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10 juillet 2012

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (4) - Ne pas tomber dans le piège d'arnaques évidentes

Cher Jeune débutant bleu bizut arpète Collègue Inexpérimenté,

Peux-être as-tu déjà reçu un mèl tombé de nulle part, te proposant une traduction sur un sujet ma foi alléchant, et te demandant un devis de toute urgence ? Le mèl, rédigé la plupart du temps en anglais, parfois un peu fantaisiste, ne s’encombre pas de formules de politesse et autres fioritures. Par exemple, il commence par : « Hello Translator! » De façon systématique, il est signé d’un prénom et d’un nom d’une remarquable banalité. Exemple : John Smith. Et invariablement, ton nouvel ami John te promet un acompte dodu (par exemple, 60 %), avec solde à la livraison.

« Et alors ? », me diras-tu de ta voix juvénile de tout frais diplômé.

Eh bien, cher ami faisant ses premiers pas dans une contrée où la proportion de bisounours par rapport à celle des requins, chacals et vautours n’est pas plus élevée qu’ailleurs, c’est très probablement une arnaque.

Regarde bien (après tout, lire, c'est ton boulot). Voici quelques indices qui devraient te mettre la puce à l'oreille :

  • l’absence de toute adresse postale (ou bien : Trafalgar Square, par exemple), numéro de téléphone et raison sociale identifiable

  • le fait que le client supposé t’envoie d’emblée et en pièce jointe le document à traduire. Qui s’avère reproduit en de multiples exemplaires sur le Web, car il s’agit d’un quelconque article de presse ou d’encyclopédie en ligne, sur un sujet plus-bateau-tu-meurs.

  • l’urgence extrême de la demande ou, à l’inverse, le délai d’une largesse jamais vue de mémoire de traducteur, même d’un âge canonique.

  • le fait que l’expéditeur ignore manifestement ta combinaison de langues.

« Mais où est l’arnaque ? », insisteras-tu, car malgré tout le respect que mon aînesse chevronnée t’inspire, tu ne prends pas tout ce que je raconte pour parole d’Évangile, et tu as bien raison. « Après tout, ce type a bien le droit de s’appeler John Smith. Et s’il veut que je lui traduise un article sur un sujet bateau, pourquoi pas ? »

Oui, mais… Le gars va accepter ton devis (tu m’étonnes) et t’envoyer un chèque. D’un montant largement supérieur à l’acompte prévu. Sous un prétexte quelconque, il te fera alors gober qu’il y a eu erreur dans le libellé du chèque, en te demandant de lui expédier la différence par virement. Tu ne t’apercevras que son chèque était en bois qu’une fois que ton virement aura été encaissé, loin quelque part sur la planète, dans un endroit où tu n’as guère de possibilités d’action.

Tout traducteur installé depuis un moment, doté d’un brin de jugeote ou, à défaut, fréquentant les forums professionnels, est informé de ce type d’arnaques sur Internet, qui existent d'ailleurs dans d'autres domaines que le sien. Et il reçoit des messages de ce genre trois fois par semaine. Il les repère donc sans difficulté et les classe avec un soupir dans sa boîte à spams (ou les garde pour sa collec, car certains sont des morceaux d'anthologie). S’il y donnait suite, compte tenu des sources d'information dont il dispose, il ne serait pas loin du délit de connerie.

Mais un jeune collègue inexpérimenté a toutes les excuses pour se faire piéger et y laisser beaucoup de plumes.

Variantes : John Smith s’appelle pour l’occasion Peter Taylor. Il prévoit de venir à Paris avec Bobonne et celle-ci a besoin de toi pour l’accompagner dans les magasins (oui, Bobonne, complètement à la masse, est infoutue de se débrouiller seule dans une boutique de luxe, alors qu'elle est anglophone). Ou bien, il s’est rebaptisé Will Brown (ou Shakespeare, ça dépend, car il emprunte parfois des noms de célébrités) et a justement pensé à toi et à tes aptitudes d’interprète pour la semaine de photos de mode qu’il organise le mois prochain à Vienne – ou ailleurs, car le lieu change d’un message à l’autre.

Autre variante : John, connaissant ta fibre humanitaire, te sollicite pour la traduction d’un document justement consacré aux droits de l’homme. N’écoutant que ton bon cœur, tu bondis… Nan nan nan. Tu as lu ce billet et tu vas désormais envoyer balader tous les malheureux John Smith qui t’écriront pour t'offrir des commandes juteuses, y compris si leur proposition, fondée et honnête, était la trad. du siècle. Non, ne me remercie pas.

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Tant que j’y suis… Maintenant que tu es grand et que tes parents ont ôté les stabilisateurs de ton vélo, tu t’aventures sur les pistes cyclables, n'est-ce pas ? Bravo. Cependant, prends bien garde de ne pas les emprunter à contresens. 1. Tu es traducteur, le contresens doit t’être étranger. 2. Ça embête les cyclistes qui roulent dans le bon sens.
3. Regarde bien : il y a de l’autre côté de la rue une piste qui va justement dans la même direction que toi.

