30 juillet 2012
Mots de travers (10) - Épice au masculin
L’autre jour, j’ai encore vu le mot « épice » utilisé au masculin, sur la présentation d’un restaurant. Ce curieux glissement me paraît de plus en plus fréquent. Vous l’avez remarqué aussi ? Je me demande si c’est sous l’influence de certaines œuvres de science-fiction. Pourtant, il me semble que dans Dune, « épice » est bien au féminin ? Les spécialistes confirmeront, infirmeront ou nous donneront peut-être des explications !
Quelques autres jours après, j’entendais parler « épices », et cette fois, bien au féminin. En l'occurrence, par quelqu’un pour qui le genre de ce mot n'était sans doute pas ce qui comptait le plus, c’est pourquoi je ne lui ai pas posé la question. C’était pourtant en présence d’une assemblée de traducteurs – à grosse majorité de traductrices –, individus particulièrement sensibles à ces détails linguistiques que d'autres croient aussi infimes qu’un grain de poudre de safran.
C’était lors de la dernière Journée de printemps, organisée chaque printemps année à Paris par Atlas.
La Journée de printemps, c’est une suite d’animations autour d’un thème, cette année « Le traducteur à ses fourneaux ». La dame qui nous faisait saliver dès la conférence d’ouverture était une magicienne du nom de Fatema Hal, fondatrice du restaurant Le Mansouria et autrice de plusieurs livres sur la cuisine.
Je me suis tellement régalée à l’écouter que j’ai conservé quelques bribes de ses paroles. Ce joli grain de sel, par exemple, pour nous inciter à ne pas déverser tout le contenu du poivrier dans le tagine :
« Les épices doivent se comparer à une danse et non à une transe. »
Et un rapprochement frappant auquel je n’avais jamais songé : elle disait qu’aux émigrés, aux déracinés, il ne reste souvent que le langage – celui du parler, et celui du manger.
Ça vous donne des regrets d’avoir loupé la Journée, hein ?
Outre le buffet de midi et de belles lectures en fin d'après-midi (je passe sur les after), vous avez aussi raté de succulents ateliers de traduction. Mon acolyte Frédéric et moi nous sommes amusés comme marmitons en garde-manger à traduire des recettes du japonais. Cette langue nous est pourtant totalement inconnue, de même qu'à la plupart des participants de l’atelier. Les animateurs, Ryoko Sekiguchi et Patrick Honnoré, nous ont aussi livré une subtile réflexion sur la notion d’astringence.
Vous vous demandez comment on peut bien « traduire » une langue à laquelle on ne comprend goutte ? Venez l’an prochain…
19:10 Publié dans À travers mots, La chronique de Vocale Hubert, Mots de travers, Ronronnements de satisfaction | Commentaires (4) | Lien permanent
Commentaires
>> Ça vous donne des regrets d’avoir loupé la Journée, hein ?
Ouaip, ça a l'air savoureux, tout ça.
Écrit par : Les piles | 31 juillet 2012
---------------
Et encore, Fidèle Lectrice, je ne t'ai pas raconté l'atelier de Denise Laroutis, qui m'a réconciliée avec Vázquez Montalbán (avec la popotte de son héros Pepe Carvalho, pas plus que ça, cependant). Ni celui d'André Markowicz, que j'ai moi-même manqué pour une vulgaire question d'inaptitude à l'ubiquité.
Et je regrette d'avoir fait l'impasse sur l'ivresse, thème de la journée de Printemps de l'an dernier.
Écrit par : L'Autre Jour | 31 juillet 2012
j'envoie sur digg cette news vu que c'est véritablement un site web ravissant
Écrit par : assurance auto | 29 août 2012
-------------------------
Oh, merci ! Que c'est gentil !
En plus, j'avoue que j'ignorais l'existence de digg, vous me l'avez apprise.
Encore merci de votre visite et de votre commentaire et bienvenue à vous.
Écrit par : L'Autre Jour | 29 août 2012
Les commentaires sont fermés.