20 mars 2014
Elle voit des traducteurs partout (4) - Diderot
Encore un à qui traduire évite de tirer le diable par la queue, d'autant plus que sa femme est simple lingère et qu'ils ont quatre marmots à nourrir.
Lors de la précieuse émission de Mathieu Vidard sur France Inter,
La Tête au carré (3 octobre 2013 – les nouvelles sont toujours fraîches sur ce blog), on cause de l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot.
À propos de ce dernier et pour expliquer comment il en est venu à participer à l'Encyclopédie, l'un des intervenants, Colas Duflo, professeur de littérature, dit que « les intellectuels du XVIIIe siècle doivent gagner leur vie. Et pour cela, Diderot a commencé à traduire de l'anglais. Il a été engagé dans cette immense entreprise qu'est l'Encyclopédie d'abord parce qu'il avait traduit le Dictionnaire de médecine de James. Du coup, il est engagé parmi les gens chargés d'adapter en français la Cyclopædia de Chambers. [...] À l'origine, l'Encyclopédie est surtout un grand projet commercial lancé par [...] des libraires pour adapter la chose en France. C'est l'époque des dictionnaires et des encyclopédies. »
L'autre intervenant, Jean Pruvost***, lexicologue, ajoute : « Les grands porteurs de dictionnaires monolingues ou d'encyclopédies sont bilingues ou très doués dans une autre langue. C'est le cas de Diderot, qui est vraiment réputé comme traduisant très bien l'anglais [...] Il l'a étudié chez les jésuites et il est allé en Angleterre... »
Colas Duflo : « Et surtout, il apprend l'anglais dans des dictionnaires latin-anglais. »
[rires des participants, à l'idée que l'anglais s'étudie à l'époque comme une langue morte]
Sa fortune posthume faite, le bonhomme, dont on célèbre cette année le 300e anniversaire de la naissance, peut désormais se passer de traduire. Il se consacre actuellement à envoyer à son amoureuse des lettres dans lesquelles, en plus de lui crier combien elle lui manque, il évoque ses débats avec la bande de Philosophes qui l'hébergent loin de sa belle. Il écrit ses bafouilles jusqu'à fin mars à Paris, dans les jolis combles du musée Cognacq-Jay (avant de partir pour Avignon en juillet prochain) :
Comme si j'étais à côté de vous...
Lettres à Sophie Volland
Adaptation et mise en scène : Dominique Lurcel
Jeu : Mathieu Desfemmes
Piano : Florence Pavie
Compagnie Passeurs de mémoires
*** Lequel organise, viens-je d'apprendre,
les Journées des dictionnaires, aujourd'hui et demain.
Enfer et traduction, tout tombe en même temps ;(
Le principe de la rubrique Elle voit des traducteurs partout est rappelé ici.
10:15 Publié dans Elle voit des traducteurs partout | Commentaires (2) | Lien permanent
22 décembre 2012
Mot appris (22) – Hikikomori + Otaku
Et voilà, depuis avril que tu le tenais au chaud, ton projet de billet « Mot appris – Hikikomori + Otaku », ça devait arriver ! Les Piles et leur âme précurseuse ont en parlé :) Ça t’apprendra à renvoyer à plus tard. Non, il n'y a pas de « Les grands esprits se rencontrent et on ne s'est même pas concertées » qui tienne…
Merci Les Piles, sans le savoir, tu m’as poussée à le pondre enfin, ce billet !
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Autre proposition de titre :
Hikikomori et Otaku sont dans un bateau cloîtrés chez eux
Je n’ai pas fait la connaissance de Hikikomori en reluquant des acteurs charismatiques à la télé, moa. Je l’ai entendu pour la première fois à la radio, en écoutant bien sagement le psychiatre Serge Tisseron, lors une émission scientifique que je vous recommande, La Tête au carré. Toute farfouille sur le Web en vue d'infos complémentaires tombant inévitablement sur Wiki, autant que je vous recopie ce que l’incontournable source dit du phénomène :
« Hikikomori est un mot japonais désignant une pathologie psychosociale et familiale touchant principalement des adolescents ou de jeunes adultes qui vivent coupés du monde et des autres, cloîtrés chez leurs parents, le plus souvent dans leur chambre pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, en refusant toute communication, même avec leur famille, et ne sortant que pour satisfaire aux impératifs des besoins corporels, d'après les spécialistes.
Ni grabataires, ni autistes, ni retardés mentaux, ils se sentent accablés par la société. Ils ont le sentiment de ne pas pouvoir accomplir leurs objectifs de vie et réagissent en s'isolant de la société. »
Papillonnant d’une découverte à l’autre, comme d’habitude dès qu’on met une patte de souris dans l’engrenage, j’ai appris par la même occasion et aussi dans Wikipedia, un autre mot, Otaku :
« Otaku est une personne qui consacre une certaine partie de son temps à une activité d'intérieur comme les mangas, animes, les idoles japonaises, ou encore les jeux vidéo. »
… ou encore, la traduction ? Un traducteur indépendant est-il à classer parmi les Hikikomori ? Les Otaku ? Une autre catégorie ?… Sais pas… Je n'en vois presque jamais, en fait, des traducteurs…
Allez savoir si ce n'est pas l'un de ces individus qu'évoque l'acteur charismatique, dans le billet des Piles.
19:52 Publié dans La chronique de Vocale Hubert | Commentaires (0) | Lien permanent