27 juin 2012

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (3) - Ne pas truffer son site Web de fôtes

Cher Jeune Collègue Inexpérimenté,

Tu veux te fabriquer un site Web pour faire connaître tes compétences ? Bravo, excellente idée ! Et tes compétences ne s'arrêtent pas à la traduction ? Encore mieux !

Mais attention aux incohérences. Par exemple :

- soit tu affirmes qu'en plus de prestations de traduction et d'interprétation, tu offres des services de relecture 

- soit tu truffes ton site d'erreurs de typo, d'orthographe ou de grammaire, bien qu'il soit rédigé dans ta langue maternelle, dite « langue cible ».

Les deux sont incompatibles. Il te faut choisir.

Surtout si tu prétends par ailleurs t'abstenir d'exercer dans des domaines qui ne sont pas de ta compétence.

Abstiens-toi aussi de publier sans en citer clairement la source les magnifiques brochures de la SFT ou d'autres organisations professionnelles. Comme elles ne contiennent pas d'erreurs de français, elles risqueraient de détonner, par rapport au reste de ton site.

 

 

Ah, et puis, quand tu accroches ton vélo à l'aide d'un antivol, dans la rue, ne le fixe pas à un potelet d'un mètre de hauteur... Surtout si c'est un beau vélo et qu'il doit passer la nuit dehors.

 

Copie de Photo vélo Berlin.jpg

(Ceci est un contre-exemple. Avec ce qui dégringolait, il n'y avait pas besoin d'antivol.)

 

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1. Les conseils au Jeune Traducteur Inexpérimenté se fondent tous sur des faits soit vécus par moi-même (le coup du chewing-gum sur l'ordi portable), soit observés – j'exagère à peine – chez des traducteurs qui n'ont hélas pas plus que moi l'excuse de l'inexpérience.

2. Ce blog est lui-même truffé d'erreurs de typo, etc. Mais il ne prétend pas assurer de travaux de relecture ou de correction, lui, car c'est un métier, et ce n'est pas le sien.

Et puis, c'est un peu la faute de ses Lecteurs, qui ne les lui signalent pas assez souvent, na. Alors qu'elles sont semées là délibérément, pour mettre leur œil de lynx à l'épreuve. Si si. Considérant que la moindre coquille même pas visible – espace en trop, par exemple – ne saurait pourtant échapper à ces sujets atteint d'inquiétants Tics, manies et autres névroses.

20 juin 2012

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (2) - Éviter les "lu, écrit, parlé" dans son CV

Jeune Papoose, Brave Padawan, Petit Scarabée,
Jeune Collègue inexpérimenté,

 

Dans ton CV, en face des langues que tu es censé traduire, n'écris pas
« Lu, écrit, parlé ».

 

Tu vois un mécano automobile, un toubib ou une avocate indiquer sur leur CV (si tant est qu'ils en aient un - et pas mal de traducteurs ou d'interprètes contestent la nécessité d'en produire un eux-mêmes)
« Fortiche en dépannage de bagnoles », « Excellent niveau en médecine » ou « Connais le droit sur le bout des doigts » ?

 

 

Ne mets pas les doigts dans la prise électrique, non plus.

27 mai 2012

Conseils à un jeune traducteur inexpérimenté (1) - Ne pas coller son chewing-gum sur son ordi

Ô toi, jeune traducteur inexpérimenté, sache que dorénavant, les vieux briscards de la traduction − enfin, ceux qui ont débuté depuis au moins 3 mois et peuvent donc te livrer le fruit de leur expérience viendront ici te faire part de leurs astuces et autres petits secrets pour travailler dans les meilleures conditions. J'ouvre cette rubrique pour toi, pour t'éviter quelques déboires. Je compte sur nos collègues chevronnés pour compléter cette mine de conseils car il est possible que mon inspiration et ma mémoire se limitent au contenu du présent billet.

Premier conseil :

Quand, cher jeune traducteur inexpérimenté, tu as fini de mâchouiller ton chewing-gum et que tu as la flemme de tendre le bras jusqu'au-dessus de la poubelle, tu le déposes avec soin sur son papier d'origine dans l'intention de le jeter plus tard, n'est-ce pas ? Ne mets pas le papier contenant ce chewing-gum usagé sur le bord de ton portable. Si tu as pour habitude, une fois ton labeur achevé, de fermer ton ordi, tu risques d'être bien embêté quand tu le rouvriras.

Précieux avis, non ? Je parie qu'à l'école de traduction, on ne t'a pas transmis ce savoir pourtant fondamental.

Fais bien attention, aussi, à ne pas mettre ta main sur la porte, dans le métro. Tu risquerais de te faire pincer très fort.

 

Amis collègues expérimentés, à vous ! Je suis sûre que votre baluchon d'expérience déborde de recommandations tout aussi profitables, dont vous eussiez bien aimé que vos aînés vous fissent bénéficier, lorsque vous débutâtes. (← Je leur parle dans leur dialecte, pour les amadouer.)