31 janvier 2016
Marie, mon ciel ! (30) – Un ciel en nuances
Un mot « qui exprime de manière poétique que le ciel, tel un matériau, a sa propre couleur, en constante évolution » ?
C'est un mot nouveau, inventé par un architecte, Guillaume de Monfreid, dans le cadre d'une exposition que, pour une fois, je n'évoque pas ici après sa date de clôture.
L'expo, c'est Le Marais en héritage, au musée Carnavalet.
Et le mot... Je vous laisse cogiter, peut-être allez-vous le trouver.
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Comme je vois que vous séchez, je vous aide : il pourrait aider un peintre en ciel à peindre le ciel, en lui permettant de choisir les bonnes nuances.
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Toujours rien ?
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Il « associe "nuancier" et "ciel". »
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Ça tombe sous le sens, pourtant.
Je sais, c'est facile quand on a vu l'expo.
C'est le « n u a n c i e l » !
Vous pouvez contempler le nuanciel du Marais là.
J'avais mis ce billet en ligne depuis une demi-heure à peine que je lisais cette phrase :
« La lumière n'est jamais la même [...] ; il y a une lumière de pluie, une lumière de soleil, une lumière de nuages. »
Dans Contre la nature, par Tomas Espedal, Actes Sud, traduit du norvégien par Terje Sinding.
Merci à AL qui m'a offert une invitation pour l'exposition et à TS qui m'a offert le livre.
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J'ai mis à jour mon avant-dernier billet, celui des voeux à bulles.
21:49 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique littéraire, Expos, Marie, mon ciel !, Mots appris | Commentaires (0) | Lien permanent
27 août 2015
Intócaveis, 1 + 1, Quasi amici et tutti quanti
Amusantes, non, les multiples versions d'un titre de film, visiblement apprécié dans de nombreux pays ? (Vous pousserez les importuns qui vous cachent les affiches...)
L'exposition sur Gaumont, c'est au 104 (Paris). Ah zut, elle est déjà finie.
19:06 Publié dans Ceci n'est (vraiment) pas d'la critique ciné, Expos | Commentaires (0) | Lien permanent
09 juillet 2014
Mots appris (33) - Plein
Ces temps-ci, entre explorations et lectures, j'ai fait le plein de mots nouveaux :
- Salicaire (n. f.)
Jolie plante sauvage à fleurs rose-mauve, un brin envahissante.
- Adventice (adj.)
Adjectif poli servant à traiter la salicaire et autres jolies plantes de mauvaises herbes (notion pas encore bien acquise chez la malherbophile de service).
- Lampas (n. m.)
Belle étoffe de soie caractérisée par un fil de chaîne supplémentaire (je simplifie pour ne pas vous embrouiller).
- Lat (n. m.)
Inconnu au bataillon des dictionnaires, sauf dans le vieux Larousse maternel, mais avec une définition trop sibylline pour moi. J'ai fini par le repérer aussi dans ce lexique : « Une des trames composant la passée. Un tissu est dit à deux lats lorsque deux trames, de fonction différente, participent alternativement à son exécution. »
- Burgau (n. m.)
Nacre issue d'une catégorie de coquillages du même nom.
Amis conservateurs de musées ou commissaires d'expositions, pourquoi, malgré tout le plaisir et l'intérêt qu'on trouve par ailleurs à vous rendre visite, se sent-on si souvent plus ignare en sortant de chez vous qu'en y entrant ?
Un simple panneau dans un coin de salle, avec dix lignes de glossaire définissant les termes les plus techniques employés sur vos cartels, serait-ce trop demander ? Ou faut-il parcourir vos expos le nez collé-dégooglelisant sur un smartphone ?
- Scutigère (n. f.)
La voici ! (Merci, R.-M., pour avoir mis un nom sur la bestiole dont j'implore la grâce à chaque coup de balai.)
- Cacosmie (n. f.)
« Propension à halluciner des odeurs ignobles. » C'est dans Oliver Sacks, L'Odeur du si bémol – L'univers des hallucinations, traduit de l'anglais (États-Unis) par Christian Cler, Seuil, 2012 (p. 67).
- Chaussons de lisière
Depuis le temps que je croisais leur chemin aux pieds d'humbles gens dans les romans du XIXe siècle et ne comprenais pas en quoi ils consistaient... Je l'ai enfin appris grâce à l'excellent animateur qui mène la visite de la maison natale de Louis Braille. Avec découverte du braille et d'autres écritures tactiles, assortie d'exercices à la tablette et au poinçon. Passionnant. Merci à lui.
