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31 mai 2015

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (22) - Lovez-vous les uns les autres

Une réclame d'une chaîne de supermarchés pour un fauteuil suspendu aux accueillantes formes arrondies, dans lesquelles on aimerait à se blottir, affiche ce slogan et son obligatoire explication de texte :

 

Lovez* maman.

 *Aimez

 

Soit c'est un gag au troisième degré. Au bénéfice du doute, on va choisir cette option et trouver l'idée de mettre le doigt sur l'évolution de notre (?) langue plutôt marrante, si on préfère en rire qu'en pleurer. Ce qui serait logique puisque après tout, Astérix est le nom d'un irréductible petit Gaulois défendant son territoire (culturel, en l'occurrence).

Soit la marque craint d'être accusée d'infraction à la loi Toubon par un fonctionnaire aussi zélé qu'expert en charabia smso-djeunz.

Soit, intention louable, elle a pensé aux malheureux non-comprenants qui ignoreraient le charabia smso-djeunz et pour qui il faut décidément mettre les points sur les « i » des anglicismes.

Peut-être aurait-il plutôt fallu donner, après l'astérisque, une traduction français>charabia du verbe « se lover ». :)

 

Quoi qu'il en soit, bonne fête aux mamans.
Et aux papas, au cas où je ne trouverais pas, d'ici le 21 juin,
de réclame qui les love, astérisque à l'appui.

 

 

** À moi d'astérisquer le tout pour le tout :
Ce blog emploiera des termes moins éculés que « réclame » quand les publicitaires cesseront de nous prendre pour des imb... seront eux-mêmes passés à des méthodes plus élovuées.

28 février 2015

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (21) - Genre d'impression

Moi qui pensais avoir fait l'acquisition d'une imprimante femelle...

2015-02-28 Imprimante (Small).png

Pas grave, dès lors qu'il imprime.

09 février 2015

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (21) - Grosse fatigue

Cher Jeune Traducteur Inexpérimenté et ignorant l'existence de tout un monde entre le Périf et les frontières de l'Hexagone que je néglige de secouer de ta torpeur ces derniers temps, sache que la presse quotidienne régionale est une mine d'informations. Je te recommande de la lire à l'occasion. Grâce à elle, tu découvriras notamment des initiatives innovantes, des entreprises créatrices d'idées et d'emploi, brefs d'intéressants prospects ou contacts, surtout si tu es installé dans la région concernée ou si tu as des affinités particulières avec elle.

Le business plan de l'entreprise évoquée dans l'article que j'ai sous le nez vise un objectif ambitieux : la « perfection des langues ». Oh oh, dressage d'oreille et remuage de truffe de la part de la traductrice-cocker-éponge. Credo annoncé dans le chapeau de l'article : la fiabilité. Chouette ! « Dans toutes les langues, assurée par des "traducteurs natifs" [ici : deux mots, dont un que je laisse dans un premier temps de côté en vue de recherches terminologiques], partout dans le monde ».

Article lu, site de l'entreprise visité et recherches terminologiques faites, je complète le blanc pour ne pas te soumettre à un suspens trop insoutenable, Jeune Traducteur Inexpérimenté réjoui à l'avance d'en savoir plus sur cette success story (oui, ce billet a entrepris lui aussi d'atteindre à la perfection des langues, en commençant par les mélanger). Les deux mots manquants sont : « et bénévoles ».

Car l'initiative mise en exergue dans cet article que nous livre une PQR aussi républicaine qu'orientale consiste à mettre en relation, gratuitement, lesdits traducteurs natifs et toute personne cherchant à rendre un texte dans une langue étrangère sans rencontrer les écueils de la traduction automatique. Youpie.

Vite, testons. Je consulte les demandes et réponses déposées en ligne et tombe sur celles-ci, entre autres du même style :

Q. : When are you tired.

R. : Quand vous êtes fatigué.

Je vais me recoucher, moi.

 

Cher Traducteur Inexpérimenté mais désireux de bien faire, sache que des forums d'entraide gratuite entre traducteurs, mettant en relation des professionnels de langues maternelles diverses pour éclaircir leurs doutes sur des termes, des expressions, des notions, etc., cela existe. Idem pour les questions administratives, fiscales, juridiques, etc. qui tracassent tout travailleur indépendant. Pour accéder à ces forums, il suffit d'avoir cette attitude professionnelle qui consiste à adhérer à une association ou à un syndicat de traducteurs et/ou d'interprètes (ou à plusieurs d'entre eux), selon son domaine d'activité :

- Association des traducteurs-adaptateurs de l'audiovisuel (ATAA)

- Association des traducteurs littéraires de France (ATLF)

- Société française des traducteurs (SFT)

N'oublie pas non plus ton association d'anciens élèves d'école de traduction, si tes fonds de baggy sont passés par là !

Sur ces forums, des dizaines de collègues t'apporteront leur appui bénévole. Et fiable.

16 octobre 2014

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (20) - L'importan, s'est d'essayé

« Parce que l’orthographe est le 1er critère de jugement [...]
S’attacher les services d’un spécialiste s’avère indispensable. »

On ne peut qu'approuver, voire être séduit par la présentation en ligne de cette agence de traduction !

