je me trompe ou, traditionnellement, le Chef était celui qui portait la plus belle coiffe, avec les plumes les plus grandes et les plus multicolores ?

Époque révolue. Par les temps qui courent (= Noël – rappel pour les décidément distraits), le Chef s'identifie au fait qu'il ne porte pas de couvre-Chef.

Il est, en effet, le seul à ne pas être affublé d'un seyant bonnet rouge à bordure de fourrure (ah ah, lapsus, j'avais tapé « fourrire » !). Et ce, dans les commerces, les offices de tourisme, partout.

Camarades petites mains coiffées, courage, tenez bon, vous avez mon soutien dans cette passe difficile.

Mon copain préféré.JPG

Bonnet bleu, pas de Chef.
Mon copain d'hiver préféré
est complètement déplacé
dans ce billet.

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25 décembre 2011 | Lien permanent

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (2) Drrrring !

« Instructions : Tourner dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à 60.
Tourner en sens inverse jusqu’au numéro correspondant aux minutes que l’on désire.
Une sonnerie avise que la période programmée est écoulée. »


Qui a dit que les modes d’emploi traduits étaient un véritable charabia ? Elle est presque littéraire, la notice d’instructions de ma minuterie toute neuve ! Et très claire. La preuve : j’ai tout compris. Il est vrai que ses congénères m’ont échappé des mains en assez grand nombre pour que j’aie observé, à force de les remplacer, qu’elles fonctionnaient toutes selon le même principe hautement technologique.

Reconnaissons qu’elle est même un peu trop littéraire, la notice. Un francophone l’aurait tournée autrement (la notice, pas la minuterie, Lecteur dont ces objets échappent sûrement aussi des mains, si tu les tournes à l’envers et si tu ne comprends pas mieux que ce billet leur mode d'emploi, pourtant enfantin).

N’empêche, pour une fois, le français est mieux que l’anglais qui, lui, se termine ainsi : « A bell will ring when al the minutes habe elapsed. »

2012-03-09 Vercors 093.jpg

Petit jeu distrayant : devine laquelle de ces deux minuteries est HS ?
Et laquelle n’est pas encore allée se fracasser contre le carrelage de la cuisine ?

 

Autre petit jeu distrayant : Lecteur, aide-moi à traquer les coquilles parsemées
dans ce misérable blog. Je pense qu'elles se font un malin plaisir d'apparaître
au fur et à mesure que je me relis. Merci !

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12 mars 2012 | Lien permanent

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