Explication en contexte : en plus des maths et autres disciplines scolaires, les élèves de l'Institut des jeunes aveugles, à l'époque où Louis Braille perdit lui-même la vue, apprenaient un métier : sparterie, vannerie ou imprimerie de livres en relief pour les enfants qui leur succéderaient dans l'établissement. Et aussi, la confection de ces fameux chaussons en bandes de tissu entrecroisées (ces mêmes lisières qui bordent les draps).
- Marmenteaux (adj. et n. m.)
Mon préféré, car il s'agit de beaux et grands arbres qu'on n'a pas le droit de couper. Et ce n'est pas Idéfix qui japerait le contraire.
Alors, le selfie, tu te distords de jalousie (tu en deviendrais presque moins moche) parce que tu es exclu de ce palmarès ? Mais même si j'étais extraterrestre fraîchement débarquée, je n'aurais besoin ni de dico, ni de word of the year, ni de mot de l'année pour savoir qui tu es !
Coïncidence : même genre de petite ruade dans les brancards de la mode terminologique, L'Émeute des mots, billet d'humeur signé Nicole Mordelet. À lire dans le tout nouveau numéro de Traduire, la revue de la SFT, qui a pour thème À la croisée du texte et de l'image.
20:52 Publié dans À travers mots, Expos, La chronique de Vocale Hubert, Mots appris, Vadrouilles extra-Périf | Commentaires (0) | Lien permanent
21 août 2013
Mots appris (29) - Ékraventuphile et crinoline
J'étais ékraventuphile sans le savoir et ne m'en portais pas plus mal, car on a vu mots à sonorité plus jolie et plus évocatrice de ce qu'ils recouvrent. Un(e) ékraventuphile, c'est quelqu'un qui entasse inconsidérément et sans la moindre utilité collectionne les éventails.
« Que tu ne saches pas ce que tu es et comment se nomment tes stupides et encombrantes manies, c'est déjà assez pathétique. Mais que tu ignores à ton âge ce qu'est une crinoline, comme l'indique le titre de ton billet, c'est avouer la pauvreté de ton vocabulaire. Voilà qui est regrettable, dans ton métier et sur un blog à vocation relativement professionnelle », vous entends-je marmonner d'ici, Lecteurs qui devriez à cette heure profiter de vos derniers instants de plage ou surveiller la ligne bleue de votre embouteillage de retour de vacances, au lieu de lire la chronique de Vocale Hubert sur un aillepode à moitié ensablé.
La crinoline n'est pas un mot entièrement nouveau pour moi. Je me souviens même très bien que la question m'avait turlupinée, étant petite, de savoir si mon arrière-grand-mère en avait porté dans sa jeunesse. Je n'avais pas osé la lui poser, malgré les instances d'une génération intermédiaire et probablement rigolarde à l'idée que j'obtempère à son « T'as qu'à lui d'mander ».
Ce que j'ignorais ou avais oublié jusqu'à récemment, c'était l'étymologie pourtant assez visible de ce terme, car la crinoline, c'était à l'origine « un tissu rigide à chaîne de coton ou de lin et à trame de crin de cheval ».
Vous en saurez plus sur les crinolines et autres artifices – braguettes, faux-culs et j'en passe – utilisés à travers les âges pour transformer nos silhouettes en faisant mentir nos vêtements et sous-vêtements, après avoir visité cette expo et même essayé quelques modèles :
La Mécanique des dessous
Musée des Arts décoratifs, Paris
Jusqu'au 24 novembre 2013
Vous y verrez, entre autres, une robe de cour (vers 1760) ornée d'un
parement à pompon à sourcils de hanneton
Rien que pour de petites découvertes comme ça, ça vaut le coup de se déplacer, non ?
Surtout quand on apprend après coup et grâce au précieux portail lexical du CNRTL que pour désigner le même ornement, on parle aussi de soucis d'hanneton. Encore plus charmant, même si on est bien embêté pour l'hanneton.
Quant aux éventails et autres multiples objets publicitaires qu'affectionnent les obsédés des ramasse-poussière collectionneurs (porte-clés, cendriers, boîtes de Banania... je n'étais pas dépaysée par rapport à mon fatras coutumier), ils sont à l'étage au-dessus, dans des salles des Arts déco dont on se demande qui a sauvagement arraché les boiseries ou revêtements de murs, pour qu'ils aient pareille allure de locaux industriels :
Pub Mania
Ils collectionnent la publicité
Jusqu'au 6 octobre
Oui, pour une fois, ce satané blog n'a pas attendu exprès que ces manifestations soient terminées pour vous en informer. Mais c'est bien parce que vous êtes sur la plage et avez mieux à faire que lire la chronique de Vocale Hubert. :)
23:02 Publié dans Expos, La chronique de Vocale Hubert, Mots appris | Commentaires (4) | Lien permanent
22 juillet 2013
Le dernier film muet ?