L'ennui est qu'elle fait débuter une autre page de son site par ceci :

« Il existe un grand nombre de logiciels de [...],
nous avons essayer réunir les principaux dans cette liste. »

C'est d'autant plus ennuyeux que l'agence propose aussi des services de correction, en rappelant à juste titre que :

« Une seule erreur suffit à décrédibiliser un travail de longue haleine. »

 

Ce blog abonné aux coquilles et autres fautes d'étourderie ferait bien de ne pas trop se gausser.  Et de publier quelques billets de fond au lieu de céder à cette périlleuse facilité qui consiste, comme sur le site de cette agence, à reproduire les bourdes des autres sans voir les siennes. :)

 

 

 

06 juin 2014

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (19) On le leur a dit, pourtant.

On le leur a dit, pourtant. On, c'est notamment la SFT. On, enfin, la SFT, le leur a même dit en plusieurs langues, dans les différentes versions de sa brochure Traduction, faire les bons choix.

On leur a dit que, pour une entreprise, faire traduire n'importe comment sa communication ou d'autres documents dont dépendent son image et sa réputation, cela peut coûter très cher.

Eh bien, non, certains persistent, alors même qu'ils ont d'amples moyens à leur disposition. Une traduction qui ne reflétait pas la réalité et risquait donc d'induire la clientèle en erreur vient d'entraîner une amende de plusieurs centaines de milliers de dollars pour une marque que je ne citerai pas. C'est dans le magazine 60 Millions de consommateurs du mois de juin 2014 (page 21).

Attention, nuance et pas de haro sur les traducteurs. Si traduction pécheresse il y a (allez savoir si elle n'a bon dos, la traduction), ce peut être effectivement parce qu'on a fait appel à la mauvaise personne, et qu'on n'a pas mobilisé les compétences ad hoc pour s'en apercevoir. Mais ce peut être aussi parce qu'on a confié le travail à des personnes non qualifiées, ou bien que celles-ci sont passées derrière le travail d'un professionnel pour le saboter joyeusement. Une virgule suffit, parfois... La multiplication d'intermédiaires qui privent le traducteur de contact avec le donneur d'ouvrage est peut-être en cause aussi. Dans tous les cas, l'entreprise ou sa boîte de com n'ont sans doute pas accordé à la traduction l'importance qu'elle méritait, elles ne l'ont sans doute pas reconnue à sa juste valeur. Elles n'ont n'a pas lu les brochures de la SFT.

On le leur avait dit, pourtant.

Remarquez, une bonne suite de bourdes peut vous détruire une image de marque, mais pourquoi s'en priver si elle vous procure une réputation de grands comiques ? Comme avec ce classique, extrait de la brochure Faire les bons choix (sans rapport avec l'affaire signalée par 60 Millions) :

Un fabricant allemand de pipes a voulu adapter son message en français : « En 1848 dans le première manufacture des pipes allemand on produit des pipes de tabac par des bois choisies pour les jouisseurs dans tout le monde... » Son slogan : « 5 générations de faiseurs de pipes par passion ».

23 mai 2014

Je traduis, tu traduis, ils traduisent ? (18) Le Monde du foutage de gueule

Une fois de plus, un quotidien visant un public censé être éclairé mais pas spécialement révolutionnaire fait l'apologie d'un délit. Paradoxe : ce journal pourrait lui-même en être victime. Il est probable que dans ce cas, sa direction et ses journalistes adopteraient un point de vue, disons, plus conservateur.

Le délit en question consiste à intervenir sur une œuvre de l'esprit, protégée à ce titre par le droit de la propriété intellectuelle, et ce, sans autorisation de ses auteurs et autres détenteurs de droits.

Par « intervenir sur », j'entends se l'approprier, la manipuler, la modifier et la diffuser sous une forme piratée et, souvent, abîmée (sans qu'on puisse lui appliquer de taxe sur la valeur retirée, qui reste à inventer). Les personnes qui se livrent à cette activité ne sont pas payées. Elles s'en font une gloire. Je m'étonne que, si elles sont aussi compétentes qu'elles l'affirment, elles ne tentent pas d'en faire leur métier, au lieu de le faire sur leurs heures de sommeil, ce qui doit les transformer en zombies pendant leurs heures de travail rémunéré de prof, informaticien, journaliste... Je suggère à ceux qui, dans la presse, transforment ces personnes en Robins des Bois, ne soient pas payés non plus et renoncent aux autres avantages de leur profession.

Ce délit s'appelle « contrefaçon » (eh oui, comme pour les polos, sacs et lunettes de soleil qu'on essaie de vous fourguer de-ci de-là, quoique pas gratuitement). Outre qu'elle est passible d'amendes et de peines d'emprisonnement, cette contrefaçon peut entraîner, si les parties civiles s'en mêlent, des dommages-intérêts s'élevant à des centaines de milliers d'euros. Même si on n'est pas solvable, ça fiche mal.

Pour ma part, je respecte le droit d'auteur et m'abstiendrai donc de reproduire ici le dernier article consacré par ce journal à ce délit, qu'il semble avoir pris goût à encourager. Alors que le droit de citation m'y autorise, je m'abstiendrai même d'en reproduire le moindre paragraphe.

Vous avez sûrement mieux à faire que de lire cette apologie. Par exemple, télécharger illégalement le dernier épisode de votre série télé favor... euh, non, je m'égare.

 

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Quelque temps plus tard : ah ben voilà, l'Ataa réagit.