Autre titre : Extinction de voix
En fait, ce film n'est pas un film, car il n'a pas d'images. Ou plutôt, si : une image continûment noire.
Et il n'est pas muet. Ou plutôt, pas encore, car il nous fait écouter des langues soit déjà disparues, soit en grave danger de l'être.
Je vous recopie la notice de présentation de l'œuvre :
Susan Hiller
The last silent movie, 2007-2008
« Dans The last silent movie, Hiller croise les voix des derniers locuteurs de langues éteintes ou en voie d'extinction. Les sons inintelligibles sont traduits dans les sous-titres écrits sur un fond noir. Le public est alors invité à réfléchir à l'unicité de chaque langue, la perte due à son extinction, la fragilité et le caractère éphémère de sa propre langue. Le silence s'installe dans la brèche ouverte entre son et texte, une voix fantomatique qui hante une archive vivante. »
On y entend par exemple du comanche, du cajun (eh oui, il est menacé, le cajun qui dit « suce-fleurs » pour « oiseau-mouche »), de manxois, de lénape... Certains des locuteurs sont morts avec leur langue depuis longtemps.
Et dans la salle adjacente, on voit entre autres le diagramme d'« apporte les castagnettes » en silbo !! Ça peut servir. (Si, si.)
Les amoureux des langues avides de déprime peuvent encore voir cette œuvre, parmi d'autres, dont certaines très intéressantes aussi. Par exemple, deux vitrines sur le pourquoi du pseudonyme. Ou de belles compositions aux stries de couleurs délicates, réalisées avec des tranches de livres voués au pilon. Ou encore de magnifiques photos des touchantes créatures qui peuplent le palais du facteur Cheval, car le langage ne passe évidemment pas que par les mots. C'est là :
Langages - Le dire et le faire
Jusqu'au samedi 27 juillet 2013
39 boulevard de la Tour-Maubourg
Paris VIIe
Métro : Invalides
Pour une fois, vous ne viendrez pas dire que je vous préviens après la fin de l'expo.
11:25 Publié dans À travers mots, Expos | Commentaires (0) | Lien permanent
04 avril 2013
La rivière des mots
Je fais remonter la rivière des mots (oui, ce blog est balaize quand il veut), déversée ici en janvier dernier, pour lui ajouter deux jolies photos. C'est Violette, dans la rivière, avec l'autorisation de ses parents. Merci à eux !
© Lor
Témoignage de la maman :
« À cet âge, la fascination pour les lettres est totale... »
Mais oui ! La rivière, c'est comme une soupe avec des petites lettres dedans, sauf qu'on est dans la soupe.
© Lor
Violette et même sa petite sœur Valentine devineraient tout de suite, elles, que le symbole aborigène en fin de billet, ce sont deux kangourous endormis...
*********
Quelque part dans Paris, une rivière coule. Un torrent, en fait, plutôt agité, qui zigzague, grimpe sur les bords de son lit, s’en échappe en cascades et joue à éclabousser les passants.
Lesquels ne s’en aperçoivent pas forcément. D’autres s’en amusent, suivent et scrutent les flots, y repèrent l’éclat blanc de vifs et curieux poissons. Les marmousets, évidemment, bondissent dessus à pieds joints comme sur des pigeons. (Ouais et même que ça nous fait des vacances, sales mômes - signé : les pigeons.)
Ces poissons à l’éclat blanc, ou parfois rouge ou noir, ont pour nom, parmi ceux que je connais, Coruña, meseta, alligator, Bruxelles… Ou parmi ceux, infiniment plus nombreux, que je ne connais pas,
spokane,
aligudarz,
tenh,
pesakanan,
kotido,
boufarik,
bordj…
Ce flot de mots s'appelle The River et c'est l'œuvre de Charles Sandison. Il déferle dans la rampe d'accès aux salles d'exposition du musée du Quai Branly (Paris). Les mots du flot sont tous mentionnés quelque part dans le musée.
Les vidéos amateurs disponibles en ligne ne sont pas très chouettes, mais vous aurez un bon aperçu de l'effet produit par The River avec cette autre installation du même artiste, Figurehead, réalisée pour le Peabody Essex Museum (Massachusetts) :
La rivière du quai Branly mène à de multiples lieux et cultures de la planète. Fascination spéciale et méditative pour l'art des Aborigènes, qui pointille jusqu'aux fenêtres.
Devinette : vous savez ce que représente le symbole que j'ai maladroitement reproduit ci-dessous ? Je vous aide : on est dans le Désert central d'Australie.
...
C'est facile, pourtant. Je vous aide à nouveau : y en a deux.
Soluce : là.
Ou bien ici, si l'un de vous trouve ! Nan, nan, on ne triche pas en allant fouiner dans le code source de la page.
23:13 Publié dans Expos | Commentaires (5) | Lien permanent